La Guinée est en deuil, après un glissement de terrain tragique survenu dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 août à Manéah, dans la préfecture de Coyah. Ce drame, survenu aux alentours de 20 h, à la suite de fortes pluies, a coûté la vie à au moins 15 personnes, dont plusieurs membres d’une même famille.

La catastrophe s’est produite dans une zone résidentielle densément peuplée. Au total, 17 bâtiments ont été engloutis sous des tonnes de terre et de débris, piégeant de nombreuses familles dans leur sommeil. Les récentes pluies diluviennes, qui ont fragilisé le sol de la région, sont pointées du doigt comme facteur déclencheur du glissement.

Un lourd bilan humain

Les équipes de secours ont été mobilisées dès les premières heures. Après plusieurs heures de fouilles, 15 corps sans vie ont été extraits des décombres, les deux derniers retrouvés peu avant 13 h 10. Des blessés ont également été recensés, certains dans un état critique, transférés vers les structures sanitaires de la région.

Le Premier ministre sur le terrain

Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, s’est rendu sur les lieux pour constater l’ampleur des dégâts et apporter le soutien du gouvernement. « Au nom du président de la République et de l’ensemble du gouvernement, je présente mes sincères condoléances à toutes les familles éplorées », a-t-il déclaré.

Il a salué l’intervention rapide des secours, tout en soulignant que le bilan aurait pu être bien plus dramatique sans certaines mesures préventives. « Heureusement que nous avions insisté pour que la décharge située derrière soit déguerpie. Sinon, aujourd’hui, nous aurions pu faire face à une catastrophe encore plus dramatique », a-t-il précisé.

« Une responsabilité collective »

Le chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots quant aux causes profondes de ce drame. Il a dénoncé la construction anarchique dans des zones à risque, en appelant à une prise de conscience collective : « Construire là où l’eau passe, dans d’anciens lits de rivières ou au pied des montagnes, c’est mettre en danger sa famille et soi-même. »

Il a promis des mesures strictes pour réguler l’urbanisation et a plaidé pour une nouvelle politique d’aménagement du territoire : « Les pouvoirs publics détermineront désormais les zones constructibles à travers tout le pays. Une catastrophe doit être anticipée. »

Témoignage d’un survivant : « J’ai tout perdu. »

Parmi les rescapés, Ibrahima Sory Camara, un jeune vigile de Coyah, a livré un témoignage bouleversant : « J’ai perdu six membres de ma famille dans ce glissement, dont mon père, ma mère et mes quatre frères et sœurs », confie-t-il, les yeux rougis par les larmes.

Il raconte comment leur maison de trois étages, qui abritait également des locataires, s’est effondrée en quelques instants. Depuis, il participe aux fouilles, le cœur lourd, dans l’espoir de retrouver au moins les corps de ses proches. Mais l’espoir s’amenuise à mesure que les heures passent.

Une tragédie de plus, un signal d’alerte

Ce glissement de terrain vient rappeler la vulnérabilité des zones urbaines mal planifiées, notamment face aux aléas climatiques de plus en plus extrêmes. Il met aussi en lumière l’urgence d’une action gouvernementale concertée pour protéger les populations et prévenir de nouveaux drames.