Élu à la tête de New York, Zohran Mamdani porte un héritage politique issu de l’Afrique de l’Est, de l’Inde et des luttes progressistes mondiales. Pour Abdoulaye Bathily, envoyé spécial du président sénégalais, qui connaît la famille depuis plus de quarante ans, le militantisme du nouveau maire plonge directement ses racines dans le parcours de ses parents.

« J’ai rencontré Mahmood Mamdani à Dar es Salam, en 1979, alors qu’il avait fui la dictature d’Amin Dada », raconte Abdoulaye Bathily.

Professeur de sciences politiques et militant panafricaniste, le père du nouveau maire de New York militait à l’époque contre l’apartheid et les régimes coloniaux aux côtés d’intellectuels africains exilés, dont Yoweri Museveni et Paul Kagame, raconte M. Bathily dans un entretien accordé à RFI.

Pour lui, l’engagement de Zohran Mamdani, notamment en faveur de la Palestine, découle directement de ce terreau familial. « Contre l’apartheid, qui était alors soutenu par Israël, Mahmood était en première ligne. Le jeune Zohran a suivi les traces de son père dans ce combat », souligne-t-il.

Marié à la réalisatrice Mira Naïr, militante et artiste primée pour Salaam Bombay!, Mahmood Mamdani a élevé son fils « dans une ambiance militante et internationaliste ». « Ils sont venus à Dakar en 2007, avec le petit Zohran, visiter Gorée. Il a grandi avec la conscience des luttes africaines et asiatiques », confie Bathily. «Le deuxième prénom du maire, Kwame, rend hommage à Kwame Nkrumah. Tout un symbole, commente Bathily, rappelant que Zohran a travaillé sur Frantz Fanon et Jean-Jacques Rousseau ».

Naturalisé américain en 2018, le jeune élu n’a pas renoncé à sa nationalité ougandaise. « Ce n’est pas artificiel. Son père est profondément attaché à l’Afrique », insiste Bathily, qui voit dans la spiritualité musulmane de la famille un autre moteur de cet engagement.