La guéguerre à l’Apr serait assimilable, selon l’analyste politique Momar Diongue, à une « foire d’empoignes » par télévision interposée, où les différents protagonistes issus de la même formation politique se ravissent la vedette dans l’injure et le déballage.« Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer, s’interroge-t-il, mais il y a actuellement deux foires qui battent leur plein au Sénégal. La première qui est très utile au pays et à son économie, c’est la foire internationale de Dakar (Fidak). Mais qui est malheureusement éclipsée par la seconde qui est inutile, indigne et dangereuse pour le pays et pour la stabilité de ses institutions, c’est la foire d’empoignes à laquelle se livrent les responsables de l’Apr ».A en croire l’analyste, si le parti présidentielle en est arrivé là, c’est qu’il « traîne une tare congénitale pour n’avoir pas été structuré ». « J’ai entendu une fois le Président Macky Sall dire devant ses cadres que le parti n’avait pas besoin d’une structuration mais d’une organisation. A l’arrivée le parti n’est ni structuré ni organisé » signale Diongue qui révèle les deux raisons pour lesquelles Macky Sall rechigne à structurer son parti.La première, selon lui, « c’est qu’il (Macky Sall) vit sous la psychose de la hiérarchisation du Parti démocratique sénégalais (Pds) et des crises permanentes qu’il y a eu entre son secrétaire général permanent Abdoulaye Wade et ses différents numéros 2, aussi bien lorsque le Pds était dans l’opposition que quand le Pds est arrivé au pouvoir. Il a été témoin de tout cela. Tous ceux qui ont été numéro 2 du Pds pendant la traversée du désert ont eu à en faire les frais avec Abdoulaye Wade. Une fois au pouvoir, on l’a vécu de façon beaucoup plus retentissante avec la dualité qu’il y a eu au sommet du Pds et de l’Etat entre Wade et Idy ». Ayant, en effet, profité de la disgrâce d’Idy qu'il a remplacé aussi bien en tant que premier ministre qu’en tant que numéro 2 du Pds, Macky qui a voulu éviter le syndrome Idy, « a eu le même sort ». « Il a été donc tellement marqué par ces crises entre Wade et ses numéros 2, renseigne Diongue, qu’il n’a pas voulu connaitre le même sort au sein de son parti ».La deuxième raison, d’après Momar Diongue, « c’est que chez Macky Sall, il y a la primauté de la logique de coalition sur la logique de parti, et c’est sa marque de fabrique ». « C’est tellement vrai que l’Apr est le seul parti présidentiel que je connais qui n’a jamais été seul à une élection », souligne-t-il.En effet, déclare-t-il, « créée en décembre 2008, la première élection à laquelle l’Apr a participé c’était dans le cadre de la coalition Dekkal Ngor et Benno Siggil Senegal en 2009, puis dans le cadre de Macky 2012 qu’il est allé à l’élection présidentielle au premier tour, avant que cette coalition ne se mue en Benno Bokk Yaakar. Depuis lors, c’est sous la bannière de Benno qu’ils sont allés aux élections quelle que soient la nature de celles-ci ».