Mimi Touré
L’ancienne Première ministre Aminata Touré a pris part à la commémoration du 23 juin 2011. Selon elle, « cette date ne symbolise pas une rupture, mais une continuité dans la tradition de résistance politique au Sénégal ». À ses yeux, « elle prolonge les combats historiques menés par les partis d’opposition, les mouvements citoyens et la société civile pour défendre la démocratie et contrer les dérives autoritaires ». « Les soldats de la démocratie sont toujours en alerte », affirme-t-elle, ajoutant que « le peuple sénégalais a appris à se dresser face à l’arbitraire ».
Au-delà de la vigilance, elle insiste sur « l’exigence de justice pour les jeunes morts lors des manifestations politiques ». Elle a appelé à inscrire le devoir de mémoire et de justice pour les victimes des répressions politiques au cœur du pacte démocratique sénégalais. « Sans cela, dit-elle, la démocratie ne pourra ni guérir ses blessures, ni avancer durablement ». Ces martyrs, tombés sous les balles lors des grandes mobilisations contre le pouvoir, incarnent selon elle un sacrifice dont l’État doit rendre compte. « Rien que pour eux, la loi interprétative de la loi d’amnistie devait passer par le Conseil constitutionnel », déclare-t-elle. Elle insiste « sur la nécessité de ne pas effacer les crimes de sang sous le couvert de la réconciliation politique ». À ses yeux, « l’impunité ne peut fonder une démocratie durable ». Ainsi, elle a salué « la décision du Conseil constitutionnel d’avoir exclu ces crimes de la loi d’amnistie », y voyant un signal fort en faveur de la justice et de la mémoire collective. « Ces jeunes sont morts, leurs parents attendent toujours que justice leur soit rendue », martèle-t-elle, appelant à un traitement judiciaire rigoureux, transparent et digne. Elle rappelle que le pays a frôlé le basculement et que, sans vérité sur ces événements, la confiance entre les citoyens et les institutions restera fragile.
Par ailleurs, Aminata Touré critique les dérives constatées sous le régime de Macky Sall, similaires selon elle à celles dénoncées en 2011 : « tentation du troisième mandat, emprisonnement d’opposants, manipulation des institutions ». Elle exprime sa déception, estimant que Macky Sall a trahi l’espoir démocratique né de l’alternance de 2012.
Pour consolider la démocratie, Mimi Touré plaide en faveur d’une éducation citoyenne renforcée, d’une gouvernance par l’exemple, d’une réduction des inégalités sociales et d’une évaluation régulière des politiques publiques par l’Assemblée nationale. Elle insiste également sur le rôle essentiel des médias, qui doivent conjuguer liberté, rigueur et responsabilité. « Une presse peut être partisane, mais elle doit respecter les faits et élever le débat », affirme-t-elle.
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