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Thomas Sankara, un héros africain

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Thomas Sankara, un héros africain

Qui se souvient de Thomas Sankara, ce jeune capitaine burkinabè qui prit le pouvoir en 1983, à 33 ans, et mourut assassiné par son bras droit quatre ans plus tard ? Sa défense passionnée de l’Afrique et de ses capacités à se développer par elle-même ont marqué plusieurs générations d’Africains, au-delà des frontières de son Burkina Faso natal.
Plus de 30 ans après sa disparition, le personnage fascine par sa fraîcheur et par son verbe. Anti-impérialiste, révolutionnaire pragmatique, féministe et écolo avant l’heure : dans les imaginaires africains, le capitaine burkinabè occupe toujours une place un peu spéciale. Aux côtés de Nelson Mandela ou de Patrice Lumumba, il est entré au panthéon des héros africains qui fascinent toujours la jeunesse.
« Capitaine Thomas Sankara », bande annonce documentaire, 2015
La légende de Thomas Sankara s’est forgée par l’image. Les photos qui le montrent à vélo ou une guitare électrique à la main ont fait le tour du monde.
Arrivée du président Thomas Sankara à la parade militaire commémorant le deuxième anniversaire de la "révolution" en août 1985 à Ouagadougou.
Une autre image, celle du jeune capitaine se déplaçant en R5 dans les rues de Ouagadougou, a frappé les esprits. Le révolutionnaire ne faisait pas de compromis avec la rigueur et l'intégrité personnelle. Fidèle à sa ligne de conduite, il avait vendu les Mercedes de fonction de l'État pour les remplacer par des Renault 5 bon marché, qui figuraient en bonne place lors des défilés militaires.
Le Slogan
Les paresseux… à bas
Les mauvais maris… à bas
Les magouilleurs… à bas
L’impérialisme… à bas
Le colonialisme… à bas
Vive la révolution
Sacrifices pour une révolution, reportage de la TSR, 1984
Secrétaire d’État à l’Information en 1981, Premier ministre en janvier 1983, Thomas Sankara n’est pas inconnu quand il prend le pouvoir le 4 août 1983. Au début des années 1980, le pays connaît une succession de coups d’État militaires et, avec son ami Blaise Compaoré, le jeune capitaine incarne l’aile "progressiste" de l’armée.
Le révolutionnaire
Thomas Sankara est reçu à La Havane (Cuba) par Fidel Castro en septembre 1984
Sous sa présidence, le Burkina Faso ne contracte plus de prêts avec le FMI, dont il rejette les conditions, jugeant la dette contractée par les pays africains comme un frein au développement et historiquement illégitime. C’est le grand combat de Thomas Sankara qui le fait connaître dans le monde entier.
À Addis Abeba, en 1987, trois mois avant son assassinat, il prononce un discours devant l’Organisation de l’unité africaine (l’OUA, ancêtre de l’Union africaine) dans lequel il appelle les pays africains à s’unir. "Si le Burkina, tout seul, refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence", lance-t-il à la tribune.
Ses quatre années de pouvoir ont aussi une face sombre. Thomas Sankara crée, à la suite du coup d’État qui le porte au pouvoir, des Comités de défense de la révolution (CDR), inspirés de la révolution cubaine. Formés de militants fidèles, ils sont chargés de mettre la révolution en marche mais aussi de surveiller la population. Cette facette de son régime crée de fortes tensions, notamment quand les professeurs sont révoqués, ou quand les syndicats et les partis d’opposition sont réprimés, parfois très brutalement. À cette période, lors des élections, le vote n’est pas secret et s’effectue en public.
Le bâtisseur
 
