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Année politique 2025 : Les tops et les flops

Auteur: Thiebeu NDIAYE et Aminata SARR

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Année politique 2025 : Les tops et les flops

Dans le cadre de sa grande rétrospective de l’année 2025, la rédaction de Seneweb passe au crible la scène publique nationale. Pour ce nouveau volet, nous vous présentons notre palmarès politique : un tour d’horizon des personnalités qui ont brillé par leur influence et de celles qui ont marqué l'année par leur retrait ou leurs difficultés.

Les tops

El Malick Ndiaye, le maître des équilibres 

Le Président de l'Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, s’est particulièrement illustrée en 2025. Au-delà de la conduite de la deuxième année parlementaire, il a joué un rôle clé dans l’apaisement du climat social. Il a notamment contribué à la résolution des grèves dans les collectivités locales et servi de médiateur dans la crise universitaire en recevant les responsables des amicales d’étudiants. Mieux encore, le natif de Linguère a joué les bons offices pour favoriser le rapprochement entre ses « frères » Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.

El Malick Ndiaye a aussi réussi des innovations majeures au sein de l’Hémicycle, notamment la mise en place effective du système de vote électronique et le lancement de la chaîne de télévision parlementaire.

Abass Fall : une revanche sur « Barth’ »

Parmi les figures politiques marquantes de l’année 2025 figure inéluctablement Abass Fall. Élu maire de Dakar et installé au mois d’août en remplacement de Barthélémy Dias, le coordonnateur départemental de Pastef à Dakar a connu une ascension fulgurante. Tête de liste victorieuse de Pastef aux législatives du 17 novembre 2024 dans le département de Dakar, il n’ira toutefois pas au terme de la 15e législature. Il a en effet été nommé ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, succédant à Yankhoba Diémé.

Ce dernier a été transféré au ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, poste libéré par El Malick Ndiaye après son élection à la présidence de l’Assemblée nationale le 2 décembre dernier. Pour Abass Fall, il s’agit de l’acte II d’une trajectoire politique relancée après son éviction, en 2023, du poste de premier adjoint au maire de Dakar à l’issue d’un bras de fer avec Barthélémy Dias.

Déthié Fall, la « fusée » !

Dans ce lot, on peut ajouter Déthié Fall, leader du Parti républicain pour le progrès (PRP). Après avoir longtemps été mis sur la touche, ce polytechnicien, réputé très proche d’Ousmane Sonko, a finalement signé son entrée dans le gouvernement à la faveur du dernier remaniement ministériel. Un ministre « du ciel et de la terre », à l'image de Karim Wade sous le magistère de son père.

Depuis son arrivée à la tête du ministère des Infrastructures, l’ancien cadre de Rewmi a apporté des innovations audacieuses. Outre ses visites à 6 h du matin au sein des différentes directions sous sa tutelle, Déthié Fall s’est fait remarquer en relevant de ses fonctions le chef de chantier de l’Ageroute chargé de superviser les travaux sur l’axe Birkilane–Mabo (dont la réception était prévue ce dimanche 7 décembre 2025) et en exigeant son remplacement immédiat. Le limogeage surprise du directeur général de l’Ageroute, quelques jours plus tard, ne semble d’ailleurs pas étranger à cette affaire.

Cette rigueur lui a valu les applaudissements des députés lors du vote du budget de son département, arrêté à plus de 700 milliards F CFA : « Je n’ai besoin de l’argent de personne et je n’accepterai pas que quelqu’un remette en cause ma parole ou retarde mon travail. Je suis payé, et cela me suffit. J’exige une rigueur martiale : les travaux seront faits et bien faits dans les délais, sinon nous prendrons nos responsabilités », a-t-il déclaré. Il a ajouté avec humour à l’endroit de son collègue des Finances : « Il [Cheikh Diba] m’appelle "la fusée" parce qu’il dit que je suis rapide, mais lui aussi l’est ».

TAS et ATS : des voix fortes de l’Hémicycle

Dans les rangs de l’opposition, Thierno Alassane Sall (TAS) et Aïssata Tall Sall (ATS) se sont distingués par leur activisme. Le leader de la République des Valeurs a multiplié les sorties contre la gestion du projet d’électrification rurale Aser–Aee Power EPC. Début octobre, il a entamé une tournée dans les départements de Kébémer et Louga, zones directement concernées, et a déposé une plainte toujours pendante devant la justice. Grâce à ses dénonciations constantes, il est parvenu à rester au premier plan de la scène médiatique.

