La transformation des petits pélagiques dans les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest est une filière pourvoyeuse d'emplois. Elle contribue aussi à la sécurité alimentaire. En effet, 40 % des débarquements de la pêche artisanale sont destinés à la transformation artisanale, une filière qui emploie 7000 personnes.
Mais depuis que les usines de farine et d'huile de poisson se sont implantées au Sénégal, les acteurs de la pêche tirent le diable par la queue. Les petits pélagiques deviennent introuvables.
D'après Greenpeace Afrique, depuis que ces unités de transformation se sont installées au Sénégal, elles concurrencent drastiquement l'activité des femmes transformatrices et les marchés de consommation. C'est ainsi que depuis 2019 Greenpeace Afrique appuie les communautés de pêcheurs et les femmes transformatrices dans le cadre d'un projet dénommé Stolen Fish.
"C’est un travail que nous faisons dans le cadre du projet notre poisson. Greenpeace Afrique accompagne les acteurs de la pêche de trois pays que sont la Mauritanie, la Gambie et le Sénégal pour qu’ils puissent mieux maîtriser les textes réglementaires encadrant l’implantation des usines de fabrication de farine et d’huile de poisson dans leur pays", explique Abdoulaye Ndiaye, Chargé de campagne océan à Greenpeace Afrique.
C’est dans ce cadre que Greenpeace Afrique a initié une formation au bénéfice des membres de la Plateforme des pêcheurs artisanaux du Sénégal (PAPAS) et appuyer toutes les autres coalitions qui luttent contre les usines de farine et d’huile de poisson au Sénégal
"Depuis quelques années, les communautés dénoncent la rareté du poisson. Les données démontrent que l’état du stock de poissons baisse de plus en plus. Greenpeace avait même porté un plaidoyer en initiant une tournée appelée "Ana sama djeun". Il est ressorti de cette tournée que l’impact de cette rareté de la ressource est en grande partie dû par les usines. Vu que ses usines sont nocives pour la population puisque ça détruit les métiers des populations principalement des femmes transformatrices on s’est dit qu’il est important de renforcer la capacité des acteurs. Ses usines ont été implantées au Sénégal et dans les pays limitrophes par des promoteurs, mais est-ce qu'ils respectent les règlements des pays où ils se trouvent ?", demande Ablaye Ndiaye.
Selon Abdou Karim Sall, président de la Plateforme des pêcheurs artisanaux du Sénégal (PAPAS) ses usines ont des impacts très négatifs sur le travail des acteurs de la pêche.
"D'année en année, le stock de poisson est en train de s'effondrer et c'est dû à l'implantation des usines qui sont au nombre de 11 au Sénégal. Même nos braves transformatrices ne parviennent plus à avoir du poisson. L'émigration clandestine peut être liée par l'implantation de ses usines. La PAPAS avait alerté depuis dix ans, si on ne fait rien et qu'on laisse ces usines s'implanter nos eaux deviendront des aires liquides. S'il n'y a plus de poisson, les pêcheurs vont migrer et c'est ce qui se passe actuellement", a soutenu M. Sall.
Auteur: Khady NDOYE Correspondante Mbour
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