Photographes et laborantins en détresse : un secteur fragilisé par les charges et la concurrence du smartphone
Le métier de la photographie traverse une crise profonde. Entre la flambée des charges, la chute de la clientèle et la concurrence massive des smartphones, photographes et laborantins peinent désormais à maintenir leurs activités. Dans les laboratoires de tirage, le malaise est palpable : les acteurs dénoncent un secteur abandonné, où chacun tente de survivre tant bien que mal.
Dans les laboratoires, les coûts explosent et les marges se réduisent dangereusement. « Nous payons le personnel, les patentes qui tournent entre 50 000 et 100 000 francs CFA, le loyer qui me coûte 100 000 francs CFA par mois… L’électricité est hors de prix, et les baisses annoncées ne concernent que les ménages vulnérables », déplore un laborantin visiblement découragé. À ces charges fixes s’ajoute l’augmentation du prix des intrants : « Le rouleau de papier photo est passé de 30 000 à 45 000 FCFA. Les charges sont énormes, on ne s’en sort plus. L’État nous a oubliés », poursuit-il. Certains envisagent même l’exil : « À ce rythme, on risque de partir en Gambie ou ailleurs, là où on pourrait mieux s’en sortir ».
La crise fragilise aussi les relations entre laborantins et photographes, partenaires pourtant traditionnellement complémentaires. « Je vends le tirage à 150 FCFA. Ils le revendent à 500 FCFA. Ils gagnent 350 FCFA pendant que nous supportons toutes les charges », regrette un laborantin. Du côté des photographes, la situation est tout aussi alarmante. Khadâ Dansokho constate une érosion rapide de leurs activités : « Le métier ne tient plus. Les téléphones portables nous font perdre d’énormes chiffres d’affaires. Beaucoup de reportages nous échappent à cause des smartphones », témoigne-t-il. Il appelle à une réorganisation du secteur et à un accompagnement réel de l’État pour restaurer une collaboration équilibrée avec les laborantins.
Face à cette crise, certains photographes tentent de se réinventer. Sadio Coulibaly, devenu photographe ambulant, sillonne chaque jour les quartiers à la recherche d’événements. « Je me débrouille tant bien que mal. Il m’arrive même d’aller jusqu’aux sites d’orpaillage », explique-t-il, une adaptation forcée pour faire face à la concurrence des smartphones.
Tous les acteurs s’accordent sur la même urgence : sans organisation collective et sans soutien public, le métier de photographe comme celui de laborantin pourrait disparaître progressivement. Ils appellent à un dialogue renforcé, à une meilleure structuration de la profession et à des mesures d’accompagnement pour sauver un secteur longtemps pourvoyeur d’emplois et de revenus.



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