Le Bénin a fait part de ses inquiétudes, jeudi, concernant la récente décision du Gabon d'interdire aux non-ressortissants de diriger des petites entreprises.

Il a annoncé avoir pris connaissance sur les réseaux sociaux "de menaces et actes d'intimidations envers la communauté béninoise au Gabon à la suite de l'attribution de places de marché dans la province de Lambarané", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Cette déclaration intervient après la décision du gouvernement gabonais annoncée mardi en Conseil des ministres d'étoffer sa liste des métiers exclusivement réservés aux nationaux, interdisant notamment aux étrangers d'exercer certains métiers du secteur informel, tels que le commerce de proximité, la réparation d'appareils ou la coiffure et les soins esthétiques de rue.

"Dans le prolongement des actions engagées pour renforcer la souveraineté économique et promouvoir l’entrepreneuriat national, notamment celui des jeunes, le Conseil a décidé de réviser la réglementation sur les métiers réservés aux nationaux afin d’en garantir l’exercice exclusif par les Gabonais", a annoncé Laurence Ndong, porte-parole du gouvernement.

Parmi les secteurs concernés : "les secteurs émergents tels que le commerce numérique et l’entrepreneuriat moderne" mais également certains métiers du commerce informel, un secteur qui "échappe souvent au cadre légal et pénalise les entrepreneurs nationaux, en particulier les jeunes et les femmes", selon le gouvernement.

Les métiers suivants sont désormais interdits aux étrangers au Gabon : "commerce de proximité, envoi d’argent non agréé, réparation de téléphones et petits appareils, coiffure et soins esthétiques de rue, orpaillage artisanal non autorisé, intermédiation informelle dans l’achat de récoltes, exploitation de petits ateliers ou machines de jeux sans enregistrement".

"Ces réformes visent un objectif central : offrir aux Gabonaises et aux Gabonais, et en priorité à la jeunesse, les moyens de leur autonomie économique, condition essentielle pour éradiquer durablement la pauvreté", assure le communiqué qui indique que "des rapports réguliers seront exigés pour en assurer l’application effective".

Longuement discutée sur les réseaux sociaux, cette décision gouvernementale a été saluée par une partie de la population en ligne et décriée par une autre qui dénonce une mesure "xénophobe".

"Haro sur le petit commerce informel par des étrangers ! Les marchés publics eux, payés par le contribuable, continuent à être attribués aux entreprises étrangères à capitaux étrangers. Le petit étranger, parfait bouc émissaire d'un pouvoir sclérosé !", a publié sur la plateforme X, l'opposant Alain-Claude Bilie-By-Nzé.

Le gouvernement béninois invite ses ressortissants "à la sérénité et à la retenue" et annonce prévoir en coordination avec les autorités gabonaises "une mission d'identification et de recensement des Béninois candidat au retour volontaire".