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Ndèye Fatou Kane, autrice : « Il est vrai que je suis atteinte d’un complexe d’Œdipe dont je ne guérirai sans doute jamais »

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Ndèye Fatou Kane, autrice : « Il est vrai que je suis atteinte d’un complexe d’Œdipe dont je ne guérirai sans doute jamais »

Elle est la preuve vivante que le rapport qu’une fille entretient avec son père la suit jusque dans l’au-delà. La doctorante en sociologie du genre vient de publier un livre hommage à son père, Mamadou Tidiane Kane aux Éditions l'Harmattan. Intitulé Au nom d'un père, c'est son troisième livre personnel et son sixième livre en tout.
Comment vous est venu ce titre ?
Je cherchais un titre percutant, qui fasse tilt, et qui retienne l’attention du lecteur qui le verrait. Au nom d’un père est donc un hommage à un père, pas n’importe quel père, mon père, qui a plus que rempli ses prérogatives de père, et qui, plus que quiconque, mérite d’être immortalisé à travers un livre.
05-10-2021, 05-10-2022.Qu’est-ce qui a changé entre temps depuis cette date où votre vie a réellement connu ‘une cessation de mouvement’ ?
Beaucoup de choses ont changé dans ma vie depuis le décès de mon père. Je me rends compte, avec le recul, que j’ai mis beaucoup de moi dans ce livre, des choses que j’avais peur d’avouer, mais que j’avais surtout peur de m’avouer. Ce qui explique le fait que j’ai été en surmouvement si je puis-je dire, étant dans la performance perpétuelle pour ne pas me poser et penser à ce vide laissé par sa disparition (physique). Mais à un moment, le corps et l’esprit mettent le holà. D’où le fait que je dis que j’ai brusquement été en cessation de mouvement.
Le deuil occupe une place centrale dans ce roman que cela soit votre frère Baba ou encore MTK. L’écriture était-elle un moyen pour enfin vous permettre de mettre à nu vos émotions ?
Cette mise à nu était nécessaire, car à un moment donné, j’avais besoin de sortir ce trop plein d’émotions et de le mettre quelque part. Car le deuil est cyclique et est un phénomène qui nous prend n’importe où, n’importe quand. S’il y a bien une chose que j’ai appris en l’ayant expérimenté deux fois d’affilée, c’est que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse, au contraire, on peut s’en servir pour renaître. Et j’ai l’impression qu’avec l’écriture de ce livre, une nouvelle “moi” est née et ne demande qu’à faire ses preuves.
A la page 15 de votre œuvre, vous dites que la dernière chose que vous ayez effectuée avec votre père est la rédaction de votre lettre de démission. Aujourd’hui, il y a plus d’un an, pourquoi c’était important pour vous de maintenir cette correspondance ?
Il est vrai que la dernière chose que nous avons effectuée en commun est la rédaction de ma lettre de démission. Il était important que nous fassions cette dernière activité ensemble et le temps m’a montré que c’était le cas. C’est l’année où il est tombé malade. Cette rédaction de lettre de démission est un passage important car je quittais un emploi salarié pour reprendre mes études et donc, retrouver une sorte de précarité. Je me suis battue pour lui imposer ma décision de démissionner. Ce qu’il a fini par accepter et avec le recul je me rends compte avec émotion que c’était un passage de relais.
“Ce livre est non seulement un livre-hommage, mais aussi un livre axé autour des valeurs de transmission auxquelles mon père tenait énormément et qui a constitué l’un des moteurs centraux de sa vie” 
Nous avons noté des références littéraires dans votre livre notamment 'Une si longue lettre ‘de Mariama Ba, ‘la bicyclette bleue’ de Régine Deforges ou encore ‘l’aventure ambiguë’ de Cheikh Hamidou Kane. Est-ce un clin d’œil à ce père si passionné de savoir?
Oui c’est assurément un clin d’oeil. Passionné de livres et de lecture, on pouvait trouver pêle-mêle plusieurs types d’ouvrages dans ce qui lui servait de bibliothèque : des exemplaires du Coran, des romans, des ouvrages de culture générale et/ou d’économie. À l’image de la multiplicité de carrières qu’il a eues (dans le management d’entreprises, dans le sport, dans les infrastructures terrestres, dans le transport urbain), ses lectures étaient hétéroclites, et le savoir où qu’il puisse se situer, l’intéressait.
Ce livre évoque la transmission sous différentes formes. C’est d’abord le rapport entre votre père et votre homonyme (votre grand-mère). Et ce rapport entre vous et votre père. L’écriture de ce livre n’est-elle pas une façon de perpétuer cet amour que vous essayez de transmettre aux lecteurs ?
Oui clairement, ce livre est non seulement un livre-hommage, mais aussi un livre axé autour des valeurs de transmission auxquelles mon père tenait énormément et qui a constitué l’un des moteurs centraux de sa vie. Transmission de sa culture halpulaar, mais aussi cayorienne, car il venait de Thiès, transmission du culte de l’excellence, mais aussi transmission de la dignité humaine. C’est donc toutes ces bribes de lui que je mets dans ce livre et que je transmets à mon tour à toutes les personnes qui me liront.
Parlant de cette homonymie, ne représentez-vous pas la réincarnation de cette figure maternelle pour votre père ? Cela justifierait-il le fait qu’il se laissait souvent aller avec vous n’hésitant pas à montrer ses émotions comme un petit garçon ferait devant sa mère ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis une réincarnation de ma grand-mère, car elle fut une femme de grande qualité, à très fort caractère, qui même si elle n’était pas allée à l’école (française), avait tout fait pour que ses fils poussent leur instruction le plus loin possible. Et mon père, qui fut le premier diplômé de sa famille, ne dérogeait pas à sa règle.
En ce qui concerne l’expression des sentiments, mon père était quelqu’un de très émotif, exprimant ses émotions, n’hésitant pas à pleurer ouvertement, ce qui je n’en doute aucunement, est la marque d’une grande sensibilité. Il est vrai que je suis atteinte d’un complexe d’Œdipe dont je ne guérirai sans doute jamais, mais de là à dire que je suis une figure maternelle pour mon père, il y a un fossé que je ne franchirais jamais.
Auteur: Arame NDIAYE
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Comments