Une famille de paysans burkinabè défile sur un tracteur en août 1984
Thomas Sankara veut construire une économie qui ne dépend plus de l'aide extérieure. En 1983, il interdit l’importation de fruits et légumes afin d'inciter les commerçants à se fournir localement. Le capitaine engage également une réforme agraire qui va rapidement porter ses fruits.
La production agricole nationale augmente significativement et, en 1986, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies, Jean Ziegler, estime que "le Burkina Faso est devenu alimentairement autosuffisant".
Pour lutter contre la pauvreté, il engage un plan de lutte contre l’analphabétisme qui fait passer le taux de scolarisation de 6 % à 24 % sous sa présidence. En 1985, à la demande de l’OMS, il organise une campagne de vaccination qui, en quelques semaines, permet à 2,5 millions d’enfants d’être vaccinés contre la rougeole, la méningite et la fièvre jaune.
L’anticolonial
Visite mouvementée du président François Mitterrand à Ouagadougou en novembre 1986
"La politique africaine de la France, je la trouve très française", avait-il un jour déclaré. Pendant ses quatre années au pouvoir, l’homme pressé ne respecte guère les usages diplomatiques. En 1986, lors de la visite de François Mitterrand au Burkina Faso, il critique publiquement, devant son hôte, l'accueil en France des dirigeants de l’Afrique du Sud encore régie par le régime de l’Apartheid. Thomas Sankara suscite à nouveau la colère de Paris lorsqu’il appelle à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie quelques semaines plus tard.
Le féministe
Des jeunes femmes lors du 30e anniversaire de l'assassinat de Thomas Sankara en octobre 2017 à Ouagadougou
En 1983, Thomas Sankara nomme trois femmes sur vingt-deux ministres dans son gouvernement. Dès ses premiers pas à la tête de l’ex-Haute-Volta, il s’engage pour la promotion des droits des femmes.
En 1984, il décrète une "Journée des hommes au marché" pour que les maris connaissent le prix et la valeur des aliments. Thomas Sankara avance aussi l'idée d'un "salaire vital", prélevé sur le salaire de l'époux pour le reverser à l’épouse.
Cette disposition ne sera pas vraiment appliquée mais le président met fin à la dot, aux mariages forcés (en instaurant un âge légal), interdit l’excision, et tente de s'opposer à la prostitution et à la polygamie.
Sous sa présidence, les fonctionnaires sont incités à porter l'habit traditionnel (le faso dan fani), tissé par des femmes qui génèrent ainsi leur propre revenu.
L’écologiste
Vue de Bobo-Dioulasso, la deuxième ville la plus importante du Burkina Faso
Pour contrer l’avancée du désert et les sécheresses récurrentes, Thomas Sankara demande à chaque famille de planter des arbres sur son terrain et de cultiver un potager. Il encourage également la plantation de bandes boisées traversant le pays d’est en ouest.
Cette idée sera reprise par le président sénégalais Abdoulaye Wade en 2007, avec le lancement du projet de "Grande muraille verte", une sorte de forêt de 15 km de large qui traverse onze États africains.
Les écologistes René Dumont ou Pierre Rabhi sont invités à Ouagadougou pour élaborer un programme anti-sécheresse ou pour enseigner aux paysans burkinabè comment se passer des engrais chimiques et des pesticides de synthèse.
Soro Solo, journaliste ivoirien, animateur de l’émission "L’Afrique enchantée" sur France Inter
Pourquoi la vie de Thomas Sankara a-t-elle, selon vous, autant marqué la mémoire des Africains ?
On peut passer une nuit à égrener le chapelet des réussites et de l’impact des politiques de Sankara. En quatre ans, il a réalisé, du point de vue de l’esprit, de l’évolution des mentalités, de la prise de conscience ce que d’autres n’ont pas réalisés en 50 ans. En quatre ans, il a laissé une trace indélébile. Ce que les gens ont retenu, c’est que les hommes comme lui ne sont pas bons pour les prédateurs qui viennent piller les richesses de nos pays.
Que retient-on en Afrique, de son action et de ses discours ?
Sankara, il pensait unité africaine, pensée collective. Mais je crois que ce que la jeunesse africaine retient de Thomas Sankara, c’est quand il disait qu’il faut créer ce que l’on consomme et consommer ce que l’on crée. Je rencontre fréquemment des stylistes, des musiciens, des économistes qui me citent Sankara en modèle, car nous les Africains, nous pensons que la meilleure qualité vient toujours de l’extérieur alors que nous avons des matériaux de très bonne qualité.
Ses discours remettant en cause la légitimité de la dette des pays africains a-t-il également marqué les esprits ?
Les institutions internationales lui proposaient des coopérants techniques, des experts pour déterminer les besoins du pays. Mais il a dit : "C’est une connerie". C’est nous, les Burkinabè, qui savons où nous avons besoin de puits d’eau potable, de routes, de centres de santé. Ce ne sont pas des experts qui viennent du monde occidental, de Chine ou d’Amérique qui peuvent savoir mieux que nous-mêmes quels sont nos besoins. Ça, c’était son pragmatisme et je pense que la jeunesse qui s’inspire de Thomas Sankara en fait cette lecture. Elle aime son côté pragmatique, réaliste et aussi son côté panafricain.
Comment appréciez-vous qu’il soit parfois qualifié de "Che Guevara africain" ?
Que l’on soit occidental ou africain, on a besoin de nous inspirer de personnes qui étaient des visionnaires, des humanistes, qui voulaient s’affranchir des prédateurs. C’est ça qui parle beaucoup aux jeunes, ceux qui n’ont pas connu Thomas Sankara, mais aussi aux gens comme moi qui l’ont connu.
Nous avons tous besoin de repères, et le comparer à Che Guevara est un raccourci qui n’est pas nécessaire. C’était un homme politique qui pensait et agissait pour son peuple.
Auteur: France 24
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Comments

