District de Touba: La triste histoire de Soda Ndiaye et de son fils
Elle a souffert de malnutrition. Son fils aussi. Son corps porte les stigmates d’une longue lutte pour se nourrir et pour alimenter son enfant, mais ses yeux gardent une assurance calme et la volonté de s’en sortir pour son fils. Autour de la table, dans la salle de réunion du centre de santé de Serigne Mbacké Madina du district sanitaire de Touba, Soda Ndiaye, mère de 8 enfants, a raconté son histoire aux journalistes.
« Pendant ma grossesse déjà, je n’arrivais pas à bien me nourrir. J’ai toujours été fragile et aujourd’hui encore, avec mes moyens limités, je ne peux pas suivre à la lettre les conseils des médecins pour l’alimentation de mon fils », confie-t-elle, les mains serrant son enfant assis sur ses genoux, âgé d’un an et quatre mois.
Elle se souvient de cette période où le petit pleurait sans cesse. Persuadée qu’il souffrait surtout de la chaleur, elle lui donnait de l’eau. Mais son corps s’amincissait de jour en jour. C’est finalement à l’hôpital que le diagnostic est tombé : le petit était victime de malnutrition. Aujourd’hui, il bénéficie désormais d’un suivi médical régulier.
Leur histoire est semblable à celle de nombreux habitants de Touba. L’infirmière en service de santé publique (SSP), Yacine Fall, confirme que la prévalence de cette pathologie est plus sévère au niveau du district de Touba. « Elle évolue en dent de scie. En 2021, le taux était à 6,11 %. En 2022, il a un peu régressé à 3,81 %. En 2023, il a été à 5,86 %. Mais en 2024, il y a eu une certaine régression à 3,17 %. Toutefois, par rapport à ces résultats, il faut rester très prudent, car le système de santé a connu une certaine rétention des données de la part de nos partenaires syndicaux. Ce qui fait que parfois, le fait qu’on n’ait pas l’ensemble des données peut, peut-être, faire baisser la prévalence », précise-t-elle.
Selon elle, il existe des réalités culturelles qui font qu’on dit que le garçon ne doit pas téter au-delà d’un an et demi. « Ce qui n’est pas justifié scientifiquement. Que ce soit le garçon ou la fille, ils doivent être allaités jusqu’au moins pendant 24 mois. Si l’enfant est sevré brutalement et qu’il doit manger les aliments des adultes, il y a souvent des problèmes. Il peut refuser de s’alimenter et c’est ce qui peut le faire tomber dans la malnutrition », enseigne-t-elle. Avant d’ajouter : « La pauvreté fait aussi que, même si la femme est très bien informée sur la façon d’alimenter son enfant, si elle n’a pas les moyens, ce dernier ne sera pas bien nourri. »
Au-delà des déterminants, Yacine Fall a présenté les stratégies mises en place au niveau du district pour lutter contre cette maladie dans le district de Touba, qui compte plus d’un million d’habitants et 41 structures de santé (9 centres de santé et 32 postes de santé). Elle indique qu’au niveau des centres de santé, les centres de rééducation nutritionnelle (CREN) et, dans les postes de santé, il y a les unités de rééducation nutritionnelle (UREN) de prise en charge et de rééducation.
« Au niveau communautaire aussi, nous avons ce qu’on appelle les sites communautaires, avec l’appui de nos partenaires. Même dans les cases de santé, nous avons mis en place des acteurs communautaires qui font le dépistage de la malnutrition systématiquement chez tous les enfants et la supplémentation en vitamine A », avance-t-elle.
Toutefois, insiste Yacine Fall, « on n’aimerait pas arriver à la malnutrition aiguë ou à la malnutrition aiguë sévère qui va jusqu’à la complication ».
Commentaires (10)
Pas de quoi manger et elle fait 8 gosses. Ou se situe le problème
Toute la question est là ! Quand on n'a pas de quoi bouffer, il faut s'abstenir de faire des gosses.
J'imagine que t'es un mec pour raisonner de la sorte. Moi aussi j'en suis un et même si je partage l'idée de la maîtrise des naissances, je corrige ton propos: "Elle ne fait pas des gosses, quelqu'un lui fait des gosses" et, traditionnellement, au Sénégal c'est le père au de famille que revient la charge de nourrir sa progéniture. La contraception étant on ne peut plus tabou, nous pouvons nous garder de faire des reproches aux femmes, surtout si elles ne sont pas instruites dans ce domaine.
lisez "c'est au père de famille que revient la charge..."
