Calendar icon
Tuesday 29 April, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

France-Afrique : l'opacité des accords de defense

image

Ils ont été mis en place peu après les indépendances. Les accords de défense, souvent considérés comme bras armés de la "Françafrique", sont aujourd'hui dans une lumière inhabituelle après que le Mali eut décidé de les dénoncerIls ont été mis en place entre la France et une grande partie de ses anciennes colonies africaines peu après les indépendances il y a soixante ans. Les accords de défense, souvent considérés comme bras armés de la "Françafrique" sont aujourd'hui dans une lumière inhabituelle après que le Mali eut décidé de les dénoncer. "Le débat public français n’est pas très exigeant quand il s’agit de la transparence des institutions, notamment militaires". Quand on évoque avec lui la question des accords de défense, le chercheur Roland Marchal ne mâche pas ses mots.Pour ce spécialiste renommé des questions sécuritaires en Afrique, le manque d’intérêt, voire l’ignorance des dirigeants politiques français sur le sujet est patent. Illustration parmi d’autres, un seul des douze candidats à la dernière présidentielle, Jean Lassalle, évoquait ces accords dans son programme, promettant de les "revoir", sans entrer dans le détail.Niagale Bagayoko, présidente de l'African Security Secteur Network (ASSN) va plus loin : "Je pense que cette opacité renvoie aux institutions de la cinquième République qui ne prévoient pas l'implication, notamment du Parlement, dans les décisions de déploiement à l'étranger, quel qu'il soit". La chercheuse reconnaît que des Commissions parlementaires et sénatoriales peuvent se pencher sur le sujet mais il s'agit de "supervision confidentielle et sans aucun levier décisionnaire".Les accords de défense signés entre la France et une grande partie de ses anciennes colonies en Afrique sont pourtant un enjeu sécuritaire, financier et hautement politiques tant ils cristallisent -au même titre que le franc CFA- le rejet de l’ancienne puissance dans une partie de l’opinion publique africaine."Relations privilégiées"Au début des années 60, l’empire français se délite. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, c’est la vague des indépendances. La page de la colonisation est tournée, au moins en apparence. Dans la plupart des nouveaux Etats, une classe politique formée en France et adoubée par Paris prend le pouvoir. Certes distendu, le cordon n’est pas coupé. Les pouvoirs français et africains organisent une nouvelle distribution des cartes. La "France-Afrique" chère à l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny attaché aux "relations privilégiées" entre Paris et son ancien empire va rapidement devenir une "Françafrique" nettement plus péjorative et caricaturale à base d’officines, de cabinets occultes et de disparitions d’opposants, sur fond d’exploitation des richesses du continent.C’est dans ce contexte souvent opaque que sont signés les premiers accords de coopération militaire et de défense entre la France et une vingtaine de pays africains. "Il s’agit d’une coopération militaire élargie qui peut aller jusqu’à un appui en cas d’agression", explique Roland Marchal.A l’époque, rappelle le chercheur, la France pouvait venir en aide aux régimes nouvellement indépendants face à "de la subversion interne, des protestations intérieures, mais depuis les années 2000, en particulier sous la présidence Sarkozy, on est dans une situation où ces accords sont mis en œuvre de façon plus sélective. Ils sont aussi rédigés pour éviter que la France n'intervienne en cas de troubles intérieurs de façon systématique".En effet, en 2008, rappelle la politologue Niagalé Bagayoko, les accords bilatéraux ont tous été revus et "des cadres spécifiques à chaque pays ont été établis. Par exemple, les dispositions qui s’appliquaient au Mali et celles qui s’appliquent au Niger ne sont pas comparables. Ce n’était pas le cas avant 2008".Absence de débatS’ils ont évolué sur la forme, soixante ans après les premières signatures, les traités restent un pan important de la relation entre l’Afrique er la France. Interrogé par la Deutsche Welle, Thomas Borrel, porte-parole de l'association Survie et coauteur de l'ouvrage "L'empire qui ne veut pas mourir", explique que "en 1981, on comptait treize accords de coopérations militaires et huit accords de