La récente instauration d’une taxe sur les transactions financières numériques continue de susciter de vives réactions. Invité d’un débat diffusé sur Seneweb ce mercredi 25 septembre, Samba Diouf, juriste consultant en économie numérique et droits des affaires a mis en garde contre les risques d’un tel dispositif fiscal.

En effet, le directeur de la Cellule interne d’assurance qualité de l’Université du Sahel estime que cette mesure fait peser le fardeau sur l’usager final. « La taxe de 0,5 %, c’est une taxe indirecte qui concerne le consommateur. Par exemple, si aujourd’hui nous voulons transférer de l’argent 1 000 FCFA, il faudra concéder à l’État du Sénégal 0,5 % », a-t-il dit face à ses co-débatteurs Momar Ndao, président de l’association des consommateurs du Sénégal et Mansa Oualy, économiste.

Samba Diouf dit que ces prélèvements risquent de provoquer un recul des usages numériques et un retour à des pratiques traditionnelles . Il explique : « Si aujourd’hui, j’ai envie d’envoyer un million quelque part et je n’ai pas de frais, c’est sûr que je préfère appeler un parent, un ami, pour qu’il donne l’argent à ma place. Ce sont ces pratiques-là qui risquent de revenir parce que l’État doit dépasser cet état de taxation. »

Pour le juriste, le véritable enjeu ne se situe pas dans ces micro-prélèvements. « La manne financière, elle n’est plus là où l’État est en train de regarder. Les opérateurs sont sur les marchés de financement», a affirmé le consultant.

En ce sens, il appelle les autorités à une vision plus stratégique en essayant « d’établir des partenariats avec ces opérateurs qui gagnent énormément chez nous, pour qu’ils aident à financer notre économie».

L’expert plaide, ainsi, pour une meilleure cohérence fiscale. « Il faudra que l’on fasse un meilleur choix de la typologie des normes fiscales, quand il y a des consommateurs qui font face à des géants » a fait savoir Samba Diouf.