Elle n'a pas demandé de l'aide ! Ce sont des choses qui ne doivent pas exister à Touba ! La malnutrition est une maladie d'extrême pauvreté ! Il faudrait qu'il y'ait un système d'information sanitaire visible et audible ! La santé commence par une bonne alimentation ! On peut être riche et manger pauvre et comme on peut être pauvre et manger riche ! La sœur de mon père bien qu'asmathique est encore vivante malgré ses faibles moyens ! Nous changé nos cultures alimentaires au profit d'une alimentation pauvres en nutriments et vitamines ! Sur la route de mon voyage j'ai aperçu des gamins gambadant et jouant avec un ballon fait de torchons de tissus ! Il semblaient bien portants et je me suis demandé " qu'ont ils demander au bon Dieu pour être aussi heureux"
Sant Serigne Touba rek !
La première fois que je suis allé à Touba, je suis arrivé vers 14 h ! On m'a demandé si j'avais mangé, j'ai répondu que non ! On m'a fait entré dans une chambre où j'ai trouvé un " un grand bol de thiebou dieune" qui pourrait nourrir toute une famille ! Je me suis levé les mains et je suis resté à attendre ! C'est alors l'homme qui m'avait entré dans la chambre croyant que j'ai fini de manger m'a dit " tu as bien mangé ? " J'ai dis pas encore j'attends les autres !
Il s'exclama en riant " Tout ça c'est pour toi ! " Xeweul rek barké Serigne Touba ! C'est en ce moment que j'ai commencé à manger ! Si vous aviez écrit une lettre à Serigne Mountakha Mbacké ou toute autre personne de la famille Mbacké, ils lui donneront plus de ce qu'elle espérait avoir ! Wassalam 🙏
Thiéy décky Bamba bii, gnane bii naguouna dale !
"Ils adorent ce qui peut ni les profiter ni les nuire"
Et dites moi combien de Soda N'diaye y'a t'il au Sénégal ????
Pendant ce temps .....
OH James,
Un peu de discernement s’il vous plait. Touba ne saurait se résumer aux seules demeures des familles Mbacké. ON vous dit que le district compte plus d’un millions d’âmes et apparemment on ne mange pas à sa faim dans toutes les familles. Les familles dont vous nous vendez l’hospitalité reçoivent de l’argent sans travailler y compris de la part de l’Etat qui les gave avec l’argent du contribuable. En clair, vous nous dites « ils n’ont qu’à se comporter en vrais miskins et la confrérie leur donnera à bouffer » ?
Il n'ya pas qu'à Touba où on ne mange pas à sa faim. Allez dans la banlieue dakaroise.
Dans la société traditionnelle, qui était d'économie essentiellement extractive (tout ce qu'on mangeait provenait de l'agriculture et de la cueillette/chasse) on pouvait se permettre d'avoir 8 gosses qui déjà à 10 ans commencent à être productifs (garder les bêtes, aider un peu au champ). La notion de pauvreté était vraiment relative. Aujourd'hui où tout s'achète, vous vous installez en ville (donc ne cultivez ni maïs, ni mil, ni arachide, ni niébé, etc.), vous n'avez aucun revenu, et vous faites 8 ans? (certains même en font plus). C'est de la malnutrition garantie, parce que même avant de manger mal il faut d'abord avoir de quoi manger. Ce n'est pas seulement une affaire de l'état, c'est également une affaire de responsabilité individuelle. C'est moins une affaire de nombre de CREN ou UREN que conscience individuelle.
Ngor,
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le constat. Reste à avancer sur la résolution du problème et là il y a des tabous à faire tomber. Même chez ceux qui ont des revenus, il arrive souvent que les moyens du foyer ne suffisent pas pour nourrir toute la famille nombreuse. Et ce n’est pas que la nutrition qui pose problème, l’éducation des enfants aussi devient problématique.
Il faut qu’on parle de contraception dans ce bled. Ce n’est pas que l’affaire des femmes.
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