À l’heure où les équipements médicaux jouent un rôle croissant dans le diagnostic et la prise en charge thérapeutique, l’ingénieur biomédical s’impose comme un acteur essentiel du système de santé. À l’Institut Polytechnique Ouest Africain (IPOA), un nouveau laboratoire offert par ‘’La Chaîne de l’Espoir’’ vient renforcer cette dynamique, en dotant les étudiants d’outils pratiques pour maîtriser les technologies hospitalières les plus courantes et les plus critiques.

Pour le président de l’IPOA, le Pr El Hadji Ibrahima Sall, l’enjeu dépasse largement la simple formation technique. « Le diagnostic et la thérapie seront de plus en plus assurés par des machines. Il devient essentiel de former des ingénieurs capables de comprendre, maintenir et développer ces dispositifs » dit-il.

C’est pour cette raison que « la structure s’appuie sur des enseignants experts et sur un réseau de partenaires académiques internationaux ».

Récemment, une ancienne directrice de l’École Polytechnique de Marseille a dispensé un cours dans le cadre de ce partenariat. L’institut s’illustre également par ses contributions scientifiques.

Plusieurs étudiants ont publié dans des revues internationales et ont été sélectionnés pour des programmes doctoraux en Amérique du Nord et en Europe. « Durant la pandémie de Covid-19, les équipes de l’IPOA ont mis au point des dispositifs de stérilisation, des masques et équipements de protection, et d’autres solutions reconnues par la presse internationale » mentionne le professeur.

Avant de souligner « qu’aujourd’hui, les travaux de recherche se dirigent vers l’intelligence artificielle appliquée à la santé, ainsi que vers des innovations utilisant des produits médicaux locaux, notamment en anesthésie et dans l’étude des maladies émergentes ».

Pour le Pr Sall, les équipements remis par La Chaîne de l’Espoir répondent à des besoins clairement identifiés. « Les enseignants responsables de la filière ont défini les besoins pédagogiques. Tous les équipements seront utilisés et auront un impact immédiat sur la formation ».

Et d’ajouter : «dans un monde où la technologie devient un pilier du soin, leur rôle n’a jamais été aussi important, c’est pourquoi une nouvelle génération d’ingénieurs biomédicaux se prépare ».

Un don stratégique pour combler le déficit de pratique

Ingénieur biomédical et référent régional de La Chaîne de l’Espoir, Jean-Baptiste Lamine Diome mesure l’importance de ce geste pour les futurs professionnels. « Dans de nombreuses formations biomédicales, ce qui manque vraiment, c’est la pratique. Or les structures de santé ont besoin d’ingénieurs techniquement solides, capables de résoudre les pannes récurrentes comme celles des scanners, des radios ou des respirateurs », explique-t-il.

« Offrir aux étudiants un environnement technique réaliste, permet de manipuler des équipements utilisés quotidiennement dans les blocs opératoires et les services hospitaliers. Les enseignants peuvent ainsi simuler des pannes, mettre en place des scénarios d’urgence et confronter les étudiants aux problématiques réelles du terrain », a-t-il poursuivi.

Le nouveau laboratoire mis en service est conçu comme une reproduction fidèle d’un bloc opératoire moderne. Il comprend notamment un amplificateur de brillance (rayons X), des tabliers plombés, une table opératoire, un respirateur d’anesthésie, un moniteur de surveillance multiparamétrique, un défibrillateur, des pousse-seringues, un bistouri électrique, une lampe scialytique, des aspirateurs de mucosités.

Grâce à ce matériel, les étudiants peuvent s’entraîner sur des dispositifs critiques, souvent sources de pannes en milieu hospitalier. Un apprentissage indispensable pour répondre aux besoins des structures de santé africaines. La collaboration se poursuivra avec la mise en place prochaine, d’un laboratoire dédié à la dialyse et d’un laboratoire d’analyses biologiques,

issus d’un lot de matériel remis en 2022.