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La productivité totale des facteurs, le moteur discret du développement africain

Auteur: AÏcha Fall

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La productivité totale des facteurs, le moteur discret du développement africain

La productivité totale des facteurs, qui évalue l’efficacité avec laquelle une économie combine capital et travail, reste l’un des leviers les plus déterminants mais aussi les plus sous-estimés du développement en Afrique subsaharienne. Elle permet de mesurer la capacité d’un pays à produire davantage sans accroître ses intrants.

Les données publiées en 2025 par la Banque africaine de développement indiquent que la croissance africaine devrait atteindre environ 4,1 pour cent en 2025 puis 4,4 pour cent en 2026 et 2027. Source Banque africaine de développement, Perspectives économiques africaines 2025. Cette dynamique s’appuie encore largement sur l’investissement matériel et sur l’expansion démographique, tandis que les gains de productivité restent modestes. La Banque mondiale souligne dans sa mise à jour économique d’avril 2025 que la productivité du travail progresse trop lentement pour absorber la hausse de la population active, en particulier dans les pays où plus de 80 pour cent des emplois demeurent concentrés dans l’informel. Source Banque mondiale, Africa’s Pulse 2025.

Le rapport 2025 de la Banque africaine de développement sur la qualité de la croissance montre que dans plusieurs économies de la région, la contribution de la productivité totale des facteurs au PIB demeure faible voire négative. Cela signifie que l’expansion économique repose davantage sur l’accumulation d’actifs et la main-d’œuvre que sur un usage plus efficace des ressources. Source Banque africaine de développement, Quality of Growth in Africa 2025. Cette situation limite la montée en gamme productive, l’industrialisation et la création d’emplois qualifiés.

Pourtant, même des progrès modestes peuvent transformer durablement les trajectoires de croissance. L’amélioration des infrastructures de transport et d’énergie, l’accès élargi aux technologies numériques, la modernisation des systèmes éducatifs et la simplification du climat des affaires sont autant de facteurs susceptibles d’accroître la productivité. Plusieurs analyses récentes de la Commission économique pour l’Afrique montrent qu’une réduction des coupures électriques de moitié peut augmenter la productivité des entreprises de près de 20 pour cent dans certains pays. Source Commission économique pour l’Afrique, rapport 2025 sur la productivité des entreprises africaines.

La clé réside dans la capacité des États à passer d’une logique fondée sur l’accumulation de facteurs à une logique fondée sur l’efficacité. Cela suppose de renforcer les compétences, d’encourager l’innovation, de fluidifier les marchés et d’améliorer l’allocation des ressources.

En définitive, la productivité totale des facteurs reste un moteur silencieux mais essentiel du développement. Lui accorder une place centrale dans les politiques publiques reviendrait à inscrire la croissance africaine dans une dynamique plus solide, plus soutenable et plus apte à générer des transformations structurelles profondes.

Auteur: AÏcha Fall
Publié le: Mercredi 26 Novembre 2025

Commentaires (1)

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    JPBABS il y a 1 heure

    Juste pour dire que nos sociétés doivent combiner travail, capital et innovations pour le progrès juste, équitable, centré sur l'humain tout en respectant l'environnement! En substance il nous faut créer partout des plus values, voilà le secret de la croissance!

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