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Herbes envahissantes sur le fleuve Sénégal : Un projet pour substituer la Salvinia molesta au charbon de bois

Auteur: Seydou SALL

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Passer du simple nettoyage des berges du fleuve à un processus de revalorisation des herbes arrachées, voilà le pari de S3IC, une société scientifique de Sénégalais au Canada qui entend s’investir dans le combat contre ces herbes envahissantes dans la Vallée. Le projet ainsi initié vise à terme un objectif commercial de substitution de plantes envahissantes au charbon de bois dans la cuisson domestique des familles.(Correspondance particulière à Montréal) - La prolifération des mauvaises herbes sur la vallée du fleuve Sénégal a amené le gouvernement à envisager plusieurs solutions depuis plus de dix ans pour les éliminer, mais avec des résultats jusque-là très peu probants. Des organisations non gouvernementales s’emploient aussi à déployer des stratégies dans le même dessein. A côté de ces opérateurs de longue date, de nouvelles structures ont entrepris de s’engager dans ce combat en explorant de nouvelles pistes susceptibles, croient-elles, d’engendrer de bien meilleurs résultats.

C’est le cas de ce regroupement de professionnels (des sciences médicales et biologiques et celles de l’ingénieur, etc.) sénégalais au Canada, connu sous le nom de S3IC ou Société sénégalaise des scientifiques et ingénieurs au Canada. Des membres de cette organisation, en collaboration avec un partenaire industriel canadien (EcoIndustrielle), ont conçu un projet qui a obtenu un financement de la Banque mondiale dans le cadre du Development market place 2006 dont l’ambition au lancement était la transformation de la Salvinia molesta, plus connue sous le nom de Jacinthe d’eau, en combustible écologique. S3IC a vu plus grand en cours de chemin pour réorienter le projet vers la transformation d’autres herbes envahissantes comme la Typha australis ou le Khaye des rives du fleuve Sénégal en granules combustibles pour la cuisson des repas des familles locales.

L’exécution de la phase pilote s’est faite à trois, S3IC s’étant déjà adjointe le partenaire industriel canadien EcoIndustrielle et une organisation collaboratrice sénégalaise Asescaw (Amicale socio-économique sportive et culturelle des agriculteurs du Walo) basée à Ross-Béthio. C’est au constat des conséquences multiples de l’envahissement du fleuve Sénégal par ces mauvaises herbes que les concepteurs du projet ont décidé d’agir. Ce sont, entre autres, la dégradation de l’environnement fluvial avec le rétrécissement des voies navigables, la perte de la biodiversité, le blocage des aménagements hydrauliques, la gêne causée au bétail quand les troupeaux s’abreuvent ou aux pêcheurs quand ils se livrent à leur activité de subsistance.

Pour produire du combustible en granule, il faudrait auparavant couper les herbes, ce qui n’est pas une mince affaire. L’équipe a utilisé le grappin pour arracher la Salvinia molesta, qui n’a rien pu faire contre la Typha ou le Khaye pour lesquels la faux et la faucille se sont avérées plus adaptées. Après la récolte, les herbes sont séchées, découpées, puis broyées mécaniquement. Il s’en suit tout un processus de dosage dans la fabrication à l’aide d’une presse pour arriver au résultat escompté : des granules combustibles.

Une unité de fabrication expérimentale installée à Ross-Béthio sous la conduite d’une petite équipe locale est chargée de la production des premières granules combustibles. Mais les analyses effectuées ne permettent pas encore une vente à grande échelle d’autant plus que les granules n’ont pas encore atteint les performances visées. L’objectif recherché étant de concurrencer le charbon de bois pour répondre aux attentes des futurs clients, tout en mettant un frein au déboisement des rares forêts sénégalaises. En outre, l’équipe de projet entend aussi réaliser des tests de toxicité pour s’assurer de la bonne qualité de leur combustible.

Cette étape expérimentale a, par ailleurs, révélé des pistes d’exploitation non soupçonnées lors de la phase de lancement. C’est ainsi qu’il est envisagé de produire une autre sorte de granule comestible pour le bétail. Dans ce cas, avec un prix de vente modique, l’exploitation serait beaucoup plus rentable selon les projections faites. De même, la production de biocompost comme fertilisant de sols en substitution aux engrais chimiques (dont la nocivité est connue) permettrait la valorisation des plantes ainsi arrachées, tout en engendrant des économies substantielles aux populations en butte à toutes sortes de difficultés. L’autre initiative intéressante est la production d’huile de pourghère (Tabanani/Kîdy) dans cette phase expérimentale du projet, huile qui est utilisée comme biocarburant mélangé au gasoil pour actionner le moteur d’entraînement de la presse servant à la production des granules. Il ressort que ce projet écologique de valorisation de la biomasse en granules combustibles et en compost, tout en assurant le nettoyage des rives du fleuve (meilleure qualité de l’eau, bonne irrigation, écosystèmes favorables à la flore, à la faune et aux humains) va en même temps contribuer à la meilleure gestion de ces plantes envahissantes, à la lutte contre la déforestation (l’abandon du charbon et la culture du pourghère) et surtout à la réduction de la dépendance énergétique des populations locales.

Selon le Dr Abdoualye Fall, chargé de ce projet et coordonnateur du comité technique Energie et Environnement de la société S3IC va, durant une phase transitoire, monter un Gie pour accroître la cadence de production et améliorer les caractéristiques techniques des granules d’une part et d’autre, pour effectuer des tests in situ sur le bio-compost, avant de commencer la troisième phase du projet qui consisterait à organiser les trois principaux produits (c’est-à-dire granules, bio-compost et biocarburant) au sein d’une entreprise rentable. Dans le proche avenir, conclut le Dr Fall, S3IC va diriger ses travaux vers l’utilisation de la typha-nature pour la production de l’électricité.

Auteur: Seydou SALL
Publié le: Lundi 20 Juillet 2009

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