En prélude à la Journée nationale d’élimination du trachome, prévue le mardi 16 septembre 2025, les autorités sanitaires sénégalaises, à travers la Direction de la lutte contre la maladie, ont organisé un atelier de partage pour informer sur les avancées majeures enregistrées dans la lutte contre cette pathologie oculaire.

À cette occasion, le docteur Moutar Dieng Badiane, ophtalmologue et coordinateur du Programme national de promotion de la santé et de l’hygiène publique, a confirmé que le Sénégal a officiellement reçu de l’OMS, le 15 juillet dernier, la validation de l’élimination du trachome comme problème de santé publique.

Le Sénégal hors de la “liste rouge” du trachome

"Tous les districts du pays affichent une prévalence en dessous des seuils fixés par l’OMS, moins de 5 % pour les formes actives chez les enfants de 1 à 9 ans et moins de 0,2 % pour les cas de trichiasis trachomateux chez les adultes", a précisé le spécialiste.

Cette reconnaissance marque un tournant décisif dans la lutte contre cette maladie infectieuse, première cause de cécité évitable d’origine bactérienne dans le monde.

Une vigilance maintenue : mise en œuvre d’un plan post-élimination

Bien que cette validation représente une victoire sanitaire, les autorités insistent sur la nécessité d’un suivi rigoureux pour préserver ces acquis. C’est dans ce sens qu’un plan de surveillance post-validation a été élaboré avec la contribution de plusieurs acteurs.

Avec cette élimination, le Sénégal devient un modèle pour l’Afrique et entend partager son expérience avec les pays encore en lutte contre le trachome.

Trachome : les défis post-élimination au Sénégal

Malgré ces progrès enregistrés, des défis persistent. Le docteur Moutar Badiane a identifié plusieurs défis post-élimination. Il insiste sur l’importance d’un engagement intersectoriel renforcé, notamment des ministères en charge de l’eau, de l’assainissement, de l’environnement et de l’hygiène pour impliquer activement les communautés, éviter toute résurgence du trachome et garantir la durabilité des résultats obtenus.

Partenaire historique du ministère de la Santé, l’ONG SightSavers a joué un rôle central dans cette réussite. Khady Ba, responsable des programmes au bureau pays, a salué les progrès accomplis avant de rappeler les actions phares de l’ONG dans la lutte contre le trachome.

"Depuis dix ans, nous collaborons avec le ministère de la Santé dans le cadre de la lutte contre la maladie du trachome. Plus de 30 000 chirurgies de trichiasis ont été réalisées. Nous avons aussi formé 45 chirurgiens experts, contribuant à la résilience du système de santé et fourni 4,2 millions de doses de médicaments dans les zones endémiques sur un investissement global de deux milliards de francs CFA", explique-t-elle.

Rappelons que le trachome est une maladie infectieuse, principale cause évitable de cécité dans le monde. Extrêmement contagieux, il touche principalement les zones rurales à faibles revenus.

Après des d'années de labeur, les acteurs, qui se sont identifiés dans cette lutte, comptent célébrer cette avancée sanitaire majeure le 16 septembre prochain.