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COUP DE GUEULE : LE BAC DE FARAFENIE, OBSTACLE A L’UNITE NATIONALE

Auteur: Walfadjri

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S’il y a quelque chose qui empêche le parachèvement de l’unité du Sénégal, c’est bien le bac de Farafénié en Gambie. Chaque jour, cette traversée renforce le sentiment de frustration d’une partie de la population casamançaise. Laquelle ne comprend toujours pas l’impassibilité des autorités devant les incessants cris de détresse des citoyens qui ne demandent qu’une chose : être rattachés au reste du Sénégal.

En 1982, une partie de la population casamançaise extériorise à travers une marche de protestation son sentiment de frustration né d’une politique de marginalisation développée, consciemment ou inconsciemment par l’Etat du Sénégal. Le conflit casamançais venait de naître. Près de trente ans après, que reste-t-il de cet état d’âme qui a fini par se transformer chez certains en sentiment de non appartenance au Sénégal ? Certes, aujourd’hui, la velléité indépendantiste ne semble pas avoir d’avenir en Casamance, mais, il reste que le sentiment d’être oublié, et donc marginalisé, habite la plupart des habitants de cette partie méridionale du Sénégal. Surtout à cause de l’enclavement qui fait des ‘Sudistes’ des Sénégalais à part, livrés à eux-mêmes, abandonnés de l’autre côté de la barrière gambienne. C’est justement cette barrière qui est à la base de tous les malheurs de cette bande de terre que l’on appelle la Casamance.Depuis les indépendances, quitter Ziguinchor par exemple pour rejoindre la capitale de tout le Sénégal avec la Casamance à son flanc sud, constitue un exercice périlleux dans lequel on laisse forcément des ‘plumes’. Et pourtant, il n’y a que 450 kilomètres entre ces deux points. Pourquoi donc autant d’efforts pour aller à Dakar ou pour venir à Ziguinchor ? Les éléments de réponse à cette question sont à Farafénié, escale forcée pour tout voyageur, arrosée par le fleuve Gambie. Ici, un Ferry poussif, souvent en panne, fait la rotation entre les deux rives du fleuve Gambie.A cette situation vient s’ajouter le caractère belliqueux des agents gambiens qui empoisonnent le ‘séjour’ des voyageurs sénégalais soumis à toutes sortes de tracasseries. Du coup, il faut attendre quelquefois toute une journée avant de traverser. Pire, il n’est pas rare de faire deux journées avant d’arriver à destination, surtout lorsqu’on se rend à Ziguinchor. Un trajet parsemé de check points militaires, fermés à la circulation en fin de journée, obligeant du coup les voyageurs à passer la nuit à la belle étoile.Cet état de fait, que vivent les populations du sud notamment, s’empire à chaque veille de fête. C’était le cas pendant la période pré Tabaski où l’ambiance au bac de Farafénié était devenue infernale avec des files de véhicules sur plusieurs kilomètres, plusieurs centaines de passagers qui attendent quotidiennement sans grand espoir de rejoindre l’autre rive. Sous un soleil de plomb, sans eau, les pauvres voyageurs patientent, certains avec leurs moutons, soumis aux tracasseries de la police gambienne. Et pendant plusieurs jours, c’est cette ambiance électrique qui a régné à Farafénié.Tous ceux qui ont en tout cas vécu une fois ce calvaire sont arrivés chez eux à bout de nerfs, scandalisés de constater l’inertie et l’impuissance de l’Etat du Sénégal devant cette situation qui dure de toute façon depuis toujours. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais en général, surtout ceux du sud ne comprennent pas qu’après plus de cinquante ans d’indépendance, les pauvres citoyens soient encore contraints de se soumettre à ce parcours du combattant.Et pourtant en Casamance, des voix se sont toujours élevées pour dénoncer cet état de fait et appeler l’Etat à la rescousse. Des voies auxquelles s’est jointe la presse régionale qui a l’impression depuis un certain temps de prêcher dans le désert. Que faut-il désormais faire pour que les autorités comprennent que les populations sont fatiguées ? L’Etat est-il conscient que cette situation renforce le sentiment de non appartenance au Sénégal qui avait poussé certains citoyens de cette région sud à exprimer leur volonté émancipatrice ? Sait-il qu’il est en train d’occulter un élément dont la prise en charge correcte pourrait renforcer l’unité nationale ? Réalise-t-il que la priorité en Casamance demeure la création d’une route de contournement pour rompre la discontinuité territoriale et arracher les citoyens des griffes de la Gambie ?On comprend que ces autorités, qui arrivent à Ziguinchor par avion pour mener des activités, souvent politiques, ne vivent pas la même situation que les pauvres citoyens à qui elles doivent pourtant leur ascension, mais, de là à être insensibles pendant des décennies aux cris de détresse du bas peuple, il y a là quelque chose qui cloche. Quelque chose qui ressemble en tout cas à du mépris.

Auteur: Walfadjri
Publié le: Mercredi 16 Novembre 2011

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