Les femmes du Delta du Saloum, gardiennes d’un patrimoine écologique et actrices du changement ont célébré, ce samedi, la Journée Internationale de la Conservation des Écosystèmes de Mangroves, dans l’île de Marlodj. Elles ont réaffirmé leur engagement indéfectible pour la préservation de cet environnement vital, tout en mettant en lumière leur rôle de pionnières dans la restauration, la gestion durable et la valorisation de la mangrove.
En effet, depuis plus d’une décennie, les femmes du Saloum ne se contentent plus d’exploiter les ressources halieutiques : elles les protègent. Regroupées en Union Locale, elles œuvrent à la replantation de la mangrove, à la sensibilisation des populations, et à la mise en place d’initiatives économiques innovantes respectueuses de l’écosystème.
Les femmes des îles de Marlodj, Marsoulou, Marfafako, Marwandié : souvent invisibles, restaurent, reboisent les terres, défendent les mers, nourrissent les villages. Leur engagement écologique est aussi un combat social, économique et politique.
En cette Journée Internationale de la Mangrove, leur message est clair : "la mangrove, c’est notre vie. C’est notre avenir".
Depuis plus de deux décennies, elles mènent un combat discret mais vital pour la survie des écosystèmes côtiers et la souveraineté alimentaire de leurs communautés. À l’heure où l’exploitation pétrolière menace ces zones sensibles, leur engagement devient un symbole fort de justice climatique.
Mama Ndiémé, animatrice de l’union locale des femmes des îles Marlodj, plante, avec ses sœurs, des propagules de mangrove depuis 1998. Une action silencieuse, répétée, devenue aujourd’hui une résistance.
"Nous ne sommes pas seulement bénéficiaires de projets, nous sommes des actrices, des décideuses. La mangrove, c’est notre vie. Quand tu dis pétrole, tu ne peux pas dire zéro dégâts. Une seule goutte dans notre zone, et c’est toute la mangrove qui est en danger. Nous reboisons pour que le poisson revienne. Pour que les femmes transforment, vendent, élèvent leurs enfants. Parce qu’on n’est pas salariées, on vit de la mer.
Malgré le manque de moyens, ces femmes continuent le reboisement sans relâche. En 2024, elles ont restauré 54 hectares de mangrove, représentant plus de 2,1 millions de propagules plantés. Un effort colossal, sans appui régulier de l’État, mais porté par une foi inébranlable en la terre nourricière.
Ce succès est le fruit d’une gestion collective et de partenariats solides avec l’ONG Lumière Synergie pour le développement (LSD).
Pour Fatou Samba, présidente des femmes transformatrices de Bargny, cette renaissance écologique ne profite pas seulement aux communautés du Saloum. Elle bénéficie à tout le littoral sénégalais, y compris Dakar. Toutefois, elle dénonce les choix politiques contradictoires. Alors que les femmes restaurent l’écosystème, l’État installe des infrastructures industrielles polluantes.
"On voyait des propagules arriver à Bargny sans savoir d’où elles venaient. Maintenant, on sait que c’est ici, à Marlodj, que ça se passe. Ce poisson qui pond ici, il va nourrir des familles jusqu’à la capitale. Au lieu de les soutenir, on implante des plateformes pétrolières qui risquent de tout détruire. C’est incompréhensible", s’exclame Mme Samba.
Les mangroves sont des alliées contre le changement climatique. Elles sont des écosystèmes uniques, assurant la protection des côtes, la séquestration du carbone, la reproduction des espèces halieutiques et la lutte contre la salinisation des terres. Elles abritent des espèces menacées comme le lamantin d’Afrique de l’Ouest ou l’otophère.
Babacar, spécialiste en suivi de projets d’infrastructure, rappelle : "toute cette zone était désertique il y a quelques années. Grâce aux efforts des femmes, on assiste à un véritable reverdissement. Les mangroves reprennent vie. Depuis 2022, l’ONG LSD accompagne les communautés locales dans cette mission, avec un appui logistique pour le carburant, les outils de collecte et de plantation. Son action couvre les localités de Marlodj, Marsoulou, Marfafako, Marwandié.
Auteur: Khady Ndoye
Publié le: Dimanche 27 Juillet 2025
Commentaires (1)
Bravo continuez
Participer à la Discussion