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Cheikh Ahmed Tidiane Diop : « Le franc CFA est une monnaie de consommation, pas de production »

Auteur: Léna Thioune

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Cheikh Ahmed Tidiane Diop : « Le franc CFA est une monnaie de consommation, pas de production »

Invité à l’émission "Seneweb Éco", ce dimanche 12 octobre 2025, l’économiste et ancien banquier, Cheikh Ahmed Tidiane Diop, a fait une critique profonde du franc CFA et de la politique monétaire de la BCEAO. 

Selon lui, la monnaie commune ouest-africaine, héritée de la colonisation, reste un instrument au service de la stabilité financière, mais pas du développement économique.

« Une monnaie figée qui ne reflète pas nos économies »

Pour Cheikh Ahmed Tidiane Diop, la BCEAO s’est enfermée dans un schéma monétaire dépassé, calqué sur le modèle français puis européen. « La BCEAO a simplement adossé le franc CFA à une monnaie étrangère. Avant, c’était le franc français, aujourd’hui c’est l’euro. Tout cela dans le seul but d’assurer la stabilité du franc CFA. Mais cette stabilité est trompeuse », déclare-t-il. 

L’économiste estime qu’une monnaie fixe est incompatible avec le dynamisme économique africain. « Une monnaie ne peut pas être fixée. Dire qu’un euro vaut 656 F CFA, c’est une illusion. Personne ne peut démontrer la valeur réelle de cette parité », affirme-t-il.  

Selon lui, cette fixité empêche les pays de la zone UEMOA de disposer d’une autonomie monétaire réelle. « L’euro reflète l’économie européenne. Il est né de la puissance industrielle, des échanges intracommunautaires et des richesses naturelles de l’Europe. Quel rapport cela a-t-il avec nos économies africaines ? Aucun ».

« Le franc CFA est une monnaie de consommation »

L’ancien banquier ne mâche pas ses mots sur la monnaie de la zone UEMOA. Pour M. Diop, « le franc CFA n’est pas une monnaie de production. Il ne sert pas à créer de la richesse, mais à consommer ce qui est produit ailleurs ». Il explique que la monnaie ne tire pas sa valeur de la stabilité, mais de la capacité productive de ceux qui l’utilisent. « La monnaie, ce n’est qu’un symbole, une promesse. Sa vraie force vient de l’économie réelle, de la transformation, du travail et de la création de valeur. Or, dans nos pays, la monnaie finance surtout l’importation et la spéculation », explique l’ancien banquier déplorant que la BCEAO ait choisi la stabilité plutôt que la croissance, en privilégiant une inflation maîtrisée au détriment du financement du secteur productif. « On se vante d’avoir une inflation à 3 %, mais à quoi bon, si nos entreprises meurent faute de crédits ? ».

Une BCEAO déconnectée des réalités africaines

Cheikh Ahmed Tidiane Diop s’interroge sur la finalité réelle de la Banque centrale qui, selon lui, «ne joue plus son rôle. Elle ne parle ni aux artisans, ni aux commerçants, ni aux producteurs. Elle parle aux banques et aux institutions internationales ».

Selon l’invité de "Seneweb Eco", la BCEAO s’est transformée en simple caisse de régulation, sans lien avec la dynamique économique des populations. « Elle gère la monnaie comme une donnée comptable, pas comme un levier de développement. Elle parle d’interopérabilité et de digitalisation, mais cela reste de la cosmétique. Ce qu’il faut, c’est une monnaie vivante, enracinée dans nos réalités économiques ».

« L’interopérabilité n’est pas une révolution »

Alors que la BCEAO vante la mise en place de l’interopérabilité des services financiers numériques, Cheikh Ahmed Tidiane Diop minimise cette « innovation ». « C’est une fausse révolution. On digitalise une monnaie morte. Le problème n’est pas la forme, c’est le fond », estime l’économiste. 

Pour lui, la dématérialisation du franc CFA ne change rien à sa nature dépendante et stérile. « On ne résout pas un problème structurel par un outil technologique. La BCEAO devrait repenser le système dans son essence, pas dans son apparence ».

Face à ce constat, l’économiste appelle à une refondation du système monétaire ouest-africain et estime que le débat sur la souveraineté monétaire ne doit pas être idéologique, mais pragmatique. « Nous devons concevoir une monnaie africaine bâtie sur nos capacités productives, nos échanges internes, nos richesses naturelles et nos besoins sociaux. Il ne s’agit pas seulement de rompre avec le franc CFA, mais de construire un système monétaire capable de financer notre développement », conclut-il.

Auteur: Léna Thioune
Publié le: Lundi 13 Octobre 2025

Commentaires (5)

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    cheuteuteut il y a 22 heures

    waa jii dafa dof dé.
    Baakhna rék

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    yaram il y a 22 heures

    Y a pas de monnaie de production ay doul leu. la monnaie c est juste un outil d échange qui n a rien à voir avec la production de biens et services. dans un monde globalisé une monnaie comme le ougouya ou le boutoute ou dallassis ne sert à rien. le cfa c est une grande communauté qu il s appel cfa ou autres c est la communauté qui est importante

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    Pape Fall il y a 22 heures

    Vous les 2 premiere commentataires là,est-ce que ça va? Ce que dit ce monsieur est une vérité absolue. Et c'est une voix autorisée en la matière. Bande de zébres

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    Send il y a 22 heures

    Wakho fi dara !

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    Ah l'économiste retraité il y a 20 heures

    Qu'attendent les guinéens, mauritaniens, gambiens, ghanéens, sierraléonais, libériens, congolais (RDC) , les angolais, etc. pour produire ? Pourtant , ils ont leur propre monnaie . Ce retraité veut se mettre en lumière dans un débat stérile sur le CFA

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