Sous le leadership du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, un atelier de co-création de la Stratégie de Changement Social et Comportemental (CSC) du Sénégal, s’est tenu à Saly. Cette rencontre qui entre dans le cadre du projet WISH2 (Women’s Integrated Sexual Health-Phase 2, est organisée par l’ONG RAES. Elle a réuni des représentants de l’État, des partenaires techniques, des leaders communautaires et religieux, ainsi que des associations de personnes vivant avec un handicap, pour élaborer une stratégie nationale de communication pour le changement social et comportemental (CSC).

L’atelier s’inscrit dans la continuité du projet WISH1, qui avait expérimenté diverses approches CSC, dont La Famille Idéale, les MS Ladies de MSI ou encore l’École des maris. Cette seconde phase entend renforcer l’intégration des médias de masse et numériques pour toucher un public plus large et difficile d’accès, tout en élargissant les cibles aux personnes handicapées.

Imam Elimane Diagne, président du Collectif pour la modernisation des daaras, a insisté sur le rôle déterminant des leaders religieux.

"Les imams peuvent relayer ces messages lors des sermons, des mariages ou des baptêmes. Ce sont des moments privilégiés d’écoute où nous pouvons sensibiliser sur la santé maternelle, infantile et la prévention des décès évitables", a expliqué l’Imam.

Ainsi, les discussions ont permis de dégager huit piliers essentiels autour desquels s’articulera la future stratégie CSC : diagnostic et analyse contextuelle ; information et éducation à la vie familiale ; changement des attitudes individuelles et collectives ; transformation des normes sociales négatives ; suivi-évaluation ; participation communautaire ; intégration du genre et de l’inclusion sociale (GESI) ; durabilité.

Ces piliers serviront de socle pour élaborer, avec l’appui du RAES, des stratégies nationales adaptées à chaque pays du consortium, Mauritanie, Sénégal, Niger et Tchad.

Pour Sanou Gning, directrice du projet WISH2 pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’objectif n’est pas de bouleverser les normes sociales, mais d’en faire progresser certaines.

"Nous ne voulons pas changer toutes nos normes sociales, mais les faire évoluer pour que les femmes puissent accéder librement aux services de santé reproductive. Il faut innover, s’adapter et offrir aux communautés le choix éclairé", a fait savoir Mme Gning.

Elle souligne également la nécessité d’une approche basée sur les évidences et l’apprentissage continu.

"Le monde évolue, les mentalités changent. Les stratégies doivent suivre ce rythme pour rester efficaces et inclusives", dit-elle.

L’ONG RAES, partenaire technique du projet, met à profit deux décennies d’expérience dans la communication pour le développement, à travers des programmes emblématiques comme C’est la vie.

La directrice, Rabiatou Sangaré Diallo, rappelle que : "Le changement durable émerge lorsque les communautés se reconnaissent dans les messages et les histoires qu’elles reçoivent. Notre rôle est de soutenir cette autonomisation et d’accompagner les communautés à identifier leurs propres solutions".

Elle précise que le projet WISH2 couvre neuf régions du Sénégal et vise à toucher 2,6 millions de personnes, en contribuant à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, des grossesses précoces, des violences basées sur le genre (VBG) et du VIH, tout en améliorant le taux de prévalence contraceptive.

À l’issue des quatre jours de travaux, les participants s’attendent à disposer d’un guide de communication adapté à chaque région, définissant les comportements à promouvoir, les messages clés, les cibles et les activités prioritaires.

Sous la coordination du ministère de la Santé, cette stratégie co-construite marquera une nouvelle étape dans la promotion d’un accès équitable, inclusif et durable aux services de santé reproductive et de planification familiale au Sénégal.