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Dans la bande de Gaza, retour à la mosquée après le cessez-le-feu

Auteur: AFP

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Dans la bande de Gaza, retour à la mosquée après le cessez-le-feu

"Dieu est le plus grand, louange à Dieu": pour la première fois depuis des mois, ces mots retentissent à nouveau un vendredi à Gaza, où des milliers de fidèles se sont rassemblés dans des mosquées, pour beaucoup largement détruites.

Le cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre à 09h00 GMT dans le territoire côtier palestinien. Etre réunis, "c'est un sentiment indescriptible après deux années de privation", décrit Ghalib al-Nimra, à l'heure de la grande prière hebdomadaire, depuis la mosquée Sayed Hachem. Elle est l'une des plus anciennes de Gaza, miraculeusement et relativement épargnée au milieu du champ de ruines qu'est devenue la ville après deux ans de combats et de bombardements.

"Pour la première fois" depuis la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, "il y a une si grande foule réunie ici", s'émeut cet homme en contemplant les centaines de fidèles.

Quand l'appel à la prière a retenti peu avant 09h30 GMT, beaucoup se sont pressés pour passer le pas de la porte, vestige de l'époque ottomane.

Des hommes, plus ou moins jeunes, ont prié ensemble dans le bâtiment dont même le minbar, chaire de l'imam, semble intact. Beaucoup de visages sont graves, parfois creusés.

Sur les 1.244 mosquées de la bande de Gaza, environ 1.160 ont été totalement ou partiellement détruites, selon une estimation des services de presse du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza.

- Prier "dispersés" -

Malgré des tirs sporadiques, le calme règne vendredi comme cela n'a plus été le cas depuis la dernière trêve entre Israël et le Hamas, début 2025.

Plusieurs habitants confient toutefois à l'AFP un grand désarroi spirituel.

"J'ai l'impression que mon âme se perd au milieu de toute cette destruction", note Abou Mahmoud Salha, 52 ans, originaire du nord du territoire et toujours installé dans un camp de fortune pour déplacés à al-Mawasi, à l'autre bout de la bande de Gaza.

"Nous prions dans la tente, la prière en groupe et la voix de l'imam me manquent", poursuit-il. "Quand j'entends l'appel à la prière diffusé par haut-parleur à partir d'enregistrements, j'ai l'impression qu'une partie de nos vies s'est brisée", raconte ce déplacé.

La mosquée de son quartier d'origine, al-Fallouja, a été détruite et comme beaucoup, il prie dans la rue depuis longtemps.

Ce vendredi, la plupart des habitants poursuivent les habitudes instaurées depuis des mois. Certains ont déroulé leur tapis de prière dans les rues, au milieu des décombres, ou dans des mosquées aux murs effondrés.

D'autres se prosternent en bordure des tentes qui parsèment le territoire pour abriter les déplacés, dans des conditions humanitaires toujours précaires.

"Chaque vendredi, nous essayons de nous rassembler sur un petit terrain, à ciel ouvert, pour prier, parfois, nous prions sur le sable ou sur des morceaux de carton, c'est très difficile psychologiquement", relate Moataz Abou Sharbi, 27 ans.

"La mosquée était un pilier de la vie dans nos quartiers et un bien précieux de nos traditions religieuses", ajoute ce déplacé à Deir al-Balah. "Aujourd'hui encore, nous prions seuls ou en petits groupes, dispersés".

"Perdre à la fois sa maison et son refuge spirituel, c'est ce qu'il y a de plus dur", pense M. Abou Sharbi, "nous trouvions à la mosquée un abri pour nos soucis".

- Reconstruire -

"La mosquée près de chez moi était notre refuge, pas seulement pour prier, mais aussi pour trouver la sérénité (...) Quand elle a été détruite, j'ai eu l'impression qu'un morceau de mon coeur s'envolait", se souvient Abou Mohammad al-Hattab, 54 ans, depuis le camp d'al-Chati, à Gaza-ville.

Des centaines de Palestiniens se sont également retrouvés dans une mosquée détruite de Khan Younès (sud), a constaté un photographe de l'AFP.

Alors qu'un imam conduisait les prières au micro, les fidèles de ce territoire très majoritairement musulman et imprégné de religiosité se recueillent, en dépit des murs éventrés à la charpente mise à nu.

"Nous espérons que tout soit reconstruit à Gaza, y compris les mosquées", souffle Salim al-Farra, un habitant de 22 ans.

Avec ces prières collectives, Gaza retrouve, malgré les incertitudes sur son avenir, un quotidien interrompu il y a plus de deux ans.

Auteur: AFP
Publié le: Vendredi 17 Octobre 2025

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