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    il y a 2 ans

    Il faut te marier avec un homme pour guérir de ce complexe d'Œdipe. 

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    il y a 2 ans

    C'est ça le complexe d' Œdipe????

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    il y a 2 ans

    auteure

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    reply_author il y a 2 ans

    Le complexe d'Œdipe c'est désirer avoir des relations sexuelles avec le parent de sexe opposé et être jaloux du parent de même sexe ou genre

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    Labaane féministes yi il y a 2 ans

    Féminisme moome kou ko bayyiwoule Di nga djankhou ba ménopausée do dégueu alkhayri

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    il y a 2 ans

    le 3ème livre avec le même titre....certains pour rendre un hommage d'autres pour faire le deuil définitif d'un père haineux ou démissionnaire envers sa descendance.

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    il y a 2 ans

    Tte mes félicitations et encouragements n'deye Fatou Kane, prions pour le repos de son âme.je te bcp de succès pour cette belle plume dédié à ton père. Bravo

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    reply_author il y a 2 ans

    Complexe d'oedipe lenene la

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    Moi il y a 2 ans

    Triste histoire moi en revanche je n'ai connu aucun de mes parents pourtant c'est mon papa qui me manque le plus

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    lebaolbaol tigui il y a 2 ans

    Malheureusement au senegal les gens ne lisent plus ...les jeunes ne sont pas canalisès à aimer la lecture , le savoir..

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    NGOR il y a 2 ans

    on ne dit pas "S’il y a bien une chose que j’ai appris " on dit "S’il y a bien une chose que j’ai apprise "  

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    LE PROFIL DU VIOLEUR il y a 2 ans

