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Finances publiques : les vrais enjeux de la seconde loi de finances rectificative 2025

Auteur: Yandé Diop

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Finances publiques : les vrais enjeux de la seconde loi de finances rectificative 2025

Examinée et adoptée à la majorité par la Commission des Finances et du Contrôle budgétaire le 29 décembre 2025, la seconde loi de finances rectificative (LFR2) pour l’année 2025 est actuellement en cours d'examen en plénière à l'Assemblée nationale. Elle apparaît comme bien plus qu’un simple ajustement technique de fin d’exercice. Dans un contexte de ralentissement économique, de baisse des recettes et de recomposition institutionnelle, le texte cristallise plusieurs enjeux majeurs de gouvernance budgétaire, de sincérité des comptes publics et de crédibilité de la trajectoire financière de l’État.

Un environnement macroéconomique en demi-teinte

Au plan international, l’environnement reste incertain. Malgré une croissance mondiale attendue à 3,2 % en 2025 selon le FMI, les tensions commerciales, le durcissement des politiques monétaires et les risques climatiques continuent de peser sur les économies. En Afrique subsaharienne, la croissance demeure relativement résiliente (4,1 %), tandis que l’UEMOA affiche un dynamisme plus marqué, avec un PIB réel estimé à 5,9 %, du moins selon les explications fournies dans l'exposé des motifs.

En effet, au niveau national, la croissance du PIB sénégalais pour 2025 a été révisée à 7,8 %, contre 8,8 % initialement projetée. Cette révision à la baisse est principalement liée à un ajustement dans le secteur des hydrocarbures, alors que la croissance hors hydrocarbures est évaluée à 3,8 %. Une correction qui a un impact direct sur les équilibres budgétaires.

Baisse des recettes et impératif d’ajustement

Premier enjeu central de cette LFR2 : la baisse des recettes budgétaires, estimée à 137,8 milliards de FCFA, touchant aussi bien les ressources internes qu’externes. Face à cette contraction, le Gouvernement a procédé à un ajustement à la baisse des dépenses afin de préserver l’équilibre global du budget. Les recettes du budget général sont désormais arrêtées à 4 531,1 milliards de FCFA, tandis que les dépenses atteignent 6 227 milliards de FCFA. Les comptes spéciaux du Trésor demeurent stables à 215,4 milliards de FCFA en recettes comme en dépenses. Si l’exécutif met en avant une gestion prudente et responsable, cette situation souligne néanmoins la vulnérabilité des finances publiques aux chocs exogènes et aux hypothèses de croissance parfois optimistes.

La question sensible des décrets d’avance

Autre enjeu majeur soulevé lors des débats : le recours important aux décrets d’avance. La LFR2 prévoit la ratification de cinq décrets d’avance, pour un montant cumulé de 213,4 milliards de FCFA, pris pour faire face à des situations jugées urgentes ou d’intérêt national. Ces décrets ont notamment concerné le fonds de calamités et imprévus, l’achèvement de la polyclinique de l’Hôpital principal de Dakar, des programmes d’équipement des forces de défense ainsi que des projets structurants dans l’éducation et l’enseignement supérieur. Si le Gouvernement invoque l’urgence et la nécessité, plusieurs commissaires ont toutefois mis en garde contre un usage excessif de cet instrument, susceptible d’affaiblir le principe de sincérité budgétaire et de traduire des insuffisances dans la planification.

Pressions sociales et réorganisation institutionnelle

La LFR2 intègre également 56,8 milliards de FCFA de dépenses supplémentaires, jugées incompressibles. Elles concernent notamment les salaires de la SONAGED et les prestations de nettoiement, le complément des bourses des étudiants, les dettes liées aux universités, les résidences universitaires prévues dans le cadre des JOJ 2026, la prise de participation de l’État dans l’Africa Finance Corporation et le renforcement de l’alimentation des forces de défense et de sécurité. Ces arbitrages mettent en lumière la pression croissante des charges sociales et sécuritaires sur un budget déjà contraint.

Le texte vise aussi à aligner le budget sur la nouvelle architecture gouvernementale, issue du remaniement du 6 septembre 2025. La fusion de certains ministères, la création de nouveaux départements et la réaffectation de plusieurs structures ont rendu nécessaires des transferts de crédits pour garantir la cohérence de l’action publique.

Perspective : Le défi du déficit

Malgré l’ensemble de ces ajustements, le déficit budgétaire reste inchangé à 1 695,9 milliards de FCFA, soit 7,82 % du PIB, comme dans la première LFR. Le Gouvernement affirme toutefois son engagement à revenir progressivement vers une discipline budgétaire renforcée, avec un objectif de 3 % du PIB à l’horizon 2027, conformément aux critères de convergence de l’UEMOA.

Auteur: Yandé Diop
Publié le: Mardi 30 Décembre 2025

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