Namibie: Nandi-Ndaitwah sur le point d'être la première femme investie présidente
Rareté sur le continent, Netumbo Nandi-Ndaitwah doit être investie vendredi présidente de la Namibie, une première dans la jeune histoire du pays d'Afrique australe, après la confirmation devant les tribunaux de sa victoire aux élections chaotiques de fin novembre.
Cette femme de 72 ans, issue du parti historique au pouvoir, doit prêter serment dans la capitale Windhoek, au cours d'une cérémonie à laquelle les chefs d'Etat voisins de l'Angola et de l'Afrique du Sud doivent entre autres assister.
A la tête de ce pays désertique riche en uranium depuis son indépendance en 1990, sa formation, la Swapo, a poursuivi son règne à l'issue d'élections confuses, prolongées toute la nuit dans un flou total puis officiellement de deux jours supplémentaires dans quelques bureaux de vote choisis.
Le rejet du recours de l'opposition le mois dernier permet à Netumbo Nandi-Ndaitwah de s'inscrire un peu dans les pas d'Ellen Johnson Sirleaf, élue présidente du Liberia en 2006, alors une première sur le continent.
Sera particulièrement scrutée la politique étrangère de cette militante exilée à Moscou du temps de la lutte pour la libération, quand l'Afrique du Sud de l'apartheid occupait le pays.
En tant que ministre des Affaires étrangères, "NNN", comme elle est surnommée, avait vanté les "bonnes relations historiques" avec la Corée du Nord, un commentaire rare sur la scène diplomatique internationale.
- Hydrogène vert et bassin d'Orange -
Autre enjeu de son mandat: l'hydrogène vert. L'immense potentiel en énergie solaire et éolienne de la Namibie en fait un eldorado en la matière. Seulement, la nouvelle présidente a exprimé ses doutes sur la filière, d'après des informations de presse.
En parallèle, des missions d'exploration en cours dans le bassin du fleuve Orange (sud-ouest) multiplient les découvertes de gisements de gaz et de pétrole. Ils représentent un espoir de doper une croissance de 3,5% l'an passé laissant largement de côté les jeunes, frappés par un chômage massif: 44% des 18-34 ans en 2023.
La cacique du parti historique au pouvoir, a encore répété cette semaine sa promesse de campagne de "créer au moins 500.000 emplois" dans "les cinq prochaines années" dans une interview à la chaîne sud-africaine SABC.
Cet objectif colossal, rapporté aux trois millions d'habitants, doit être atteint par un investissement de 85 milliards de dollars namibiens (4,3 mds euros) dans plusieurs filières identifiées comme l'agriculture, la pêche ou les industries créatives et sportives.
"Ils ne mentionnent pas d'où viendrait cette somme", relève auprès de l'AFP Henning Melber, chercheur à l'Institut nordique de l'Afrique d'Uppsala (Suède), soulignant que le budget annuel de 100 milliards "manque déjà de fonds pour les services sociaux, les infrastructures, la santé et l'éducation".
Désignée ce mois-ci présidente du parti par acclamation "dans le but de la renforcer", selon Henning Melber, Netumbo Nandi-Ndaitwah est "en résumé une femme détenant tous les pouvoirs au sein du parti et de l'Etat".
Son poste de vice-présidente de la Swapo est laissé vacant et il "semble également possible que le poste de vice-président du pays soit abandonné", ajoute Henning Melber. Ce dernier avait été créé récemment par l'ex-président Hage Geingob, mort il y a un an, et à qui son vice-président Nangolo Mbumba avait succédé.
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