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    il y a 3 ans

    Son nom de famille traversera les âges, sa famille voyagera allègrement dans toute l'Afrique qu'il a aimée dans le plus grands respect.Il y en a qui voudront changer de nom de famille ou accepter de souffrir à vie,à cause de parents qui ont trahi leurs peuples... Pensez à des noms comme Bokassa,Sénégal Séko..,S.....

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    il y a 3 ans

    Sankara à jamais dans l'histoire machalah 

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    Le dernier panafricain il y a 3 ans

    Vive le Capitaine Thomas Sankara le Che africain   

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    il y a 3 ans

    La patrie ou la mort 

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    il y a 3 ans

    lE GRAND THOMAS SANKARA assasiné par son (ami) le traître campaoré resteras a jamais dans nos coeurs

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    Mandoir il y a 3 ans

    Y en a qui meurent d'autres immortels...Respect au Capitaine,Patriote,Légende bref L'africain Thomas Sankara...Ton nom surmontera positivement le Temps...

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    il y a 3 ans

    J'ai vraiment beaucoups d respect pour ces gens qui ce sont peut etre battu pour l'afrique, il faut vraiment arreter de nous souler avec l'esclavage, la colonisation, il faut oublier tout ça et avancer dans le futur. Les chinois ont été occupés et massacrés par les japonais, les juifs ont été d e génocide de l'allemagne nazi, le magreb a été colonisé par les turques et par les occidentaux, les indiens ont été colonisés et massacrés par des anglais, les juifs ont connu l'esclavage, les espagnols ont connu la colonisation arabe. Les indiens d'amerique ont exterminés une parti des indiens d'amrique. Les arabes ont battu l'empire romain d'orient. Des histoires comme ça a existé pendant toute l'histoire. Mais force est de constater il y'a que les noirs qui continuent de pleurer sur leurs sort. Toutes ces peuples que je cité ce sont battu mais on perdu et on créer leur avenir. Il faut arreter de pleurnicher. Déja si on arrete de se tuer entre nous ce sera une anvancé majour. Ce thomas sankara est ce qu'il a pris les armes contre les aenvahisseurs ? non. Au contraire on l'a vu s'exprimer parfaitement en langue de l'envahisseur.  Chaka joulou est un heros africain, cheick anta diop est un heros africain à ça façon, cheick amadou bamba est un heros africain à sa façon, lat dior...... . C'est bon ce qui nous interesse c'est le futur. On a pardonné maintenant on avance. L'afrique va travailler avec tout le monde français, russes, chinois et tout le monde.

