Au Sénégal, le contenu d’une assiette ordinaire raconte une histoire moins anodine qu’il n’y paraît. Riz venu de Thaïlande, oignons hollandais, tomates marocaines. Derrière ces produits devenus courants se cache une dépendance alimentaire profondément enracinée, qui illustre à la fois la fragilité du modèle agricole national et les limites des politiques publiques en matière de souveraineté.
Le riz en est sans doute le symbole le plus parlant. En 2023, le Sénégal a importé plus de 1,2 million de tonnes de riz, pour une facture dépassant les 300 milliards de francs CFA, selon les données de la Douane. Ce chiffre reste quasiment stable d’année en année, malgré les efforts répétés pour booster la production locale. Pourtant, le riz irrigué de la vallée du fleuve Sénégal ou celui cultivé en Casamance peine encore à s’imposer dans les circuits de consommation de masse, faute d’organisation logistique, de standardisation et de politiques d’achats publics réellement incitatives.
Dans le même temps, des centaines de milliers de tonnes de mangues, de patates douces, de mil ou de niébé sont cultivées localement, mais souvent mal valorisées. Paradoxe cruel, le pays exporte ce qu’il pourrait consommer, et importe ce qu’il pourrait produire. La cause n’est pas qu’agronomique, elle est aussi structurelle et économique. L’agriculture sénégalaise reste majoritairement vivrière, morcelée, faiblement mécanisée et dépendante de la pluviométrie. Quant aux chaînes de transformation agroalimentaire, elles restent embryonnaires, laissant au marché international le soin de combler les besoins internes.
Les ambitions de souveraineté alimentaire ne manquent pas. Le concept figure dans les discours officiels depuis des décennies. Mais entre les stratégies annoncées et les moyens réellement mobilisés, l’écart reste grand. L’exemple des oignons, dont le Sénégal est pourtant producteur en volume, illustre bien les dysfonctionnements?: chaque année, une partie de la récolte locale est perdue faute de conservation, tandis que les importations reprennent dès la fin de la campagne, souvent à des prix plus compétitifs.
Redonner sens à l’expression souveraineté alimentaire suppose une rupture assumée?: investir massivement dans la structuration des filières, appuyer la transformation locale, réorienter les subventions et encadrer plus fermement les importations. Mais cela exige aussi de changer les habitudes de consommation, et d’accepter que produire local, consommer local, ce n’est pas qu’un choix moral ou patriotique. C’est un impératif économique et stratégique, dans un monde où la sécurité alimentaire redevient un enjeu géopolitique.
Auteur: AICHA FALL
Publié le: Mercredi 30 Juillet 2025
Commentaires (4)
Yow Aïcha Fall li nga wakh amnëu solo löl mais il faudrait pour ça que les sénégalais se mettent sérieusement au travail. Alors que la très grande majorité d'entre eux ne le veulent.
Fi mom! wakhtan, lutte, musique, danse, politique, football, wakh wakhou djambour, quémander, ñoublang, door marteau, ak manque de professionnalisme mo fi ëupe
Dëugëu nékhoul wayé l'amour du travail ne fait pas partie des valeurs de ce peuple. Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas d'autres qualités nak.
Un pays ne peut pas se développer si son peuple n'aime pas et ne veut pas travailler.
MAIS BON.
intrants importés: phytosanitaire, urée, nutriments nécessaires, engrais !!
Merci pour cet article.
Si Pastef decide de privilégier les produits locaux le Sénégal s'en tirera mieux sur le plan économique et santé.
les productions sont faible. pas suffisamment de niébé pour avoir du akara au petit dejeuner. pas suffisamment de riz , mais, arachide (le cout de l huile d arachide est tres elevé)... en un mot ll nous faut produire davantage
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