    Le profil du violeur et ses caractéristiques Il est important de le souligner: il n'y a pas un seul prototype de violeur , et les caractéristiques suivantes, bien qu’elles puissent être communes, n’identifient pas tous les contrevenants. 1. Ils ne doivent pas avoir une personnalité étrange Une grande majorité des violations sont commises par des sujets ayant une personnalité dans le "normal" et qu'ils ont des amis, de la famille et du travail. 2. Le pouvoir, pas le sexe Surtout, les personnes qui commettent un viol sachant ce qu’elles font cherchent et sont attirées par l’idée d’exercer une domination , faire que les autres fassent quelque chose contre leur volonté et obéissant aux intérêts de l'agresseur. En d'autres termes, dans une violation, ce n'est pas seulement le sexe qui est recherché, mais c'est surtout l'exercice du pouvoir qui est recherché. 3. Ils ont tendance à rechercher les victimes qu'ils considèrent les plus faibles En règle générale, les auteurs d'agression sexuelle cherchent des victimes qu'ils considèrent physiquement plus faibles que ce soit eux ou ceux qui connaissent les points faibles à exploiter. Dans les deux cas, le choix de la victime est lié à la possibilité d’exercer un pouvoir soit sur une personne qu’elle croit pouvoir soumettre, soit sur une personne qu’elle considère comme supérieure et qu’elle veut voir humiliée et inférieure à elle-même. . 4. Sentiments d'infériorité et de frustration vitale Un autre élément commun à la plupart des violeurs est la présence d’un fort sentiment de frustration et d’infériorité qui peut être exprimé par des explosions de violence. Bien qu'ils n'aient pas à le démontrer dans la plupart des facettes de leur vie quotidienne et qu'ils puissent même agir d'une manière dominante, ces sentiments d'infériorité peuvent provoquer une réaction sous la forme d'un désir de dominer l'autre, un désir que chez certaines personnes peut mener à une agression sexuelle . 5. Peu de capacité d'empathie  l'agresseur sexuel ne peut pas, ne s'en soucie pas ou choisit de ne pas penser à ce que le viol est pour la victime , ou qu'il en vienne à considérer que la satisfaction de son désir de pouvoir et de sexe mérite la souffrance de la victime. Cela est visible dans de nombreux cas indiquant que la victime souhaitait réellement entretenir des relations ou appréciait pleinement la situation. 6. Aucune anticipation des conséquences Il a été observé que beaucoup de violeurs n'ont jamais pensé à ce qui pourrait se passer après l'acte commis , si l'affaire ferait l'objet d'une enquête ou si elles seraient retrouvées et détenues. Cela traduit un certain déficit d’anticipation des conséquences de leurs propres actions, que ce soit pour elles-mêmes ou pour les autres. 7. Antécédents possibles d'abus ou d'apprentissage d'une sexualité coercitive Comme pour la violence sexiste, de nombreuses personnes qui commettent actuellement des crimes sexuels ont été maltraitées ou maltraitées dans leur enfance ou ont été témoins de mauvais traitements infligés à d’autres membres importants de la famille. Cela signifie qu'à long terme, ils peuvent identifier la contrainte comme une manière normale de procéder et, bien qu'ils sachent que la société est socialement mal vue, peuvent sentir l’impulsion pour entreprendre l’acte. 8. Ils estiment avoir le droit de commettre une agression Dans un grand nombre de cas, les auteurs de violations considèrent qu’ils ont le droit de forcer la victime à , parfois pour des raisons culturelles. Ainsi, les agressions sexuelles sont plus fréquentes dans les personnes et les régions où la supériorité des hommes sur les femmes est toujours considérée, ou ils considèrent que leurs besoins sont supérieurs à ceux des autres. 9. Il ne s'agit pas de malades mentaux Il est possible de constater que certains troubles de la personnalité tels que les troubles antisociaux peuvent faciliter une telle action. et il est vrai que des cas de viol peuvent être constatés lors de troubles psychotiques, maniaques ou commis par des personnes ayant une déficience intellectuelle, mais en règle générale, les agresseurs sexuels sont capables de juger correctement la situation et de savoir ce qu'ils font. 10. Ils sont pour la plupart totalement imputables Une conséquence du point précédent. Étant donné que la plupart des auteurs de ce type d'actes sont pleinement conscients que leurs actes sont nocifs et punissables par la société, généralement les violeurs sont juridiquement imputables . 11. échapper à la responsabilité Une caractéristique commune dans de nombreux cas dans lesquels il n'y a ni psychopathie ni psychopathologie est la tentative d'échapper à sa responsabilité dans l'acte . 12. Blâmer la victime Certains des auteurs de violations indiquent généralement que la victime est la faute de la situation  

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    reply_author il y a 2 ans

    idiot

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    Mm il y a 2 ans

    Très beau hommage. Du courage ndeye Fatou car tu es déjà une valeur intellectuelle sûre 

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    reply_author il y a 2 ans

    Une valeur intellectuelle sûre soit. Ma question c'est qu'est-ce qu'elle produit de manière concrète qui impacte ses compatriotes ? Je préfère nos femmes qui cultivent la terre, qui vendent des légumes et poissons au marché, nos femmes transformatrices de produits locaux etc. Les intello à la Senghor mom franchement c'est sans rendement. 