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    Tempo il y a 3 ans

    Thomas SANKARA est un héros. Dommage qu'il soit mort trop tôt. Il était un africain fier. Il était contre l'ordre mondial établi car il savait que l'Afrique avait le mauvais rôle.... Comme Patrice Lumumba, il fallait qu'ils se débarrassent de lui avant qu'ils ne fassent des émules. Paix à son âme

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    Tempo il y a 3 ans

    Thomas SANKARA est un héros. Dommage qu'il soit mort trop tôt. Il était un africain fier. Il était contre l'ordre mondial établi car il savait que l'Afrique avait le mauvais rôle.... Comme Patrice Lumumba, il fallait qu'ils se débarrassent de lui avant qu'ils ne fassent des émules. Paix à son âme

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    reply_author il y a 3 ans

    Parfaitement en Phase avec vous mais force est de reconnaître que nous avons un devoir de reconnaissance envers ces patriotes qui aujourd'hui constituent nos repères pour éventuellement aller vers cet idéal dont vous mettez en exergue..La Chine le fait avec Mao,la France avec Degaulle,l'Inde avec Ghandi etc....Et Pourquoi pas l'Afrique avec Sankara, Cheikh Ahmadou Bamba,Lumumba!!!

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    Défenseur il y a 3 ans

    Un vrai guerrier donc une fierté 

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    il y a 3 ans

    Un vrai gentleman qui conduisait une R5 alors qu"il détenait les pleins pouvoirs, aujourd'hui certains décideurs ou cadres africains pensent que être important, c'est exhiber toute sa richesse, parfois acquise de manière douteuse. Sankara, un exemple à montrer à la jeunesse africaine.

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    il y a 3 ans

    La France doit payer les crimes qu'elle a comise en Afrique. Tros facile de dire  tourner la page et avancer. tout pays ,compagnie,individu ou organisms implique dans une corruption massive,un coups d'etat, une guerre civile doit etre banni du continent, perdre tout privilege et etre boycotte par les africains. 

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    Malaw il y a 3 ans

    C'est un puchsiste et un brigand c'est tout. Le Burkina et l'Afrique se portent mieux sans lui. 

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    il y a 3 ans

    Au contraire l'Afrique va mal cet homme  c'est un vrai patriote le Capitaine Thomas Sankara

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    il y a 3 ans

    Des Hommes comme Thomas Sankara c'est-à-dire des patriotes soucieux du bien-être de leurs peuples  dans la souveraineté et la maîtrise totales et absolues de leurs visions de leurs pays, n'auront jamais une longue vie, car la pieuvre destabilisatrice pour protéger ses intérêts utilisera toujours un bras armé pour perpéterer ses basses besognes de coups d'etats qui ridiculisent l'Afrique.

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    il y a 3 ans

    Moi, Français je me souviens, et j'ai bien étudié cet homme, un puriste dans ses idées, qui ne voyait que le bien de son pays, de son peuple sans arrière pensée de s'enrichir de passer de Capitaine à Général, pour moi c'est ce Héros Africain qui a voulu le bien pour son peuple, n'hésitant pas à se confronter avec les grands de ce monde pour le bien de ses idées et de l'avenir du Burkina. Malheureusement son compagnon de route cupide comme la plupart des dirigeants Africains corompus  qui briguent le pouvoir l'ont éliminé parfois les traitres et les assassins sont dans le premier entourage ...On connait la suite ... Pour moi la perte du Capitaine Thomas  Sankara a stoppé net  l'évolution de son Pys !!! Un exemple de vie ....

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