La tension est montée mardi en Côte d`Ivoire,où des représentants du chef de l`Etat Laurent Gbagbo au sein de la commission électorale ont empêché physiquement l`annonce de résultats partiels du second tour de la présidentielle de dimanche qui l`opposait à Alassane Ouattara.Alors que le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI)Bamba Yacouba s`apprêtait à communiquer des premiers résultats partiels pourles régions du pays, l`un des deux représentants du président-candidat au seinde la commission, Damana Adia Pickass, lui a arraché les feuilles de résultatsdes mains avant de les déchirer."Ces résultats sont faux, ils n`ont pas été consolidés!", ont affirmé àplusieurs reprises les deux hommes, dénonçant un "hold-up électoral" devant detrès nombreux journalistes.Après cet incident, le porte-parole a assuré à la presse que ces résultatsétaient "bel et bien consolidés", avant de s`éclipser entouré de gendarmes.Promise pour plus tard dans la soirée, l`annonce de ces résultats a finalement été remise pour mercredi à 11H00 (locales et GMT) par unresponsable de la CEI.Alors que la publication de ces données avait au départ été promise pourmardi matin, la Côte d`Ivoire a vécu sous tension toute la journée, au milieudes plus folles rumeurs.Six fois repoussée depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, l`électionest censée clore une décennie de crises politico-militaires et la partition dupays depuis 2002 entre un sud loyaliste et un nord tenu par l`ex-rébellion desForces nouvelles (FN).Le camp de l`ex-Premier ministre Ouattara avait plus tôt mardi accusé leprésident de chercher à "empêcher" la CEI d`annoncer les résultats. "Il estdonc dans une logique de confiscation du pouvoir", a déclaré son porte-paroleAlbert Mabri Toikeusse."La victoire ne nous échappera pas", a-t-il martelé avant de demander à la CEI "d`assumer son indépendance". Elle a officiellement jusqu`à mercredi soir pour proclamer les résultats provisoires.Mardi matin, à la surprise générale, les techniciens de la télévisionpublique RTI avaient démonté le studio installé à la CEI à Abidjan, d`où lesrésultats devaient être annoncés.Les journalistes ont été invités sans explication à quitter le bâtiment,devant lequel s`étaient déployées des forces de l`ordre.Le représentant de l`ONU, Youn-jin Choi, s`est rendu brièvement dans lamatinée sur les lieux où il a rencontré le président de la CEI, YoussoufBakayoko, pour "encourager" la commission dans son travail, a dit leporte-parole onusien Hamadoun Touré.Dans ce climat très tendu, la communauté internationale a donné de la voix.La secrétaire d`Etat américaine Hillary Clinton a appelé à laisser publierles résultats et à agir "pacifiquement". La Communauté économique des Etatsd`Afrique de l`Ouest (Cédéao) a exhorté "à maintenir la paix dans cettepériode très critique".Le Parti socialiste français, membre de l`Internationale socialiste comme le parti de M. Gbagbo, a appelé chacun "à la responsabilité et au calme".Toute la journée, Abidjan a brui des rumeurs les plus folles et desquartiers avaient été quasi-désertés. Les forces de l`ordre s`étaientdéployées à certains points stratégiques de la ville.Le camp Gbagbo ne cesse depuis dimanche de contester les résultats au nordFN, où M. Ouattara a régné en maître au premier tour le 31 octobre. Il veut yfaire invalider les résultats dans au moins trois régions.L`ONU comme plusieurs missions d`observation internationales ont pourtantjugé que le scrutin s`était globalement bien déroulé.Signe de cette tension: chaque ex-belligérant était en train de rapatrier vers sa zone les éléments armés qui avaient été envoyés dans l`autre partie du pays pour sécuriser l`élection. Ainsi 1.500 soldats loyalistes redescendaient vers le sud, tandis que les 1.500 hommes des FN étaient en train de remontervers le nord.
Auteur: AFP
Publié le: Mardi 30 Novembre 2010
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