défense, alors qu'en 2021, 40 ans plus tard, on compte 21 accords de coopération militaire et 11 accords de défense ou accords de partenariat de défense".Thomas Borrel pointe au passage l’opacité dans laquelle ces accords sont conclus de manière bilatérale entre la France et chacun des pays concernés, soulignant le cas emblématique du Tchad où l’armée française est présente de manière quasi-permanente depuis l'indépendance du pays en 1960.En février 2019, les avions français interviennent d’ailleurs contre une colonne armée de l’Union des forces de la résistance (UFR) en route vers N’Djamena. Au nom de quoi ? "Afin d’éviter un coup d’Etat" contre le président Idriss Déby, expliquera le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.Mais Roland Marchal rappelle qu’il a fallu "qualifier cette colonne rebelle de jihadiste pour justifier cette opération qui, sinon, aurait été illégale". Et le chercheur de s’étonner à nouveau du manque total de débat au sein de la classe politique française à l’époque pour demander des explications."Ce temps-là est terminé"A ce jour, Paris dispose toujours d’environ 6.000 militaires répartis entre la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Sénégal, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad ou encore Djibouti.Le petit pays de la Corne de l’Afrique a d’ailleurs été le théâtre d’une intervention de la France en 2009 au nom de l’accord de défense signé entre les deux pays. Djibouti fait alors face à un incident frontalier avec son voisin l’Erythrée. L’ancienne colonie française, indépendante depuis 1977, demande donc de l’aide à Paris qui refuse une intervention au sol et ne s’engage pas dans des combats mais met à disposition de Djibouti ses moyens de logistique et de renseignement.Quelques années plus tôt, en 2006 et 2007, c’est aussi au nom d’accords de défense que l’armée française était intervenue en République centrafricaine au secours de l’ancien président François Bozizé. Les militaires français avaient alors repoussé les rebelles de l'UFDR (Union des forces démocratiques pour le rassemblement) et repris l'aéroport de Birao après d’importants bombardements.Cinq ans plus tard, en revanche, et alors que l’accord Paris-Bangui avait été renégocié deux ans plus tôt, le président François Hollande refusera d’intervenir pour sauver à nouveau François Bozizé menacé par la rébellion Séléka. "Ce temps-là est terminé", affirmera le chef de l’Etat français. Bozizé tombera trois mois plus tard sur fond de guerre civile.En 2013, au nom des accords de défense liant la France et le Mali, François Hollande engagera pourtant la France sous la bannière de l'opération Serval alors que le pays est sous le menace de groupes jihadistes venus du Nord. Une demande toujours forteIl est réducteur de résumer ces accords de défense à une survivance post-coloniale. Des accords similaires existent  d'ailleurs avec des pays comme les Emirats arabes unis qui n'ont jamais fait partie d'un pré-carré français.Néanmoins, la critique est omniprésente dans une grande partie de la jeunesse africaine à qui les annonces de la junte malienne s'adresse certainement en grande partie.Faut-il pour autant envisager la fin de telA défaut de les enterrer, quelles pistes d'amélioration ? Pour Roland Marchal, régler la question de l'opacité est primordial. "La réflexion de l'appareil d'Etat est permanente sur ces questions-là, assure le chercheur. Il ne faut pas penser que l'armée, la diplomatie ou les experts sont le doigt sur la couture du pantalon ! L'état-major réfléchit, il y a des notes qui circulent ! Il est effrayant que cela ne produise pas davantage de débat !" Niagale Bagayoko voit aussi la nécessité d'une évolution vers davantage de transparence : "peut-être va-t-on aller vers des définitions de cadre davantage contraintes par la perception qu'en auront les opinions publiques de différents pays. En tout cas dans les pays où elles auront la possibilité de s'exprimer."s accords ? Pour Niagale Bakayoko, c'est peu probable tant "il existe toujours une demande importante de la part des Etats africains à destination de l'étranger en terme d'assistance". Le Mali s'est évidemment tourné vers la Russie mais, rappelle la chercheuse, "la façon dont le Niger s'engage aujourd'hui avec la Turquie sur les questions militaires est aussi tout à fait intéressante".
Auteur: TV5 Monde
ESABAT banner

