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NOTRE SOUVERAINETÉ À L’ÉPREUVE DE LA DETTE (Par Maître Djiby Diallo)

Auteur: Maître Djiby Diallo

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NOTRE SOUVERAINETÉ À L’ÉPREUVE DE LA DETTE (Par Maître Djiby Diallo)

Celui qui se tait ne commet une faute que lorsqu’il avait l’obligation de parler, et celui qui parle également est en infraction lorsqu’il était tenu de garder le silence.

Je préfère la fourmi, pour son ingéniosité, à la cigale qui fait beaucoup de bruit pour se retrouver fort dépourvue à la fin de l’été.

Sommes-nous des fourmis ou des cigales ?

Que recouvre la notion de dettes cachées du point de vue juridique et politique ?

Sommes-nous obligés de révéler au monde extérieur nos créances ou nos dettes, notre ingéniosité, nos secrets d’État ?

La souveraineté est la liberté pour un pays de pouvoir cacher à des États étrangers et aux instances internationales ses choix politiques et économiques internes et stratégiques.

Admettre le concept de dettes cachées remet en cause la suprématie et la souveraineté du Sénégal dans le financement de son développement.

Le Sénégal a le droit de se taire sur sa dette intérieure et ne devrait rendre compte que lorsqu’il se retrouve dans l’incapacité d’honorer ses engagements internationaux, à l’exclusion de ses engagements strategiques. souverains et nationaux.

Les engagements publics sont de deux ordres : internes et externes.

Un État est souverain pour ses engagements internes et n’a aucune obligation de rendre compte, ni à un État étranger, ni même à une quelconque organisation internationale.

Il me semble qu’il en va de même pour les engagements vis-à-vis des entreprises privées étrangères.

Les entreprises publiques n’ont-elles pas le droit de prendre des engagements en toute autonomie ?

Soumettre toutes ces dettes à la censure du FMI, c’est accepter de remettre en cause notre souveraineté dans notre quête d’un développement… endogène.

Chaque organisation a la possibilité de mettre en place une ingénierie financière pour capter des financements.

Cette ingénierie, qui est la propriété de l’État, ne doit jamais être ébranlée par une démarche politicienne.

Ce qui nous arrive est grave.

Nous sommes en train, pieds et poings liés, de remettre notre âme au FMI, qui nous dit : « Oui, puisque vous avez reconnu nous avoir caché votre dette, c’est bien. Vous êtes honnêtes. Maintenant, présentez-nous un nouveau programme dans lequel vous allez prouver que vous pouvez financer votre budget par vos ressources internes, en attendant de voir le rapport du budget 2024-2025. »

C’est un piège !

Voilà que le chasseur qui traquait le loup, et qui avait vainement regardé le sable en s’y couchant pour y voir les traces du grand loup-cervier, se retrouve subitement en face du gibier perdu, parce que surpris.

Nous sommes ainsi surpris, nous sommes perdus… Tous nos chemins sont pris et notre retraite coupée dans notre course vers le développement.

Que va-t-il se passer ?

Les subventions vont être levées, le peuple va encore trimer…

Cette démarche n’arrange que le FMI, qui nous tient désormais par la gorge.

Il faut d’ailleurs s’interroger sur l’appréciation qu’il fera de l’endettement du nouveau régime, ainsi que des conséquences de celui-ci sur la valeur de la signature de l’État, qui ne cesse d’être dégradée.

La rupture n’est pas une remise en cause de notre ingéniosité, mais une démarche nouvelle et salutaire, fondée sur une vision spécifique et originale du développement, qui consolide nos acquis et l’État de droit, et qui valorise notre génie créatif.

La volonté de liquider un adversaire politique ne devrait pas avoir de conséquences néfastes sur nos institutions, nos finances publiques et notre crédibilité internationale.

La remise en cause de ces paramètres, au point que notre État en subisse les contrecoups et le discrédit de nos institutions qui en découle, peut être classée à la décharge de leurs auteurs, dans le registre du manque d’expérience…

Nous pouvons réparer cela — dans le silence et le patriotisme — en admettant qu’un discours politique interne ne devrait pas produire autant de dégâts s’il n’était pas suivi d’effets, et en mettant fin à cette polémique interne dont la prolongation ne pourra que nous être fatale.

Les hommes d’affaires qui ont aidé l’État à contourner la difficulté des subventions devraient être libérés.