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    ATT il y a 2 ans

    Félicitations Ndèye Fatou. Ton père serait fier de toi. Tout parent souhaiterait avoir, outre les prières sans cesse, une progéniture qui lui rend un hommage de cet ordre. Sois fière de toi! 

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    il y a 2 ans

    Les idées fondent l'humain Mdeye Fatou Kane, continue de les distiller. Bravo pour cette belle interview 

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    Boy Serere il y a 2 ans

    Jai connu Papis, Lamine et mame marie. Mais Ndeye Fatou ??? la plus jeune peut être 

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    Ngor il y a 2 ans

    Tu es hors sujet. Il n y a aucune comparaison à faire entre les femmes qui cultivent la terre, les femmes qui sont des bureaux, des femmes qui travaillent à l'usine et des femmes qui écrivent. Chacune exerce sa fonction sociale et toutes ces fonctions sont utiles. Arrêtez d'opposer les fonctions sociales. Chaque pays à besoin de travailleurs manuels,  d'artistes, de sportifs, d'intellectuels et ils sont tous utiles.

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    il y a 2 ans

    Elle. Abesoin de son père pour écrire sa lettre de démission? Mon wié! 

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    il y a 2 ans

    Tidiane Kane,what a rhetorician,a good man  Paix a son ame felicitations miss kane

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    il y a 2 ans

    Elle. Abesoin de son père pour écrire sa lettre de démission? Mon wié! 

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    il y a 2 ans

    B­­o­­­n­j­o­­u­r, j­­e m'a­p­­­p­­­e­lle Alissia, j'ai 21 ans) Dé­bu­­­t du mo­­dèle S­E­X­­E 18+) J'a­­­ime êt­­re photo­­grap­­hiée n­­­u­­­e) Veuil­­­lez noter me­s phot­­os à l'adr­esse su­­­iva­­nte -- W­­W­­­W­­­.­­X­­2­­­1.­F­­­U­N

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    il y a 2 ans

    B­o­­­n­j­o­­­u­r, j­e m'a­­­p­­p­e­­lle Alisia, j'ai 21 a­ns) Dé­bu­­­t du mo­dè­­le S­­­E­X­­E 18+) J'a­ime êt­­­re pho­­­to­­grap­­hi­ée n­­u­e) V­e­­u­­i­l­­­lez no­­ter me­­s phot­os à l'adr­esse su­­i­­va­nte --- W­­­W­­­W­­­.­X­2­­1.­­F­­­U­­N id08636088

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    il y a 2 ans

    B­­­o­­n­­j­­o­­u­­r, j­e m'a­p­­­p­e­lle Alissia, j'ai 21 a­­­ns) Dé­­­bu­t du mo­­­dè­­­le S­­E­­­X­E 18+) J'a­­­ime êt­­­re pho­­to­­­grap­hi­­­ée n­­u­­­e) V­­­e­­u­i­l­­lez no­­ter me­s phot­­os à l'adr­­esse su­­i­­va­­nte -- W­­W­­W­­­.­X­­2­­1.­F­U­­­N id06649491

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    il y a 2 ans

    B­o­­n­j­o­u­­­r, j­­­e m'a­p­­­p­­e­­­lle Alisia, j'ai 21 a­­­ns) Dé­­­bu­­­t du mo­­­dè­­­le S­­­E­­X­­­E 18+) J'a­ime êt­re pho­­to­grap­­­hi­­­ée n­­u­e) V­­e­­u­­­i­­­l­­­lez no­ter me­­­s phot­­­os à l'adr­­esse su­­i­­­va­nte >> W­W­­W­.­­­X­­2­­1.­­F­U­­N id03565908

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