Calendar icon
Sunday 09 November, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

DAKAR - Des enfants victimes de la volonté de leurs parents et de leurs marabouts : C’est l’enfer au quotidien !

Auteur: Dieynaba KANE

image

Ils ont tous l’âge d’aller à l’école, mais ces enfants par la volonté de leurs parents, passent la majeure partie de leur journée dans la rue. Même si pour les talibés, le but principal est d’apprendre le Coran, les heures consacrées à son apprentissage sont minimes par rapport à celles qui sont passées dehors. Le Quotidien est allé à la rencontre de certains de ces enfants à Pikine et Castors.

Les enfants qui errent dans les rues de Dakar à la recherche de l’aumône ont fini d’occuper en grande partie le décor de la capitale. Ne pas les croiser le matin susciterait même des interrogations, tellement l’on est habitué à les voir. Ils ont en effet fait de la mendicité une de leur principale occupation, pour ne pas dire leur seule activité de la journée. 

A 7 heures déjà, ils sont dans la rue, le petit bol ou le pot de tomate vide entre les mains à la recherche de leurs «dépenses quotidiennes» ou celle de leur marabout. Laquelle dépense varie entre 200 et 600 francs Cfa, selon les zones de pointages. Pour certains, ils privilégient les gares routières ou encore les carrefours, sachant que dans ces endroits-là, ils auront la chance d’amasser le maximum d’argent.

Croisé à l’entrée de la ville de Pikine (Banlieue dakaroise), Ameth Bâ, un petit garçon à qui on donnerait à pei-ne 5 ans, quitte tous les jours Malika (Commune de Keur Massar) où se trouve son école coranique pour venir à Pikine. Le petit bol en main, le petit Bâ se faufile entre les voitures et tend la main à la recherche des 400 francs Cfa qu’il doit donner à son marabout en fin de journée. Malgré la fraîcheur matinale, qui se fait sentir, il ne porte sur lui qu’un léger tee-shirt et un petit short qui couvre à peine ses cuisses. 

L’enfant au visage mal nettoyé, les habits sales, le nez qui coule, a du mal à donner des éléments de réponses sur le nombre d’heures, qu’il consacre à l’apprentissage du Coran par jour. En aucun moment, Ameth Bâ, qui a quitté son Kolda natal en 2010, n’a souhaité donné une suite à ces interpellations. C’est dire…

Tout comme lui, Aliou Ndao, à peine le même âge, est aussi un habitué de ces lieux. Lui, quitte Colobane où se trouve son école coranique tous les matins pour Pikine. Pour faire ce trajet, le gamin demande aux véhicules de transport en commun de le conduire à Pikine et vers 11 h, il répète le même procédé pour retourner à Colobane. Une tâche qui n’est pas facile pour lui, vu qu’il lui arrive de buter sur le refus des chauffeurs de le transporter gratuitement. 

A côté de ces enfants qui viennent de l’intérieur du pays, d’autres qui s’adonnent à la même pratique viennent de la Guinée Bissau voisine. D’ail­leurs, ces derniers constituent la ma­jeure partie des talibés et ils sont pour la plupart des peulhs. Ousmane Bâ fait partie de ceux-là. Il dit ne pas connaître son âge, mais soutient avoir foulé le sol sénégalais en 2009. «C’est mon père qui m’a emmené ici, il est retourné dans notre village à Bissau. Depuis, je suis là avec mon marabout. Mes parents ne sont pas venus me rendre visite, moi aussi je ne suis pas allé là-bas», a-t-il expliqué avec des yeux larmoyants, preuve de l’absence d’affection de ses géniteurs.  

Débrouillards pour vivre…  

Ces jeunes sont obligés de mendier le matin pour le compte du marabout et l’après-midi, pour pouvoir mettre quelque chose sous la dent. A la question de savoir, qu’est-ce qu’ils font de leur deux jours de «congés» (jeudi et vendredi), la réponse est presque unanime: «On mendie après on profite du reste de la journée pour laver nos vêtements.» Cette tâche est aussi valable pour les plus petits, qui ont entre 5 et 10 ans.   

Si les petits talibés eux ne sont pas avec leurs parents, ce n’est pas le cas des petits mendiants qui sont à la Cité des eaux (Castors). Ces gamins, eux, mendient pour le compte de leurs parents qui se sont installés au bord de cette route. Pendant que ces femmes sont assises sur les deux allées réservées aux piétons, Awa (5 ans) et Aïcha (10 ans) sont à la quête de pièces de monnaie, pour ensuite les remettre aux parentes. Mais ces dernières, pour la plupart, réfutent la thèse de faire mendier les enfants à leur profit. 

L’une des femmes interrogées dira qu’Aïcha et sa nièce l’aident à tenir ses jumeaux. Pour une autre femme, également mère de jumelles, Awa est sa petite sœur, elle est là juste pour la soutenir. Toutefois, elle accepte que c’est Awa, qui se déplace pour récupérer l’aumône qu’on lui donne. Cet endroit est aussi occupé par des mendiants venus du Mali. C’est l’exemple de Adama, une toute petite fille qui se dispute la chaussée avec les autres piétons. Elle confie qu’elle mendie pour sa maman. 

Ces mères de famille passent toute la journée dans ces lieux et semblent ne pas se soucier du devenir de ces petits êtres innocents qui devraient être dans les salles de classe.

Auteur: Dieynaba KANE
Publié le: Jeudi 31 Janvier 2013

Commentaires (0)

Participer à la Discussion