Par exemple, Khadim Ba a aidé l’État à mettre fin aux délestages et à éviter la hausse du coût de l’électricité et des hydrocarbures.

Nous n’avons pas à rendre compte aux institutions internationales de certains de nos choix qui relèvent de notre souveraineté.

Maintenant, pour parler comme Charles Péguy : pleurer et gémir est également lâche. Répondons là où le sort a voulu nous appeler, pour mourir sans jeter un cri…

Cessons le bruit. Travaillons comme la fourmi et comme les enfants du laboureur, à qui leur père a légué cette maxime : le travail est un trésor.

Assumons nos choix !

Maître Djiby Diallo

Avocat à la Cour

Président du Groupe d’Actions et d’Initiatives pour un Développement Localisé

Auteur: Maître Djiby Diallo
Publié le: Lundi 20 Octobre 2025

Commentaires (6)

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    Vivre il y a 16 heures

    Merci Maître Diallo

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    KOPINE il y a 15 heures

    Merci Maitre pour cette exacte photographie de la réalité accompagnée de citations et maximes

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    Fmi il y a 15 heures

    Le drame c'est que Fmi nous met dos au mur. Vous dites que vous êtes surendetté maintenant je ne peux pas vous prêtez plus et même je suis obligé de rabaisser le crédit déjà accordé. C'est simple comme réponse.

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    Karl Macky Sall il y a 15 heures

    Les règles en économie sont créées par des hommes. Donc si Macky a la même intelligence que les Keyn ou Karl pourquoi il ne doit pas créer ses propres règles pour en faire bénéficier son peuple. Si son intelligence vous dépasse vous êtes libre de parler de maquillage et magie.

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    Citizen il y a 15 heures

    Belle contribution, très constructive. Merci Me

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    KAKATAR*1 il y a 14 heures

    Merci Maitre Djiby Diallo pour cette excellente contribution. Les Lois ont été créées par les hommes. Il y a des secrets d' état ou des Vérités à ne pas exposer sur la place publique. Même dans les pays développés où on parle de droit de l' homme...il y a des choses qui se font et qui ne respectent pas toutes les règles. Je peux vous citer 100 exemples. Mais comme toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire (Xam lèpp, Wax lèpp) je doute même que ce soit une vérité...et met certains dérapages verbaux dans le cadre du manque d' expérience, de retenu et de l' inexpérience.

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    Anonyme il y a 14 heures

    Tout ce que l'on veut bâtir da ns la durabilité doit reposer sur la base objective de la vérité.« Sommes nous obligés de révéler au monde nos dettes»? La comptabilité nationale décrit des relations quantitatives entre des ensembles sectoriels intégrés en termes de flux financiers. Nos relations financières avec le reste du monde y sont fidèlement retracées. En tant qu’outil d’analyse, elle doit être fiable et traduire la réalité exhaustive par la saisie sans omissions ni erreurs de l’ensemble de la réalité macroéconomique. Nous n’avons nullement le droit de tricher ou de nous taire ou de falsifier nos comptes nationaux qui doivent reposer sur la réalité exacte de faits et flux. N'encourageons point le mensonge et la fausseté. Reflétons l'image de crédibilité et de bonne foi. On peut s'étonner de ce dérapage de la part d'un homme de Loi et du temple de Thémis.

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    Manam il y a 13 heures

    Les puissances sont les premières à ne pas respecter les règles des finances et du commerce à leur manière. Par exemple, elles financent parfois leurs agriculteurs, ce qui est interdit par l'OMC. Les USA utilisent la planche à billets pour fabriquer plus d'argent afin de soutenir son économie.

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    ibra il y a 14 heures

    C'est incroybale toutes les gymnastiques pour justifer un mensonge et des menteurs, incroyable

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    Manam il y a 13 heures

    Pourtant le client a caché ce qui s'est passé à sweat beauté pour garder son image au prix de dizaines de morts.
    Là, non seulement il a changé la base de calcul de notre dette mais il a montré au monde comment on gère nos finances.

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    absurde il y a 9 heures

    on veut tous aller au paradis malheureusement notre carte RAPIDO est rempli de mensonge .
    on doit se soumettre quotidiennement à une remise en question, dire la vérité c'est libérer l'âme et l'esprit de tout remords, regret ou repentir . On est tous des éducateurs à ce titre on doit apprendre à nos enfants les vertus qui doivent guider notre existence sur terre .Les positions politiques ne doivent en aucun cas nous faire sortir de cette trajectoire vertueuse .

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