C. M. Ndiaye, un marabout de 35 ans, a comparu ce jeudi à la barre du tribunal de Pikine-Guédiawaye pour charlatanisme et escroquerie. D'après le récit de L'Observateur, qui a suivi l'audience, il est accusé d'avoir soutiré 67 millions de francs Cfa à D. Diop, un logisticien de 25 ans. 

Séduit par «les promesses de pouvoirs mystiques destinés à booster ses affaires», Diop s'est retrouvé «pris dans un piège, enchaînant rituels coûteux, et menaces de malédiction». «Des forces occultes bloquent ta réussite, mais je peux t'aider», lui avait assuré l'accusé. 

C'est ainsi qu'au fil des mois, le plaignant a vidé ses économies, «empruntant de l'argent à sa famille et utilisant les fonds de l'entreprise familiale» pour lever les blocages. «Chaque doute [du client] est levé par des menaces voilées : ruine, échec, malédiction...»

Il n'a dû son salut que grâce à l'intervention de son frère et sa sœur. Ces derniers, alertés par ses retraits bancaires répétés, finissent par lui tirer les vers du nez. 

Après leur plainte, la brigade de recherches de Keur Massar a suivi les transactions «grâce aux réquisitions téléphoniques» et mis en place un piège. La victime présumée a feint un dernier paiement et fixé un rendez-vous à Ndiaye, qui a été arrêté le 6 mars. En garde à vue, le marabout a minimisé son rôle et rejeté la faute sur un certain «Boly», un guide spirituel basé à Touba. Mais ce dernier est introuvable. 

Manque de bol pour lui, l’enquête a révélé que Ndiaye, un récidiviste, a été déjà condamné pour des faits similaires.

Lors du procès, des preuves accablantes ont été présentées : relevés bancaires, enregistrements audio compromettants et témoignages. Le Procureur, dénonçant une manipulation basée sur la peur et la superstition, a requis une peine de prison ferme d'un an, le remboursement des 67 millions à la victime, ainsi que 5 millions de francs de dommages et intérêts. Le tribunal rendra sa décision vendredi prochain, 4 avril.