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Administration judiciaire : Malaise dans les Maisons de justice de proximité

Auteur: Yande Diop

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Administration judiciaire : Malaise dans les Maisons de justice de proximité

Depuis le début des années 2000, l’État du Sénégal a misé sur la justice de proximité pour renforcer la médiation, la conciliation et le traitement rapide des affaires. Le cadre réglementaire, fixé par le décret n°2007-1254 du 23 octobre 2007, définit les Maisons de justice comme des structures décentralisées destinées à favoriser l’accès à une justice gratuite, rapide et pacificatrice.

Créées pour rapprocher la justice du justiciable et désengorger les tribunaux, elles constituent aujourd’hui un outil majeur de la politique de justice de proximité au Sénégal.

Mais derrière ce dispositif salué pour son efficacité, un profond malaise s’installe chez ses principaux animateurs. Les coordonnateurs de Maisons de justice dénoncent une marginalisation persistante et une inégalité de traitement au sein de l’administration judiciaire.

Dans les faits, ces structures ont contribué à désengorger les tribunaux et à renforcer la confiance des citoyens envers la justice. Toutefois, les juristes qui en assurent la coordination, titulaires pour la plupart d’un master en droit, peinent à obtenir la reconnaissance professionnelle que requiert leur mission.

En 2013, le gouvernement avait entamé le processus d’intégration des coordonnateurs dans la Fonction publique, en reconnaissance de leur rôle central dans la mise en œuvre de la justice de proximité. Douze ans plus tard, cette intégration reste incomplète. Sur les 33 coordonnateurs que compte le pays, seuls 9 ont été intégrés, tandis que 24 demeurent dans une précarité totale.

Des écarts de traitement difficiles à justifier

Ces agents exercent sans contrat, sans bulletin de salaire, sans retraite ni couverture médicale. Cette situation les prive de toute stabilité professionnelle, mais aussi de droits fondamentaux comme l’accès au crédit bancaire ou à la sécurité sociale. « Nous travaillons pour la justice mais nous n’avons pas de justice sociale », résume un coordonnateur dans la banlieue dakaroise.

Les inégalités entre coordonnateurs intégrés et non intégrés sont criantes. Les premiers bénéficient de salaires plus élevés, d’avantages sociaux, du fonds commun de la Justice et d’une liberté de gestion budgétaire. Les seconds, eux, perçoivent des indemnités dérisoires et ne bénéficient d’aucune protection. Plusieurs ont d’ailleurs fini par démissionner, faute de perspectives.

Les coordonnateurs non intégrés interpellent aujourd’hui le ministère de la Justice, qu’ils accusent de lenteur et d’opacité dans la gestion de leur dossier. Ils réclament la régularisation immédiate de leur situation, la mise en place d’un plan de carrière, et leur enrôlement dans les régimes de protection sociale.

Alors que d’autres ministères comme ceux de l’Éducation et de la Santé ont récemment procédé à la titularisation de milliers d’agents contractuels, les coordonnateurs des Maisons de justice estiment qu’il est temps que la Justice applique à elle-même les principes d’équité qu’elle défend. «La justice de proximité ne peut être crédible que si elle commence par faire justice à ceux qui la servent », conclut un coordonnateur sous le couvert de l’anonymat.

Auteur: Yande Diop
Publié le: Jeudi 13 Novembre 2025

Commentaires (4)

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    Kadia ba il y a 14 heures

    Intéressant

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    Tara il y a 13 heures

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    Momo il y a 13 heures

    Certains t offrent leur aide non pas pour te relever, mais pour que tu leur doives quelque chose.

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    Madame BA il y a 8 heures

    L’Etat doit vraiment faire quelque chose pour mettre fin à ces inégalités
    Merci pour la publication

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