Calendar icon
Monday 03 November, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Risques environnementaux et sanitaires liés à la mise en exploitation de la cimenterie de Dangote à Pout

Auteur: Communique

image

L’épisode du conflit qui a opposé la société Dangote à la famille de feu Serigne Saliou MBACKE a constitué l’arbre qui a caché la forêt de problèmes environnementaux et sanitaires qui menacent aussi bien les travailleurs, les populations riveraines qu’une bonne partie de la population vivant dans la presqu’île du Cap Vert. En effet, cet épilogue semble avoir détourné l’attention des services techniques et des autorités gouvernementales sur les véritables problématiques liées à la mise en œuvre du projet de cimenterie de la société Dangote.  Cette situation a fait le lit de  manquements  dans les procédures de délivrance des autorisations  de forages d’eau et d’approbation des études environnementales qui ont  entériné les choix technologiques du nouvel opérateur  qui sont basées essentiellement sur des considérations financières au détriment des préoccupations environnementales, sanitaires et de sécurité publique. 

L’action en référé  initiée par les représentants des villages impactés et par l’ONG ARAN basée à Thiès est surtout motivée par ces préoccupations. 

Nous rappelons que l’usine de la société Dangote, installée à proximité de Pout, a construit, pour l’alimentation de son projet de cimenterie, une centrale électrique à charbon de 30 mégawatts qui utiliserait un système de refroidissement par eau (système dit WCC pour water cooled condenser).

Ce système de refroidissement consomme, pour une centrale de cette puissance, 4500 m3 d’eau par jour soit 1.500.000 m3 par an.Ces importantes quantités d’eau seront prélevées dans la nappe maastrichtienne de Pout qui est déjà en surexploitation pour les besoins de l’approvisionnement en eau de l’agglomérationdakaroise. Dans le cadre d’une étude financée par la Banque Mondiale, le Bureau d’études Allemand GKW Consult démontre que le déficit du bilan hydraulique de la nappe maastrichtienneétait de -15, 4 millions de m3 par an en 2009. Les prélèvements de la cimenterie de Dangoteaggraveraient de 10 % ce déficit. Les impacts directs qui en découleront sont : la baisse continue du niveau statique des nappes  et la  remontée de la  nappe salée du maastrichtien inférieur (up coming) qui, comme le démontrent les simulations de l’étude Banque mondiale de COWI–Polyconsult(2002), rendra à plus ou moyen long  terme  l’eau impropre à la consommation humaine voire à l’agriculture.

Lorsqu’on sait que Dangote prévoit à court moyen terme le doublement de ses capacités productives de ciment et d’énergie et donc de sa consommation d’eau qui atteindra le 3.000.000 m3 de prélèvement l’on ne peut que s’inquiéter des graves répercussions sur la disponibilité et la qualité des ressources en eaux souterraines du Maestrichtien qui,rappelons-le, est le principal aquifère du Sénégal occidental.

Hormis cet impact négatif sur la quantité et la qualité des ressources en eaux souterraines, nous voudrions aussi souligner l’existence d’un  risque sanitaire avéré associé aux rejets d’eau tiède à chaude provenant du système de refroidissement  qui favorisent la prolifération  de bactéries pouvant provoquer la légionellose qui est une infection pulmonaire grave, parfois mortelle. 

Les promoteurs de cette cimenterie ne peuvent pas ignorer ces réalités, mais ont certainement préféré ce système WCC qui, d’un point de vue financier est nettement plus avantageux à cause de ses coûts d’investissement, d’installation et d’exploitation qui sont beaucoup plus faibles.Une alternative aurait été un système de refroidissement par air(ACCpour air cooled condenser) quine compromet pas l’approvisionnement quantitatif et qualitatif des populations dakaroises en eau potable et ne comporte pas de risque de développement de bactéries

Aussi, les questions suivantes s’imposent à nous : 

  • Pourquoi et comment la cimenterie Dangote a-t-elle pu avoir l’autorisation d’implanter 2 puis  4 foragesavec des débits aussi importants alors que même la SDE qui approvisionne les populations en eau a été enjointepar la DGPRE de restreindre ses prélèvements dans cette même zone depuis plusieurs années ? 
  • L’implantation des 6 forages de Dangote a-t-elle fait l’objet d’une évaluation environnementale spécifique ? Sinon, pourquoi ? 
  • Pourquoi l’étude des variantes n’a pas analysé la variante système de refroidissement à eau vs système de refroidissement à air ? 
  • Pourquoi l’évaluation environnementale du projet de Dangote ne fait nullement mention des impacts négatifs des pompages sur les ressources en eaux souterraines et le risque de développement de bactéries ?

Ce sont ces mêmes questions qui seront débattues aujourd’hui jeudi 13 novembre 2014 devant le tribunal de Thiès dans le cadre de l’action en référé intentée par les habitants du village de Keur Moussa et défendus par Maître Assane Dioma Ndiaye.

Auteur: Communique
Publié le: Jeudi 13 Novembre 2014

Commentaires (0)

Participer à la Discussion