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MBOUR - Mendicité, petits métiers,… : Les enfants exposés aux abus et à l’exploitation

Auteur: Assane DEME - Correspondant

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Dans les rues de Mbour, il est extrêmement difficile de se promener sans pour autant croiser des enfants à la recherche du pain quotidien. Et pour ce faire, tous les moyens semblent être bons pour ces mômes dont la tranche d’âge tourne autour de 7 à 12 ans. Entre mendicité, petits métiers comme laveurs de voitures, porteurs de bagages, vendeurs d’eau, entre autres, ces enfants sont ainsi exposés à toutes sortes de risques, puisque livrés à eux-mêmes. C’est la porte ouverte au grand banditisme. Les journalistes africains qui participaient au séminaire de formation sur le thème «droits des enfants et médias» s’en sont rendu compte lors d’une visite de terrain effectuée dans différents sites.

Il est presque 11 heures passées, les trois véhicules qui transportent les journalistes arrivent à la gare routière de Mbour. Zone à forte fréquence touristique, la ville de Mbour, qui est située à 83 km de Dakar, est un pôle d’attraction du fait de sa situation économique, parce qu’étant la capitale du tourisme balnéaire et de la pêche artisanale. A ce moment de la journée, le soleil impitoyable ne manque pas de darder ses rayons sur les passants. Entre véhicules et marchands, deux frères Oumar et Abdourahmane vendent des sachets d’eau pour, disent-ils, venir en aide à leur maman. Cette activité, les enfants dont le père vit présentement à Dakar, le font tous les jours non ouvrables. Le plus jeune, Oumar, 10 ans, élève en classe de Ce1, arrête instantanément l’entretien pour aller vendre un sachet d’eau qui coûte 10 francs Cfa à un client. «Je ne suis pas obligé de vendre cette eau. Je le fais juste pour aider ma mère», confie-t-il, avant de souligner que plus tard, son souhait est de devenir tailleur. Son frère aîné, Abdourahmane, 12 ans, en classe de Ce2, confie, lui aussi, que leur maman, les autorise à aller jouer avec leurs camarades. Mais l’enfant, n’aura pas le temps de terminer la discussion, car un adulte vient de nous l’arracher sous le prétexte qu’il parle à des inconnus.

Comme ces deux enfants, plusieurs autres fréquentent cette gare routière, à l’image de El Hadji Top. Cet enfant talibé est originaire du département de Kaffrine. El hadji Top, visage pâle, pieds nus, le corps recouvert de boutons et de plaies, les habits sales, reflète le vécu quotidien de certains mendiants. Depuis son arrivée à Mbour, ses parents, qui l’ont confié à un maître coranique, ne sont jamais venus s’enquérir de sa situation. A l’en croire, lui et ses camarades sont obligés de tendre les bras pour avoir de quoi se mettre sous la dent et se vêtir. Compte non tenu, bien sûr, de leur versement quotidien qu’ils doivent à leur marabout.

Plus loin, après la gare routière, c’est autour du quai de pêche d’accueillir les professionnels de la communication. Ici, plusieurs camions frigorifiques garés ainsi que quelques charrettes et des marchands de tout genre, animent le décor de ce site de débarquement de poissons. Au bord de la plage, un petit garçon est accroupi, torse nu, tremblotant de froid, Aly Kane, tient entre ses mains quelques sacs vides, mais très sales. Agé de 7 ans, il se rend régulièrement au quai de pêche, très distant de son quartier Diamaguène. «Chaque jour, je viens ici attendre que les femmes vendeuses et écailleuses finissent leur travail pour récupérer les sacs qu’elles utilisent pour aller les laver dans la mer à raison 100 francs Cfa l’unité», confie-t-il avec un air innocent, précisant qu’il lui arrive de laver 5 sacs par jour.

De la recette amassée, il en remet 200 francs Cfa à son maître coranique. Ce qui constitue le versement quotidien que lui impose son maître coranique. «Le reste, je le garde quelque part pour pouvoir régler mes problèmes», assure-t-il, non sans souligner son souhait de devenir plus tard un enseignant. Mais, aura-t-il l’opportunité, tout comme ces autres enfants, exposés à toute sorte de dangers. En effet, livrés à eux-mêmes, sans aucune surveillance, ils sont obligés de survivre dans cette jungle humaine à la merci des pervers en tout genre, notamment les exploitants qui sont des adultes véreux, les trafiquants et surtout avec les risques de maladies. Ces enfants, grandissant, deviennent une cible potentielle ouverte au banditisme.

Auteur: Assane DEME - Correspondant
Publié le: Jeudi 03 Juillet 2008

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