Calendar icon
Thursday 08 May, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

[Focus] L'aquaculture cherche son cap

image

La mer est toute proche, mais dans la petite ville côtière de Kayar au Sénégal, une partie de la production de poissons provient d'une ferme piscicole implantée dans les terres.
Khadidiatou Sar Seck, fondatrice de la structure il y a une quinzaine d'années, fait figure de pionnière dans ce pays ouest-africain où le poisson et la pêche font partie de l'identité nationale.
Le poisson représente plus de 70% des apports en protéines des foyers et la pêche ferait vivre directement ou indirectement environ 600.000 personnes sur une population de 18 millions.
Mais la ressource, qui semblait intarissable il y a quelques années, se raréfie sous l'effet de la surpêche, de la pêche illégale et du réchauffement climatique.
Le volume des captures par pirogue a diminué de 58% entre 2012 et 2019, dit l'ONG Environmental Justice Foundation (EJF) dans un rapport. Dans le même temps, les exportations de produits de la pêche ont presque quadruplé. Pour les Sénégalais, les prix augmentent et un aliment essentiel est de moins en moins abordable.
Presque pas un jour ne passe sans que ne soit rapporté le départ d'une embarcation de migrants, une interception ou un naufrage entre le Sénégal et les Canaries, porte d'entrée de l'Europe. Beaucoup sont des pêcheurs ou des habitants des localités qui bordent l'océan Atlantique et dépendent de la pêche.
Face à une situation qui émeut l'opinion, les autorités disent vouloir promouvoir l'élevage de poissons et attirer les investisseurs.
- Retard en Afrique -
"Notre objectif est que l'aquaculture puisse contribuer grandement à la production halieutique au niveau du pays et aider à parvenir à la souveraineté alimentaire", une priorité du président Bassirou Diomaye Faye, a déclaré la ministre de la Pêche Fatou Diouf en septembre lors d'une conférence sur l'aquaculture durable à Dakar.
Malgré son immense potentiel, l'Afrique assure environ 1,9% de la production aquacole mondiale, très loin derrière l'Asie (91,4%) selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié en 2024.
L'aquaculture est pratiquée au Sénégal depuis très longtemps mais n'a jamais connu de succès. Malgré la création en 2006 d'une agence dédiée, l'activité fournit à peine 1% de la production halieutique du pays, soit 1.804 tonnes en 2023, dont 56,8% d'huîtres, 26,5% de poissons, 12% d'algues et 4,3% de moules.
Les difficultés s'amoncellent pour ceux qui se lancent dans l'activité. Les Sénégalais ne connaissent pas le produit, il est difficile d'avoir des souches de qualité, l'alimentation pour les poissons d'élevage coûte cher et doit être importée, l'accès au foncier est un défi, la commercialisation est compliquée, énumère Mme Seck près de bassins où s'agitent des milliers de clarias et tilapias.
Ses produits sont écoulés en vente directe aux particuliers, à des grossistes ou à des poissonneries.
Samba Ka, directeur de l'agence nationale de l'aquaculture, a de grandes ambitions. "Tout est possible si les investissements et les partenaires suivent", estime-t-il.
"Il faut que tout le monde s'implique, faire des foires, des ateliers culinaires, inviter des chefs, pour qu'on sache que c'est quelque chose qui est consommable, qui est bon pour la santé et nutritivement", dit-il.
- Ambitions -
L'agence espère une production de 65.000 tonnes en 2032 et la création d'environ 50.000 emplois.
Dans son vaste hangar à une centaine de kilomètres au sud-est de Dakar, Demba Diop s'est spécialisé dans la production d'alevins, jeunes poissons destinés à l'élevage et maillon essentiel de la chaine.
Il a du "partir de zéro" et puiser dans ses fonds propres pour créer sa ferme car les banques ne lui faisaient pas confiance, connaissant peu l'activité, explique-t-il. Les autres barrières sont le coût des aliments et la disponibilité des alevins de bonne qualité, tous deux importés d'Europe, dit-il.
Sur le quai de Soumbedioune, à Dakar, où les pêcheurs hissent leurs pirogues colorées sur la grève, Olivier Gomes, 36 ans, exclut de se tourner vers l'aquaculture. "Nous avons assez de poissons dans nos mers mais malheureusement, ce sont les chalutiers étrangers qui nous en privent", dit-il.
Il note aussi une différence de goût avec les poissons de mer, et craint une concurrence sur les prix. Il se voit prendre la route de l'exil vers l'Europe pour gagner plus d'argent.
Au contraire, Alioune Badara, ancien pêcheur de 54 ans qui a vécu quelques années en Europe avant de revenir, est tenté. "Aujourd'hui, il n'y a plus de poissons dans la mer. Si on m'accompagne financièrement dans la pisciculture, ça m'intéresse beaucoup, en complément de mon activité agricole", assure-t-il.
Auteur: AFP
ESABAT banner

Comments

  • image
    Pulsar il y a 7 mois

    Un article qui devrait recueillir des milliers de commentaires/avis tant il est interessant et touche une problematique d'interet national. Mais on prefere epiloguer sur des sujets relatifs aux faits-divers.. :)

  • image
    il y a 7 mois

    Il faut commencer par bien protéger nos ressources naturelles au lieu d'engager des projets qi coutent chers et qui ne régleront pas nos problèmes. Pendant que nous lançons cette initiative partout les ressources naturelles ont la cote au niveau porte feuille et santé. Dans les pays organisés els poissons élevés doivent être étiquetés poissons d'élevage, les autres étiquetés poissons sauvages. C'est le cas dans les pays européens.

  • image
    Adada il y a 7 mois

    L'aquaculture dans une presqu'île....de l'océan Atlantique c'est le comble. Bou len niou fonto on veut Le poisson sauvage que Dieu nous a permis d'avoir. L'aquaculture c'est la porte aux OGM. L'aquaculture ne remplacera jamais la mer. En occident le poisson élevé coûte nettement moins cher que le poisson sauvage. La qualité n'est point la même. On ne peut pas être entouré par la mer et devoir élever des poissons pour vivre car d'autres nous pillent Il faut mettre fin aux contrats de pêche qui nous empêchent de nous nourrir comme il faut. On doit avoir accès à nos poissons en abondance Tous les pays lucides font des réserves. Les occidentaux limitent la pêche sur leurs côtes. L' Inde garde son riz et nous nos poissons c'est pour les autres d'abord Adada !

  • image
    reply_author il y a 7 mois

    Je suis en partie d'accord avec vous, cependant il faut tenir compte de la situation nouvelle marquée par le changement climatique qui peut entraîner une redistribution dans l'espace et dans le temps des espèces halieutiques, donc pour ne pas être pris de court, il faut envisager le développement de l'aquaculture durable en tenant en compte bien sûr de certains aspects liés à la biosécurité. L'aquaculture doit être à la pêche ce qu'est l'aviculture à l'élevage.

  • image
    reply_author il y a 7 mois

    Pour ton info , les poissons de la mer sont maintenant remplis de micro plastiques....Il faut faire des recherches

  • image
    PROVALE-CV il y a 7 mois

    Article intéressant mais loin d'être complet car le Promoteur Demba DIOP a bénéficié de l'appui du PROJET PROVALE-CV à hauteur de centaines de millions sans compter l'accompagnement. le même projet est partenaire privilégié de l'ANA avec qui il a réalisé plusieurs fermes aquacoles dans 8 régions du Sénégal. le problème principal c'est la disponibilité des aliments.

Participer à la Discussion