Au retour du Forum international FISA 2025, les assistants et secrétaires de direction du Sénégal tirent la sonnette d’alarme. Le métier de secrétariat, longtemps considéré comme l’un des piliers de la vie administrative, fait aujourd’hui face à une transformation profonde qui inquiète les professionnels du secteur. 

Au terme du forum organisé au Mali par la Fédération africaine des professionnels du secrétariat et des assistants de direction (FAPROSAD), la délégation sénégalaise a lancé un avertissement clair : l’intelligence artificielle (IA) représente désormais une menace réelle et immédiate pour l’avenir du métier.

"Ce que faisaient cinq personnes, une seule peut le réaliser avec l’IA. Nous sommes menacés par l’intelligence artificielle. L’IA améliore la productivité et automatise les tâches, mais cela signifie aussi que des postes disparaîtront. Ce que faisaient cinq secrétaires, une seule personne assistée par l’IA peut désormais le faire. Les autres risquent de perdre leur emploi", alerte Ba Ndèye Awa Mané, présidente nationale des assistants et secrétaires du Sénégal.

Dans les entreprises, les solutions d’automatisation sont de plus en plus utilisées pour générer des courriers, planifier des agendas, gérer des données ou organiser des réunions. Des tâches autrefois essentielles à la profession. Les logiciels intelligents se substituent progressivement aux humains, bouleversant un secteur où les compétences relationnelles et organisationnelles dominaient.

Ainsi, pour Mme Mané, la menace est double : réduction des effectifs dans les services administratifs, baisse de la valeur perçue du métier, désormais considéré comme substituable par un outil numérique.

Cette transformation rapide crée un climat d'incertitude au sein des secrétariats, particulièrement dans les pays africains où les formations à l’IA restent insuffisantes.

L’autre face sombre de l’IA, selon elle, est la vie privée. En effet, au-delà des pertes d’emplois, les secrétaires alertent aussi sur les risques liés à la confidentialité. "Avec l’IA, il devient très difficile de protéger la vie privée des gens. Les données circulent, sont stockées, parfois sans contrôle réel. Nous ne sommes plus à l’abri", avertit Mme Mané.

Elle rappelle que dans les administrations publiques comme dans les entreprises, les secrétaires manipulent quotidiennement des informations sensibles. Ainsi, l’utilisation d’outils numériques non maîtrisés expose ces données à des risques de fuites ou d’intrusion.

Dans les concours professionnels, l’IA s’impose déjà au cœur des débats. Lors de l’édition 2025 du forum, qui rassemblait 15 pays membres de la FAPROSAD, le thème central était révélateur : "Les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle face aux activités du secrétariat".

Les experts présents ont rappelé que la transition numérique doit s’accompagner d’une réforme urgente des formations, sous peine de voir la profession perdre sa place stratégique dans les entreprises.

Madame Mané, membre du jury du concours, confirme : "L’IA a des avantages, mais elle remet en cause notre métier. Si nous ne sommes pas formés, nous serons remplacés." 

Par ailleurs, le Sénégal est revenu du Mali avec une performance historique, en remportant la 2e place du Coffret d’Or, avec Madeleine Badenga.

"En 2023, le Sénégal faisait partie, mais on n'était même pas 10e, tout comme l'année dernière. Cette année, le pays a pris la deuxième place, derrière le Togo, avec un écart minime d'un point. Le Togo a 15, le Sénégal a 14. C'est une première dans l'histoire. Donc il fallait qu'on remercie nos patrons parce que nous sommes une délégation de 38 membres. Dans chaque pays, il y avait trois candidats et c'est obligatoire le coffret, parce que chaque pays doit présenter trois candidats. Cette année, nous avons préparé nos candidats", rappelle Mme Mané.