Bonjour Professeur, à qui revient cette mission d’éducation sexuelle ? Qui doit s’en charger ?
Bonjour monsieur. En effet, dès qu’ils prennent conscience de la métamorphose pubertaire de leur corps, garçons et filles, cherchent à se renseigner sur la sexualité. La fonction reproductive figure au programme des élèves de 13-15 ans dans de nombreux pays. Les enseignants font un cours sur les organes génitaux, la fécondation et les infections génitales. Les personnels de santé ont la charge de répondre à toute demande d’informations, à l’occasion d’une consultation, dans un centre de soin ou de prévention, pour expliquer les signes des infections sexuellement transmissibles et leurs complications, comment s’en prémunir et éviter les grossesses précoces, les avortements provoqués.
L’idéal serait que tout jeune puisse parler à ses parents de ce qu’il a appris car c’est à la famille qu’incombe « l’éducation sexuelle ». Ce sont eux qui sont les plus aptes, au moment opportun, à parler de la tendresse, de l’amour et du sens de la sexualité, selon le sexe et la maturité de l’enfant. Comme cette approche implique des considérations morales, elle ne peut être abordée en groupe.
Si parents, enseignants, personnels de santé, ne leur apprennent rien, les jeunes iront chercher des informations où ils peuvent, c'est-à-dire près des camarades ou dans les médias ! Comme l’initiative tend à disparaître, c’est aux parents de prendre le relais et de s’assurer que leur enfant pourra « trouver son équilibre au sein des forces qui habitent en lui et dans le monde environnant » et éviter les comportements à risques.
Bonjour Professeur, l’éducation à la sexualité ne commence-t-elle pas à la maison ?
Bonjour. Tu as parfaitement raison. Tu sais, l’Afrique d’hier nous apprend que c’est à la maison que commence l’éducation à la sexualité et non dans la rue, à travers les revues pornographiques, les grands romans d’amour, les écrans de cinéma et l’importation des coutumes à la bienséance africaine.
En foulant aux pieds les préceptes fondamentaux de l’Afrique sur la sexualité, certaines personnes ont fait de l’amour, source de bonheur et de bien-être physique, mental et social, un amour purement vénal. »
Bonjour Docteur, qu’est ce qui a véritablement changé ?
Bonjour. Comme vous le savez, mystérieuse hier, la sexualité s’étale maintenant au grand jour ; au point de faire partie de notre univers visuel et mental… Ainsi la pudeur d’hier fait place à un étalage de la sexualité qui se manifeste également sur le plan des mœurs. La famille de naguère liée aux traditions patriarcales, fortement hiérarchisée dans l’autorité de l’aïeul, enracinée au sol par la fidélité au lien héréditaire, a disparu.
En effet, la rencontre du garçon et de la fille, dégagée des antiques servitudes communautaires, mais aussi démunie des sauvegardes naturelles dont elles étaient la rançon, prend la valeur d’une expérience, toujours nouvelle et toujours hasardeuse. C’est dans un milieu qui n’a récemment acquis son autonomie et sa signification propre, le monde des adolescents, que l’on voit s’ébaucher et s’élaborer le modèle présent de la relation intersexuelle. Garçons et filles se rejoignent dorénavant hors des surveillances attentives, des précautions et des subterfuges qui entouraient, naguère encore, l’éveil affectif. L’acte sexuel n’implique aucun engagement moral, se réduit à un simple geste dépouillé de toute résonnance profonde au gré des caprices successifs.
Bonjour Professeur, ne penses-tu pas que les parents doivent se rapprocher davantage de leurs enfants pour leur parler ?
Bonjour. Vous savez, dans les sociétés africaines, tout ce qui se rapporte à la sexualité reste difficile à aborder, surtout entre parent et enfant. Mais, quand une mère comprend que les jours de sa fille sont en danger parce qu’elle a essayé de se faire avorter, quand un père apprend que son fils a été contaminé par le virus du sida, ces parents doivent regretter de ne pas avoir osé en parler ! Avant le drame, ils ne se doutaient de rien ! Ils ne les avaient pas mis en garde contre les conséquences de certaines conduites et ne leur avaient pas conseillé d’aller s’informer dans un centre de santé.
En effet, ce ne sont ni les tabous, ni les changements rapides de la société qui ont entraîné un décalage entre l’éducation que les parents ont reçue et celle qu’ils devraient donner à leurs enfants, qu’il faut accuser. C’est le manque d’affection ;le laisser-aller et l’absence de dialogue dans les familles qui rendent les parents sourds et aveugles aux difficultés des jeunes.
Et, il ne faut pas se voiler la face, mais regarder le monde dans lequel vit la jeunesse actuelle et prendre conscience de leurs problèmes. C’est indispensable pour nouer un dialogue entre les générations et assurer la transmission des valeurs morales.
Bonjour Docteur, est ce que les filles sont toujours amoureuses des garçons auxquels elles se donnent ?
Bonjour. En général quand une fille dit, comme on l’entend le plus souvent, qu’elle n’aura de relations qu’avec un garçon dont elle sera vraiment amoureuse, elle peut rêver qu’un prince charmant et d’un amour qui dure. Mais la réalité est plus prosaïque : au mieux elle éprouvera une attirance, un désir… En entendant quotidiennement les adolescents, on sait que le premier rapport est rarement le fruit d’une décision réfléchie et d’une programmation. Les premières relations, presque « involontaires », alors que l’on ait dans un flirt poussé, ne sont pas rares. Nombres d’adolescents ont été dépassées par ce qu’elles ne voulaient pas vraiment.
Pour d’autres, le premier rapport est un véritable passage à l’acte. Les ruptures très rapides après la première relation sexuelle, qui concernent plus de la moitié de ces jeunes couples, témoignent du fait que la « décision », quand décision il y a, n’était pas si réfléchie ; les filles sont souvent déçues, voir ont le sentiment qu’elles se sont faites avoir, en projetant sur l’autre leur propre responsabilité. La rupture rapide vient comme pour effacer cette première expérience tellement en décalage avec ce qu’elles avaient rêvé.
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