La Société sénégalaise de pédiatrie (SSP) organise cette année, à Saint-Louis, la 5e édition des Journées de périnatalogie. Pour cette nouvelle rencontre scientifique, les spécialistes ont choisi de mettre en lumière deux domaines essentiels, mais encore trop peu explorés : l’hématologie et l’immunologie périnatales. Ces thématiques, cruciales pour la santé de la mère et du nouveau-né, ont été au centre des échanges entre pédiatres, gynécologues, sages-femmes et chercheurs venus de tout le pays.

 Selon la professeure Ndèye Ramatoulaye Diagne Guèye, pédiatre néonatologue et présidente de la SSP, les complications hématologiques et immunologiques sont parmi les causes majeures de morbidité et de mortalité néonatales.

« Nous abordons cette année l’hématologie et l’immunologie périnatales du fait des complications que cela peut entraîner aussi bien chez la mère que chez l’enfant », explique-t-elle.

 Ces complications incluent notamment l’anémie maternelle, les hémorragies, les infections transmises au fœtus ou encore les incompatibilités sanguines pouvant conduire à des destructions de globules rouges chez le nouveau-né. Autant de problématiques qui nécessitent une prise en charge mieux coordonnée entre obstétriciens et pédiatres.

 Pour cette édition, la SSP a délocalisé ses journées scientifiques à Saint-Louis. Un choix pleinement assumé. « Cela nous permet de diversifier les participants, mais aussi de faire honneur à notre parrain, le professeur Ibrahima Diagne », souligne la présidente de la SSP.

Le professeur Ibrahima Diagne, hématologiste et enseignant-chercheur à l’UFR des Sciences de la santé de l’université Gaston Berger, est en effet reconnu pour son engagement de longue date dans la prise en charge des pathologies hématologiques pédiatriques, en particulier la drépanocytose.

Les maladies périnatales : une question de prise en charge plus que de géographie

Pour le Pr. Diagne, les pathologies hématologiques et immunologiques ne sont pas liées à une région en particulier, mais à la qualité du suivi des femmes enceintes.

« Ces maladies touchent la période périnatale, avant et après l’accouchement. Elles concernent les maladies de la mère — infections, anémie, troubles de la coagulation — qui peuvent avoir des conséquences directes sur l’enfant », explique-t-il.

Il rappelle que les nouveau-nés sont particulièrement vulnérables, n’ayant pas encore développé les mécanismes nécessaires pour se défendre contre les infections. Une simple anémie maternelle ou une incompatibilité sanguine peut entraîner chez eux une anémie sévère, des infections graves ou des complications parfois mortelles.

Dans les pays tropicaux, dont le Sénégal, ces risques sont amplifiés par le manque d’équipements, le déficit de spécialistes et les difficultés d’accès à des soins de qualité.

Une collaboration essentielle entre obstétriciens et pédiatres

L’un des messages forts de ces journées est l’importance d’un travail d’équipe entre les différents acteurs de la santé maternelle et infantile. « Le problème interpelle à la fois les gynécologues, les sages-femmes et les pédiatres. Les uns prennent en charge la femme enceinte, les autres le nouveau-né. Les deux doivent travailler ensemble », rappelle le Pr. Diagne.

La périnatalogie, par essence multidisciplinaire, se situe ainsi au carrefour de compétences complémentaires, indispensables pour réduire les décès néonataux liés aux maladies du sang ou aux défaillances immunitaires.

Vers une amélioration de la prise en charge périnatale

En mettant l’accent sur ces thématiques, les 5es Journées de périnatalogie visent à renforcer les connaissances des professionnels de santé, à harmoniser les pratiques et à encourager un meilleur dépistage des risques pendant la grossesse.

Cette édition marque également un hommage à un pionnier de l’hématologie pédiatrique au Sénégal, tout en rappelant l’urgence d’investir davantage dans la santé maternelle et néonatale pour sauver des vies et améliorer les pronostics des nouveau-nés.