Madjiguene Diop : « Le travail des enfants reste le défi le plus préoccupant »
En ce 20 novembre 2025, Journée mondiale des droits de l’enfant, Madjiguene Diop, Coordonnatrice de la Cellule d’Appui à la Protection de l’Enfance au Ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, revient pour Seneweb sur la portée historique de la Convention de 1989, les défis persistants – notamment le travail des enfants – et les avancées portées par l’engagement politique actuel au Sénégal.
Madame la Coordonnatrice, pourquoi le 20 novembre est-il une date si importante pour les droits de l’enfant ?
Le 20 novembre est une date fondatrice. C’est ce jour-là, en 1989, que l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Convention relative aux Droits de l’Enfant, un texte historique qui reconnaît l’enfant comme une personne à part entière, dotée de droits. Le Sénégal a ratifié cette Convention, qui repose sur quatre principes majeurs : la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à la survie et au développement, et le respect de la parole de l’enfant, trop souvent ignorée. « Le 20 novembre 1989, l’humanité a reconnu l’enfant comme une personne à part entière. » Aujourd’hui encore, ce texte reste la boussole de toutes les politiques publiques en matière de protection de l’enfance dans notre pays.Le travail des enfants reste un sujet sensible.
Quelle est la réalité actuelle au Sénégal ?
Effectivement, le travail des enfants demeure l’un des défis les plus préoccupants. Il est principalement nourri par plusieurs facteurs : la pauvreté, qui pousse certains ménages à compter sur la contribution économique des enfants ; des normes sociales et culturelles profondément ancrées ; un système éducatif encore fragile, marqué par la déscolarisation et l’inadéquation de l’offre éducative ; et des dynamiques économiques, notamment dans les zones minières. Dans certaines régions du Sud-Est, le phénomène s’amplifie. Les enfants y sont exposés à des risques physiques graves, à l’exploitation économique, et parfois à des formes de violences beaucoup plus sévères. Même si les données officielles ne sont pas toujours disponibles, les réalités du terrain sont visibles et alarmantes.
Quelles réponses l’État a-t-il mises en place pour lutter contre ces violations des droits de l’enfant ?
Le Sénégal a déployé un arsenal robuste, à la fois juridique, stratégique et opérationnel. Sur le plan stratégique, plusieurs référentiels encadrent les interventions : la Stratégie Nationale de Protection de l’Enfance (SNPE), la Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS), le Plan national de lutte contre les abus et l’exploitation sexuels des enfants, et le Plan cadre 2024-2028 sur le travail des enfants. Au plan juridique, le Sénégal a ratifié l’ensemble des grandes conventions internationales. La loi 2005-06 criminalise clairement la traite des personnes et l’exploitation de la mendicité, et le Code du travail fixe l’âge minimum d’admission à l’emploi. Sur le terrain, les actions sont concrètes : programmes de retrait des enfants de la rue ; travail avec les services de sécurité, de justice, de santé et d’action sociale ; interventions multisectorielles plus fortes, pilotées notamment par le Ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités.
Malgré ces efforts, quels sont les obstacles qui freinent encore la protection des enfants ?
Malgré les avancées notables, plusieurs défis structurels continuent de freiner l’efficacité de notre système de protection de l’enfance. D’abord, la coordination multisectorielle doit encore être consolidée. La protection de l’enfant implique une articulation étroite entre l’action sociale, la justice, l’éducation, la santé, la sécurité, mais aussi les collectivités territoriales et la société civile. Lorsque cette synergie n’est pas pleinement opérationnelle, certaines réponses perdent en impact ou en rapidité. Ensuite, la mobilisation de ressources financières adéquates demeure un enjeu majeur. Les besoins sont importants, notamment pour renforcer les dispositifs communautaires, développer l’accueil d’urgence, soutenir les familles vulnérables et moderniser les systèmes de prise en charge. Les normes sociales constituent également un frein réel. Certaines pratiques encore tolérées ou minimisées exposent les enfants à des risques importants : travail précoce, mendicité forcée, violences domestiques ou silence autour des abus.
La présence persistante d’enfants dans la rue,
notamment dans les grands centres urbains, reste un signal d’alerte préoccupant. Enfin, le manque de données actualisées et systématiques limite parfois la capacité à orienter les politiques publiques. Un système d’information unifié, moderne et interconnecté est indispensable.
Vous avez énuméré beaucoup de défis. Pensez-vous pouvoir les résoudre à moyen/long terme ?
Ces défis sont parfaitement identifiés par les plus hautes autorités de l’État. Sous le leadership de Madame le Ministre Maïmouna Dièye, et dans le cadre de l’orientation stratégique impulsée par Son Excellence le Président de la République et Monsieur Ousmane Sonko, Premier Ministre, des efforts importants sont en cours pour renforcer la gouvernance, améliorer la coordination, moderniser les outils et mobiliser davantage de ressources autour de la protection de l’enfant. Madame le Ministre Maïmouna Dieye ne ménage aucun effort pour renforcer le système national de protection, améliorer la coordination et impulser des réformes ambitieuses. Cet engagement politique majeur crée les conditions nécessaires pour hisser encore plus haut la protection des enfants. Protéger les enfants, c’est protéger notre avenir collectif. Avec une telle volonté au sommet de l’État, nous pouvons bâtir un Sénégal où chaque enfant grandit en sécurité, dans la dignité et l’espoir.
Entretien réalisé par Adama Ndiaye
Commentaires (15)
machallah, chapeau, on degommer tout le monde et la nommer presidente de la reupublic de sanigal
les géniteurs irresponsables continueront de faire des enfants sans pouvoir les prendre en charge, les balanceront dans les daaras ou sur la voie publique pour mendier. UNE HONTE NATIONALE QU'IL FAUT ERRADIQUER !
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