A la veille des Jeux olympiques de Londres, les spécialistes attendaient les cracks brésiliens, Neymar et Ganso, le Britannique de 38 ans Ryan Giggs, les Uruguayens Cavani ou Suarez. Et si d'aventure on parlait du Sénégal, il n’était nullement question de Moussa Konaté, auteur des trois buts des Lions olympiques lors du tournoi de football de cette compétition.On évoquait plutôt Idrissa Gana Guèye qui est en train de devenir un joueur majeur à Lille (élite française) et était perçu comme pouvant faire partie des révélations lors de ces Jeux. 

Comme lors des précédentes olympiades, quand le Nigérian Kanu en 1996 et les Camerounais Samuel Eto’o et Carlos Idriss Kaméni en 2000, entraient dans l’histoire. Contre toute attente, Konaté, avec ses trois buts, est en train de crever les écrans, alors que sa sélection avait été contestée. A 19 ans, l’ancien attaquant du Touré Kunda (Ligue 1 sénégalaise) qui n’a pas joué plus d’une saison dans le championnat professionnel israélien, a démontré en deux matchs qu’il fallait compter avec lui. Pourtant, que de contestations après l'annonce de sa sélection parmi les 18 Lions olympiques sénégalais. Certains avaient même lié cette sélection à la présence de ses anciens dirigeants à la Fédération sénégalaise de football (FSF). Et ce n’était pas la première fois que sa présence en sélection créait la polémique puisqu’il en était de même en équipes nationales cadette et junior. 

S’il est vrai que son rendement dans une position d’attaquant excentré, était souvent quelconque, le jeune footballeur n’a rien dit, préférant se concentrer sur son jeu jusqu’à devenir l’un des meilleurs buteurs de la sélection junior avec Karim Séga Diouf. On comprend alors pourquoi ce dernier, à la surprise quasi générale, lui offrit sa première cape chez les A contre l’Afrique du sud le 29 février dernier (0-0). Là aussi, il a dû se défendre jusqu’à son match et son premier but en A contre le Maroc en fin mai dernier pour une victoire historique (1-0) en terre chérifienne. Mais les critiques n'ont pas cessé pour autant. Et rebelote, après, il est vrai, un match raté contre le Liberia (3-1). Moussa Konaté, pour sa première rencontre au stade Léopold Sédar Senghor, a eu du mal à se situer dans le terrain. L’ouverture du score par le Liberia et le penalty raté par Papiss Demba Cissé n’ont pas apporté la sérénité nécessaire au jeune footballeur pour apprivoiser son nouveau public.

 Et pire encore, avec le dossard 7, celui d’Henri Camara dans le dos, il fallait montrer autre chose que ses courses sur le flanc droit pour se laisser aimer par l’exigeant public du stade Léopold Sédar Senghor. Au finish, il ne verra pas la pelouse du stade de Kampala, sacrifié sur l’autel de l’expérience par Joseph Koto qui a donné sa confiance à l’expérimenté Souleymane Camara. Et il a fallu pour lui, cette pichenette pour l’égalisation contre la Grande Bretagne à Old Trafford (1-1) jeudi dernier et ses deux buts dans le mythique Wembley contre l’Uruguay pour éblouir le monde. Peut-être tirer un trait sur son positionnement en attaquant excentré et sur les faciles critiques qui s’abattent sur sa présence dans la Tanière.