L’essor du financement vert africain, entre rigueur et dépendance
Le financement vert en Afrique se développe rapidement, avec des flux estimés à 25 milliards de dollars en 2024, pour des projets alignés sur les objectifs climatiques, selon la Banque africaine de développement. Ces financements sont conditionnés à des critères stricts, obligeant les États à démontrer l’impact concret de leurs initiatives sur la réduction des émissions ou la résilience climatique.
La définition des projets verts reste cependant discutée, certains analystes estimant que jusqu’à 30 % des projets labellisés pourraient ne pas produire les bénéfices environnementaux escomptés.
Les pays africains doivent aussi faire face à des coûts de conformité élevés. Par exemple, la préparation et l’audit d’un projet solaire ou éolien de grande taille peuvent représenter 5 à 8 % du budget total, un montant significatif pour des économies où le PIB par habitant est en moyenne inférieur à 2 500 dollars. Le manque de capacités techniques locales renforce la dépendance aux consultants internationaux, tandis que les exigences de reporting, souvent mensuelles ou trimestrielles, mobilisent des ressources administratives considérables.
Malgré ces contraintes, le financement vert ouvre un accès privilégié à des capitaux moins chers que le financement classique. Les obligations vertes émises par l’Afrique du Sud et le Kenya en 2025 affichent des taux inférieurs de 50 à 100 points de base par rapport aux obligations souveraines traditionnelles, incitant d’autres pays à explorer ces instruments.
Leur succès repose toutefois sur la qualité et la transparence des données, sur la crédibilité des agences de certification et sur la consolidation des institutions nationales pour garantir un suivi rigoureux.
La trajectoire de ces financements en Afrique illustre la tension entre la nécessité de répondre aux enjeux climatiques et les défis structurels des économies du continent.
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