Comments

  • image
    il y a 2 ans

    Nathalie Yamb  Nous voulons le démantèlement des bases militaires françaises qui sous le couvert d'accords de défense bidons ne servent qu'à permettre le pillage de nos ressources, l'entraînement de terroristes, l'entretien de rébellion et le maintien de dictateurs à la tête de nos états. 

  • image
    Simple il y a 2 ans

    Pourquoi tout remettre à la France alors que rien ne peut et ne doit se faire sans notre volonté ? N'est-ce pas nos présidents qui ont signé ou pris l'engagement de "respecter" ces accords en connaissance de cause ? Quand un fruit est pourri...

  • image
    ALERTE il y a 2 ans

    Mes chers frères et soeurs, Comme je le dis depuis fort longtemps, actuellement en Afrique, une bonne partie de la population s'est affranchie des serres du colonisateur, mais bon nombre de nos dirigeants le sont encore, et de ce point de vue, ils entravent l'évolution même des générations futures en signant n'importe quoi avec ces oxy-dent-aux. Pour ce qui concerne le sénégal, ce qui me préoccupe le plus c'est la base militaire de ouakam. Réfléchissons un instant. La France est menacées sur son territoire par un conflit majeur (nucléaire) avec la Russie. La France a été occupée deux fois au cours du 20eme siècle. Elle a, à chaque fois trouvé du secours en Afrique. Je crains fort que dans le cadre des accords de défense, les français ont mis à l'abri, à Dakar (ouakam) ou qulque part au Sénégaal, une partie de leur arsenal nucléaire, histoire d'avoir une capacité de riposte s'ils essayaient une attaque sur son propre territoire. Logique NON ? Probable ? OUI TRES PROBABLE même. SI TEL EST LE CAS, je conseille au Pr Sall de sortir très, très vite notre pays de ce bourbier. Sinon, que l'on ne s'étonne pas si dans les semaines, les mois ou les années à venir que la Sénégal reçoive sa dose de missiles KALIBAR. En 14-18 nous avons payé. En 39-45 nous avons payé. ASSEZ !!!!!!!! PS / ce que je dis est valable pour tous les points d'ancrage de la France en Afrique.

  • image
    Toubab il y a 2 ans

    On comprend mal l'insistance de Macron à laisser nos soldats au Mali... certes une telle armada ne se déménage pas en 48 heures, mais quand on n'est pas invité et bienvenu quelque part, il est malvenu de s'incruster. Que la France laisse ces poltrons de maliens se demerder avec leurs djihadistes minables et avec les russes... des gens de cette catégorie ne méritent pas qu'on sacrifie une seule vie française. Que fait la CEDEAO, où est la force d'intervention africaine ?   

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    S'il n'y avait pas eu ces accords, le Mali n'existerait simplement plus.

  • image
    L'extremiste il y a 2 ans

    Je commence à avoir marre des denonciations, car nous savons tous que la France ne respecte pas les africains au point de pouvoir entretenir des relations normales avec eux. Avec elle ce sera toujours le rapport colon colonisé.  D'où les deux solutions qui soffrent à nous africains.   1 ) De talibaniser radicalement la decolonisation des pays francophones. En armant , encadrant et aidant des patriotes panafricanistes bien formés pour une terreur absolue contre la presence française en Afrique. Prendre pour cibles tous leurs industriels , leurs diplomates et militaires et commettre chez eux des ripostes qu'ils jugeront terroristes. 2) Que nous africains soyons à la base d'un nouveau pacte de varsovie devant inclure la Russie la chine , la coree du nord ,l'iran, le venezuela, le cuba, le brazil, des pays arabes entre autres autre pour faire efficacement face à l'empire colonial occidental. Ainsi toutes les bases occidentales seeont degagées de l'Afrique et nos pays pourront recevoir des missiles nucleaires orientées surtout vers la France.       

  • image
    Monnaie il y a 2 ans

    Je ne suis pas politologue ni macro économiste mais j'ai constaté que là où il y a des enjeux monnaitaires, il y a des enjeux militaires. Exemples : dollar et arméé américaine, FCFA et accords de défences militaires, France-Afrique, Pétrodollar et protection de l'Arabie Saoudite par les USA,...  Ma question : Pourquoi une dépense entre monnaie et armée?  Si un spécialiste de la question peut me répondre sans polémique ni idéologie.

