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Le taux d’endettement à 70% du Pib si ancré dans les pays de l’Uemoa n’a aucune base scientifique. L’affirmation est de l’économiste, Pr Babacar Sène, enseignant-chercheur à l’Ucad. « Quand on regarde ce plafond-là, ce qu'on dit, c'est vrai, ça permet aux pays de converger, ça aide la commission de l'UMOA à avoir des critères de surveillance multilatérale. Mais il n'y a pas vraiment un fondement économique », soutient-il.
Pr Babacar Sène intervenait, jeudi 27 février, lors d’un panel organisé à l’Ucad par le Laboratoire d'Analyse des politiques de développement (LAPD) sur le thème “Politiques publiques et financement durable : le défi de l’architecture financière internationale actuelle”. Selon Sène, c’est un ancien président français qui, fatigué des sollicitations des pays africains, a demandé à son ministère de l’économie et des finances de lui trouver un argument pour motiver ses refus. C’est ainsi qu’un fonctionnaire a sorti les 70% du Pib comme plafond.
Face à la situation financière dans laquelle se trouve le Sénégal, Pr Sène soutient que le plus important à ce niveau d’endettement, c’est de faire de la consolidation. « Si on parvient à générer de la croissance et on parvient aussi à avoir un niveau de consolidation budgétaire acceptable, ça devrait permettre de régler le problème d'endettement auquel on est confronté ».
Aujourd’hui, le Sénégal a un taux d’endettement ayant franchi la barre des 100%. Mais Babacar Sène reste optimiste. « Comme je l'avais dit il y a quelque temps, la dette du Sénégal reste toujours soutenable », martèle-t-il. Une position qu’il partage d’ailleurs avec le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Abdourahmane Sarr qui a eu les mêmes mots lors de la conférence de presse du gouvernement à la suite de la publication du rapport de la Cour des comptes.
Actuellement, rappelle l’enseignant-chercheur, le ministère des Finances a projeté d'aller vers 3% du PIB en 2027. Ce qui, à ses yeux, constitue un message important envoyé aux investisseurs nationaux et internationaux. « ça permettra en réalité de stabiliser la dette à moyen terme », rassure-t-il.
Si la dette du Sénégal est toujours soutenable, comme l’affirme Pr Babacar Sène, pourquoi alors les agences de notation, Moody’s notamment, ont si fortement dégradé la note du Sénégal ?
L’économiste répond qu’il y a beaucoup de critères dans la définition de la note d’un pays. Parmi ces critères, il y a certes le ratio dette sur PIB qui a fortement progressé au Sénégal. « Mais aussi, la dégradation est liée au fait que les facteurs de gouvernance en 2023 s'étaient détériorés. Et quand vous regardez le dernier rapport que Moody’s a publié hier (rapport détaillé? de notation publié mercredi 27 février, selon Pr Sène) vous verrez que la gouvernance de 2023 a fortement impacté la notation du Sénégal sur le marché interne ».
Pas de panique donc, surtout si l’on sait que le Sénégal a aujourd’hui le même niveau de la dette que des pays comme l’Egypte et le Kenya.
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