"Filière arachidière en danger": le CAFAS dénonce la taxe de 40 F CFA et alerte sur 100 000 emplois menacés
Le Collectif des Acteurs de la Filière Arachidière Sénégalaise (CAFAS), sous la direction de son président Amadou Ndiaye Sakho, a tenu une conférence de presse ce mardi 16 décembre 2025 à Touba pour alerter sur les risques liés au retard dans le démarrage de la campagne d'exportation des graines d'arachides et sur la taxe de 40 francs CFA par kilogramme à l'export.
Un silence inquiétant qui met en péril toute la filière
Selon Amadou Ndiaye Sakho, le silence et le retard du gouvernement sont en train de tuer la campagne d'exportation. Les acheteurs internationaux planifient leurs approvisionnements entre décembre et janvier. Sans communication officielle rapide, les contrats iront ailleurs et le Sénégal sera absent pour toute la campagne 2025-2026.

« Nous sommes réunis aujourd'hui pour alerter nos autorités sur la situation de la filière arachidière. Compte tenu des décisions qui ont été prises par le gouvernement, qui dans un premier temps a fixé un prix supérieur de 55 francs par rapport au prix du marché mondial, et dans un second temps une taxe à hauteur de 40 francs par kilogramme d'arachides décortiqués à l'export, ce qui constitue une barrière pour notre activité et qui représente des impacts pour toute la filière et pour toute la chaîne de valeur », a déclaré Cheikh Ahmadou Bamba Fall, membre du CAFAS.
Une perte totale de compétitivité à l'international
D'après Amadou Ndiaye Sakho, avec ces décisions, l'arachide sénégalaise devient plus chère que celle de tous ses concurrents. Les pays concurrents comme la Gambie, le Nigeria, le Soudan, l'Argentine et l'Inde n'appliquent pas de droits de sortie sur l'arachide brute. Les acheteurs internationaux, notamment la Chine, l'Union européenne et la Turquie, arbitrent uniquement sur le prix rendu au port.
La taxe de 40 francs CFA par kilogramme représente 40 000 francs CFA par tonne, soit plusieurs milliards de francs CFA à l'échelle d'une campagne. Aucun opérateur rationnel ne peut exporter à perte, affirme la source. Le Sénégal est mécaniquement exclu du marché.
Plus de 100 000 emplois menacés
« Nous ne demandons ni subventions ni privilèges. Nous demandons juste le droit de travailler, le droit de vendre l'arachide pour les paysans, et donc le droit de conserver les emplois dans ce pays. Parce que plus de 100 000 emplois sont concernés, et donc les impacts risquent d'être très, très désastreux pour notre économie », a martelé Cheikh Ahmadou Bamba Fall.
Selon Amadou Ndiaye Sakho, ce ne sont pas des spéculateurs qui sont touchés, mais un écosystème économique national. Plus de 100 000 emplois directs et indirects sont menacés : manutentionnaires, transporteurs, dockers, transitaires, ouvriers d'usines de décorticage, PME en logistique et services, ainsi que des centaines de sociétés sénégalaises déjà engagées (crédits bancaires, contrats, stocks).
Un impact grave sur l'économie rurale et les producteurs
D'après le collectif , le maintien de ces mesures conduit paradoxalement à la baisse du prix payé aux paysans. La faible demande équivaut à une mévente de la production. Les opérateurs qui achètent encore le font en dessous du prix plancher, faute de débouchés.

Les risques majeurs incluent le stockage prolongé chez le producteur, la détérioration de la qualité, l'endettement rural et la perte de confiance des paysans dans la filière arachidière. Sans exportation fluide, le prix plancher devient théorique et inapplicable, souligne la source.
L'État perd plus qu'il ne gagne
Le CAFAS fait remarquer que bloquer les exportations coûte plus cher à l'État que de les libérer. Les pertes incluent les devises étrangères, les recettes portuaires, la TVA et les impôts payés par les entreprises, ainsi que les emplois formels.
La chaîne d'exportation génère bien plus de recettes indirectes que la taxe de 40 francs CFA par kilogramme. Un État gagne plus avec un volume élevé sans taxe qu'avec une taxe sur un volume nul, précise la source.
Les propositions du CAFAS
Le Collectif ne s'oppose pas à l'État, il propose des solutions pragmatiques, selon le collectif. Ses recommandations claires sont les suivantes :
-Suspension immédiate de la taxe de 40 francs CFA par kilogramme pour la campagne en cours,
-Annonce officielle avant début janvier de l'ouverture de la campagne d'exportation,
-Mise en place d'un cadre de concertation État-exportateurs-producteurs pour définir un mécanisme de prix plus réaliste, travailler sur la transformation locale à moyen terme et sécuriser les recettes de l'État sans tuer la filière
Une conclusion politique forte
« Nous alertons solennellement les autorités : la filière arachidière ne demande ni subvention ni privilège, elle demande simplement le droit de travailler, de vendre et de préserver les emplois sénégalais. Supprimer la taxe à l'export et annoncer rapidement l'ouverture de la campagne, c'est sauver une filière stratégique, l'économie rurale et des milliers de familles », peut-on lire dans les documents présentés le collectif .

« De surcroît, protéger cette filière, et donc les exportations, permettrait en 2026 de générer 1 point de PIB et 1% de taux de croissance. Ce qui serait très intéressant pour l'État. Nous demandons vraiment la suppression de la taxe de 40 francs et une communication claire, lisible, de la part de notre ministre de tutelle, pour nous donner un calendrier clair de démarrage des exportations, afin que les partenaires étrangers puissent venir acheter l'arachide et l'excédent de production, et faire vivre notre économie rurale », a conclu Cheikh Ahmadou Bamba Fall.
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