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    La monnaie c'est le vrai pouvoir et les armees la defendent.   

  • image
    @toubab il y a 2 ans

    Ce sont ces plotrons de maliens comme tu dis, qui ont sauvé ton pays en 39-45 Au cas ou tu ne le saurais pas, ton gouvernement de tapète a installé à kayes au mali le siége de la banque de farance et une bonne partie de réserves en or de la france. Vous n'etes que des parasites. Les vrais poltrons ce sont les soldats de barkane qui se cachent derrière des machines pour sebattre au lieu d'aller au contact comme le fait l'armée malienne. Le probléme de l'armée française, c'est la qualité de l'élément humain. CQFD.

  • image
    @monnaie il y a 2 ans

    t'inquiète, l'euro va bientot toucher le ZERO et le CFA avec. On pourra alors parler de Catastrophe Financière Africaine !!!!!

  • image
    il y a 2 ans

    accords pour proteger les regimes ou presidents qui les arrangent

  • image
    il y a 2 ans

    Nous ne voulons plus de armées étrangères en Afrique.. si 15 armées nationales de la CEDEAO ne peuvent pas nous protéger alors là, il y'a un problème.. et il est politique...

  • image
    il y a 2 ans

    Nous ne voulons plus de armées étrangères en Afrique.. si 15 armées nationales de la CEDEAO ne peuvent pas nous protéger alors là, il y'a un problème.. et il est politique...

  • image
    il y a 2 ans

    Nous ne voulons plus de armées étrangères en Afrique.. si 15 armées nationales de la CEDEAO ne peuvent pas nous protéger alors là, il y'a un problème.. et il est politique...

  • image
    il y a 2 ans

    Nous ne voulons plus de armées étrangères en Afrique.. si 15 armées nationales de la CEDEAO ne peuvent pas nous protéger alors là, il y'a un problème.. et il est politique...

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    Si la France n'avait pas attaqué injustement la Lybie, le Mali n'en serait pas là aujourd'hui

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    Faux , la situation au Mali n'a encore rapport avec l'intervention de l'OTAN ( et non de la France) en Libye . Pour preuve, les pays frontaliers de la Libye que sont la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte, le Soudan, le Tchad et le Niger n'ont pas été désatblisés ,alors que le Mali qui n'a aucune frontière avec la Libye l'a été. Le Mali est victime de l'absence de sa souveraineté de l'Etat sur les larges parties de son vaste territoire, de sa position géostratésique, de la faiblesse de son armée, de sa mal gouvernance et des rivalitézs ethniques 

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    Toujours les mêmes messages d'apocalypse qui ne se réalisent jamais. Tout ca pour jusitifer une intervention, mais les maliens ont compris et les français ont été pris de court ! 

  • image
    reply_author il y a 2 ans

    Ces "poltrons" de maliens te surprendront, toi le vrai poltron qui se cache derrière un ordinateur.

  • image
    il y a 2 ans

    Armée Française Get Out Your Fuck'n Knee On Our Neck

  • image
    il y a 2 ans

    B­­­o­­n­j­o­­u­­­r, j­e m'a­­­p­­­p­­­e­­lle Alisia, j'ai 21 ans) Dé­bu­­t du mo­­­dèle S­E­­X­E 18+) J'a­­­ime êt­­­re photo­grap­hiée n­­u­e) Veuil­lez noter me­­­s phot­os à l'adr­­­esse su­­­iva­­nte ->> W­­­W­­­W­­.­­­X­2­­1.­­F­U­N

  • image
    il y a 2 ans

    B­­­o­­n­­j­­­o­­u­r, j­­­e m'a­­p­p­­­e­­lle Alisia, j'ai 21 a­­­ns) Dé­­bu­­t du mo­­­dè­le S­­­E­­­X­­­E 18+) J'a­­­ime êt­­­re pho­­to­­­grap­hi­­­ée n­­­u­e) V­­­e­­­u­i­l­­­lez no­ter me­s phot­­os à l'adr­­­esse su­i­­­va­­­nte - W­W­W­­­.­X­­­2­­­1.­­F­­U­N id08265426

Participer à la Discussion