Attaques du PM, pression sur la justice : Le réquisitoire de juge Dème et la réplique de Me Tall (Pastef)
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, nourrit un ressentiment profond contre l’institution judiciaire qu’il ne cesse d’attaquer. Lors d’une sortie récente, l’ancien opposant farouche du régime de Macky Sall a accusé des magistrats de « comportements partisans » et a appelé à un « nettoyage en profondeur de la justice ». Des propos qui ne cessent de susciter le tollé.
Lors de la journée nationale de réflexion Agora/Pënc organisée par AfrikaJom Center, le mardi 16 décembre 2025, et consacrée à l’état de la démocratie sénégalaise, le magistrat démissionnaire, le juge Ibrahima Hamidou Dème, a réagi aux propos du PM s’étonnant du mutisme bruyant des hauts magistrats,, notamment les chefs de juridiction.
« Quand le Premier ministre attaque l’institution judiciaire, c'est l’occasion pour les présidents de juridiction et l’organisation des magistrats (l’UMS) de sortir pour la défendre », lâche-t-il. Avant d’ajouter : « On nous raconte une anecdote au temps du juge Kéba Mbaye. Un ministre avait attaqué un juge. Kéba Mbaye a demandé une audience au chef de l’État et est allé exiger des sanctions contre l’auteur de ces attaques. Ce qui a été fait le jour même. »
Un réquisitoire que l’avocat et membre de Pastef, Me Abdoulaye Tall, qui participait au panel, n’a pas laissé passer. Apportant la réplique à son confrère juriste, le député n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. « Il n’y a pas plus grave attaque contre la magistrature qu’un magistrat qui dit ‘j’ai démissionné d’une justice qui a démissionné’ », rétorque-t-il.
Un conseil supérieur de la justice pour remplacer le CSM
S’il y a un point sur lequel les deux acteurs ont une parfaite convergence de points de vue, c'est sur la question de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature. Selon eux, la présence du président de la République ne saurait être une entrave au bon fonctionnement et à l’indépendance, si le mode de désignation des magistrats était sans équivoque.
Le juge Dème propose, à ce propos, que le choix se fasse par « appel d’offres » et que les nominations soient à durée déterminée, « un mandat ». « Celui qui a été désigné sur appel d’offres et occupe un poste pour quatre ans non renouvelables, il sera moins exposé à des pressions », souligne le juge Dème qui demande l’ouverture du Conseil supérieur de la magistrature.
« Les magistrats rendent la justice, mais elle ne leur appartient pas. La justice est rendue au nom du peuple. Dès lors, le CSM doit être ouvert à d’autres représentants du peuple », déclare-t-il.
Appuyant la position du juge Dème, Me Tall annonce qu’un paquet de réformes -issues des assises de la justice - est dans le pipeline du gouvernement et la question de l’élargissement du CSM y figure.
« Le CSM deviendra le Conseil supérieur de la justice (CSJ). Puisque la magistrature appartient aux magistrats, le CSJ appartient au peuple, car la justice est rendue à son nom » renseigne Me Tall.
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