Depuis que Guy Marius Sagna a révélé certaines pratiques comme le sukeru koor à l’Assemblée nationale, certains Pastéfiens enragent contre le député. Pourtant, Guy Marius Sagna a bien raison de rappeler la promesse de rupture de Pastef, son engagement à mieux utiliser les ressources publiques une fois au pouvoir. D’ailleurs, ce sukeru koor du groupe parlementaire de la majorité sonne comme un pied de nez à Ousmane Sonko, Premier ministre, par ailleurs leader du parti.

Dans plusieurs de ces sorties par voie orale ou écrite, Ousmane Sonko a beaucoup insisté sur une bonne gestion des deniers publics. Le Premier ministre est allé jusqu’à demander aux services de l’administration, pour un « souci de rationalisation et d'économie » de mutualiser les appareils au lieu d’en acheter pour chaque bureau.

Dans une note révélée par la presse en aôut 2024, le Pm appelait l’administration à «  l'aménagement d'espaces dédiés pour l'installation d'imprimantes réseaux au lieu d'une imprimante pour chaque bureau, à mettre en place notamment au niveau des pools de secrétariat; l'aménagement de parties communes pouvant héberger, sous réserve des considérations de sécurité et de préservation des réseaux électriques, des commodités telles que des réfrigérateurs, des machines à café, des micro-ondes ». Le Pm interdisait même les télévisions sauf pour le top management et les espaces communs.

Voir donc l’Assemblée nationale donner 100 000 F Cfa de sukeru koor aux députés est la preuve que la représentation nationale fait fi des appels du Premier ministre. Et c’est d’autant plus grave que le groupe parlementaire de Pastef a essayé de camoufler la pratique en l’appelant pudiquement appui. Comment comprendre que le PM veuille rationaliser sur des machines à café qui coûtent entre 50 000 et 100 000, selon les qualités. Et qu’au même moment, l’Assemblée nationale ou le groupe parlementaire de Pastef distribue des enveloppes de 100 000 à des députés dont le moins payé à 1 million 300 000 francs par mois.

Avec 165 députés, le sukeru koor est à 16 500 000 F Cfa. Il s’y ajoute les billets pour la Mecque ou Rome et certainement d’autres avantages non connus du public. Sans compter les véhicules dont les montants relèvent à la limite du tabou, tant le silence est de rigueur du côté de la présidence de l’Assemblée nationale. Cette actualité donne la preuve qu’il est possible, avec des institutions comme l’Assemblée, de faire des économies dans les dépenses de l'État au lieu de continuer à s’endetter. 

Le rapport d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025 a confirmé l’urgence pour l’État du Sénégal de dégager une marge budgétaire. Pour l’instant, il y a un sentiment partagé selon lequel le Pastef semble oublier sa promesse de rationalisation des dépenses publiques pour se concentrer sur la mobilisation des recettes et la dette. Il est donc temps voir urgent pour le parti de Sonko de revoir certaines pratiques que le peuple sénégalais a voulu bannir à travers l’élection du président Bassirou Diomaye Faye.