Procès d'un chantage à la sextape en France: un maire condamné à quatre ans de prison ferme
Le maire de Saint-Etienne (centre-est de la France), Gaël Perdriau, a été condamné lundi à cinq ans de prison, dont un avec sursis, et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, dans l'affaire dite du chantage à la vidéo intime.
L'édile de 53 ans a été reconnu "entièrement coupable" de chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics par un tribunal de Lyon (centre-est), dans cette affaire de piège tendu à un rival, l'ex-premier adjoint Gilles Artigues, filmé à la caméra cachée en compagnie d'un prostitué, puis contraint à faire profil bas.
"Le tribunal a bien entendu tout ce que vous avez opposé" aux accusations mais "n'a rien trouvé en terme d'excuse" pour minimiser "l'extrême gravité des faits", a déclaré la présidente du tribunal. Soulignant "le devoir d'exemplarité", "de dignité" et "de représentation", elle a déclaré le maire "entièrement coupable".
Après de longues et poisseuses journées d'audience fin septembre, cinq ans de prison, dont trois ferme, et une peine d'inéligibilité avec application immédiate avaient été requis contre Gaël Perdriau.
"C'est lui qui avait les mains sur la manette nucléaire", avait déclaré la procureure, qualifiant le maire de "décideur", même si le complot a été mis en œuvre par d'anciens collaborateurs, qui sont, eux, passés aux aveux.
A l'annonce du jugement, Gaël Perdriau est resté impassible et quelques applaudissements ont retenti dans la salle. A la sortie du tribunal, il s'est à nouveau dit "innocent", annonçant qu'il ferait appel de cette décision "totalement incompréhensible".
Depuis que le scandale a éclaté avec une enquête du site d'informations Mediapart en 2022, l'élu, qui a toujours martelé n'avoir joué aucun rôle dans le complot ourdi contre M. Artigues, a refusé de démissionner.
Ce centriste catholique, opposé au mariage homosexuel, avait été filmé à son insu dans une chambre d'hôtel avec un prostitué en janvier 2015, puis invité à mettre ses différences politiques en sourdine sous peine de voir cette sextape diffusée.
Trois anciens membres de l'entourage du maire ont reconnu lors de l'enquête avoir fomenté ce piège. Pour eux, le tribunal a retenu des peines légèrement inférieures.
Pierre Gauttieri, qui fut pendant dix ans directeur de cabinet du maire et n'était pas présent à l'audience de délibéré, a été condamné à quatre ans de prison ferme, dont deux avec sursis.
Lors de l'instruction, et à la barre, il avait assuré que Gaël Perdriau lui avait demandé, dès son élection en 2014, "une solution pour tenir en respect Gilles Artigues", dont il doutait de la loyauté.
Pour un ancien adjoint au maire chargé de l’Éducation, qui avait servi d'appât et avait posé la caméra cachée, le tribunal a retenu une peine de quatre ans de prison, dont un avec sursis. Quant à l'ancien compagnon de ce dernier, qui a reconnu avoir eu l'idée de piéger Gilles Artigues sur le plan des mœurs, avoir réservé l'escort-boy et monté les rushs de la vidéo intime, il a écopé de quatre ans, dont un an avec sursis.
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