Calendar icon
Thursday 27 November, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Décentralisation en Afrique : Un équilibre budgétaire introuvable

Auteur: Aicha Fall

image

Décentralisation en Afrique : Un équilibre budgétaire introuvable

Le financement des communes et des régions reste l’un des maillons les plus vulnérables de la décentralisation budgétaire sur le continent. Dans de nombreux pays, les collectivités reçoivent des compétences étendues en matière d’infrastructures, d’éducation, de santé ou de planification urbaine, mais leurs ressources restent limitées. Dans plusieurs États, les collectivités ne captent en moyenne qu’environ 3 % des recettes publiques, alors que leurs dépenses représentent près de 8 % ; un écart qui illustre la faiblesse structurelle de leur autonomie financière. Ces données proviennent notamment des travaux de CGLU publiés en 2023 sur les finances locales africaines, même si les ratios varient selon les pays et les contextes.

Cette situation se traduit par des retards dans l’aménagement du territoire, une difficulté à assurer la continuité des services essentiels et une incapacité à planifier des investissements pluriannuels. Les municipalités dépendent fortement des transferts de l’État, qui représentent généralement entre 70 % et 90 % de leurs ressources totales, avec des différences notables entre zones urbaines et rurales. Les impôts locaux, dont la taxe foncière ou les redevances municipales, ne dépassent que rarement 10 % à 30 % des budgets locaux, ce qui limite leur capacité à agir de manière autonome.

Les conséquences sont visibles dans la gestion quotidienne. Lorsque les transferts étatiques sont retardés, certaines communes reportent des projets d’éclairage public, d’assainissement ou de réhabilitation routière. Cette contrainte financière renforce les disparités territoriales, car les zones rurales, disposant d’une base fiscale plus faible, dépendent encore plus du niveau central.

Les études menées par ONU-Habitat en 2022 indiquent que plus de la moitié des collectivités africaines n’atteignent pas leurs prévisions budgétaires annuelles, faute de revenus suffisants.

Certaines réformes cherchent à renforcer la gouvernance financière locale. Plusieurs pays ont engagé une modernisation de la fiscalité foncière, un élargissement de l’assiette des taxes locales ou une meilleure valorisation du patrimoine public. D’autres ont introduit des mécanismes de péréquation destinés à réduire l’écart entre communes riches et communes pauvres.

Toutefois, la mise en œuvre demeure très inégale, et les effets restent limités tant que les systèmes d’information fiscale, la transparence budgétaire et la capacité administrative locale ne progressent pas simultanément.

Une décentralisation réellement fonctionnelle suppose une cohérence entre les compétences transférées et les moyens financiers mis à disposition. Tant que l’écart persistera entre responsabilités accrues et ressources limitées, les collectivités locales ne pourront ni améliorer durablement les services publics ni soutenir une croissance territoriale équilibrée.

Auteur: Aicha Fall
Publié le: Jeudi 27 Novembre 2025

Commentaires (0)

Participer à la Discussion