Quant à Aïssata Tall Sall, elle peut également être classée parmi les personnalités marquantes de l’année. Présidente du groupe parlementaire « Takku Wallu Sénégal » à l’Assemblée nationale — position qu’elle occupe en tant que députée de l’opposition après avoir été reconduite par l’ancien président Macky Sall — ses interventions au sein de l’Hémicycle sont jugées particulièrement pertinentes.

L’avocate est également, depuis octobre 2025, première vice-présidente du Réseau parlementaire du FMI et de la Banque mondiale. Dans cette fonction internationale, elle travaille aux côtés du président Sven pour influencer les politiques financières mondiales en faveur de l’emploi et de la croissance.

Les Flops

« Diomaye moy Sonko » : un clonage pas si parfait !

C’est sans conteste le fait politique le plus marquant de l’année 2025. Les frictions du tandem Diomaye-Sonko à la tête de l’État ont tenu le pays en haleine. Au Sénégal, en Afrique et bien au-delà, les divergences retentissantes entre le Premier ministre (et président de Pastef) Ousmane Sonko et son poulain devenu chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, font les choux gras de la presse internationale, qui s'interroge encore sur les soubassements réels de cette brouille.

Beaucoup sont convaincus que les bisbilles autour de la restructuration de la coalition « Diomaye Président » ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les divergences de vues entre les deux acteurs du « Projet » avaient déjà engendré une tension latente, finalement dévoilée par Ousmane Sonko lors d'une sortie le 10 juillet où il a exprimé son mécontentement. En définitive, le slogan « Diomaye moy Sonko » a laissé place à une cohabitation pesante, dans un contexte économique difficile.

Idrissa Seck : le lourd silence du prince sans couronne

Entre Idrissa Seck et le pouvoir, c'est le jeu du « suis-moi, je te fuis ». L’ancien Premier ministre, qui convoite le fauteuil présidentiel depuis 2007, semble s’être résigné après l'accumulation des revers (2007, 2012, 2019, 2024). Après avoir essuyé une énième défaite lors de la présidentielle de mars 2024 (0,90 % des voix), le « prince du Cayor » s’est complètement éclipsé. Aucune apparition publique en 2025 !

Au même moment, son parti, Rewmi, se vide de ses cadres. Même les plus fidèles, à l’instar de l’ancien chargé des relations avec la presse Pape Abdou Mané, ont fini par quitter le navire en plein naufrage.

Amadou Ba : un chef de l’opposition qui ne s’assume pas

Arrivé deuxième lors de l'élection présidentielle de mars 2024, l’ancien Premier ministre Amadou Ba a laissé le siège de chef de l’opposition vacant par son inaction. Ceux qui pensaient que le technocrate effacé avait franchi un palier en lançant son parti, « Nouvelle Responsabilité », ont vite déchanté. La tête de liste de la coalition « Jàmm ak Njariñ », forte de 7 sièges à l’Assemblée nationale, observe le débat politique en spectateur. Il laisse ainsi le champ libre à Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum et une multitude de chroniqueurs. Beaucoup lui reprochent un positionnement ambigu vis-à-vis de ses anciens collègues des Impôts et Domaines, suggérant que des considérations corporatistes freinent son engagement.

Aminata Mbengue Ndiaye (PS) : un intérim « illimix »

Le Parti socialiste (PS) décline à l’image des « dinosaures » politiques qui incarnent encore sa direction. On espérait que l’avènement de Bassirou Diomaye Faye (45 ans), plus jeune président de l’histoire du Sénégal, insufflerait un vent de rajeunissement dans les partis traditionnels. Si d'autres formations, comme l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse, se sont ajustées avec l’élection de Mbaye Dione, le PS a raté le coche.

Nommée secrétaire générale par intérim depuis le décès d’Ousmane Tanor Dieng en juillet 2019, Aminata Mbengue Ndiaye (75 ans) semble s'éterniser à son poste. Cette situation a poussé de nombreux jeunes cadres à claquer la porte. D’autres, réunis autour de « l’Initiative pour la Refondation du Parti Socialiste », ont tenté une fronde judiciaire pour contester la légitimité de la direction, mais leur recours a été rejeté. L’ex-présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) poursuit ainsi son « intérim illimix ».

Auteur: Thiebeu NDIAYE et Aminata SARR
Publié le: Jeudi 25 Décembre 2025

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