Le deuxième tour de l’élection à la Présidence de la République du 25 mars 2012 est en passe de devenir, pour le candidat de la coalition Macky 2012, qui s’est muée sans crier gare en coalition Benno Bokk Yakaar, l’occasion de devoir faire toutes promesses, de devoir prendre toutes sortes d’engagements, espérant ainsi rallier à sa cause le plus d’électeurs. L’élection présidentielle étant un moment déterminant pour le devenir d’une Nation, tout candidat, quel que soit son désir d’accéder à la fonction suprême, se doit d’être véridique, d’éviter de verser dans la démagogie, de promettre tout et n’importe quoi.
Aujourd’hui, force est de reconnaître que les masques tombent, car à force d’être obnubilé par le souci d’être président quoi que cela coûte, les Sénégalaises et les Sénégalais, chaque jour qui passe, découvrent l’amateurisme, la désinvolture et le manque de rigueur et de ce qui caractérise le candidat de la coalition BBY et cela pour plusieurs raisons.
Qu’est ce qui lui tient lieu de programme ? A l’analyse des trois semaines de campagne du premier tour, on n’a pas, une seule fois, vu, lu ou entendu le candidat de la coalition Macky 2012 décliner un programme clair et cohérent qui permette d’avoir espoir quant à sa capacité à conduire les destinées du pays. Dans toutes les zones et localités où il est passé, ce qui tient lieu d’engagements et de promesses de sa part ne sont que des actions tirées de la longue liste de projets et programmes soit déjà entamés par le Président Abdoulaye WADE, soit pour lesquels toutes les études préalables sont bouclées et les travaux en instance de démarrage, soit pour lesquels les financements sont en phase de bouclage final, qu’il s’agisse des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, aériennes, hydrauliques, énergétiques, sanitaires, éducatives, sportives, culturelles, d’assainissement, d’aménagement du territoire et d’habitat social, etc.
Monsieur Macky SALL, à travers les différentes fonctions qu’il a exercées sous l’autorité du Président Abdoulaye WADE, sait pertinemment que tous ces programmes ont été pensés, planifiés dans une perspective de moyen et long termes, et sont en train d’être rigoureusement mis en œuvre avec des résultats visibles partout, ce qui fait qu’à aucun moment, le bilan du Président WADE n’a fait l’objet d’attaque par un quelconque autre candidat.
L’éthique et la décence politiques auraient voulu qu’il reconnaisse qu’en cette manière, il est difficile de prétendre faire mieux qu’Abdoulaye WADE. L’arrimage au train des assises nationales en triple détente Faute de programme, Macky SALL s’accroche, comme une bouée tombée du ciel, aux conclusions des assises nationales. Malheureusement, cette lueur se transformera vite, pour toutes les parties, en un leurre. Jugez- en ! 1. Après avoir voué aux gémonies les assisses nationales, après les avoir qualifié de démarche subversive et d’attitude portant atteinte aux Institutions de la République pendant tout le temps qu’il était aux affaires, Macky SALL a subitement trouvé le cadre de assises partiellement fréquentable , en adhérant aux conclusions de façon partielle, c'est-à-dire en y atterrissant comme membre mais avec des réserves sur un certain nombre de point et en se démarquant de la démarche consensuelle proposée autour du fameux slogan, aujourd’hui passé de mode : « Pas d’élection présidentielle avec Wade comme candidat ».
Fait marquant, c’est sa démarche fractionniste du premier tour qui a été longuement stigmatisée par ses futurs « alliés ». 2. Pour aborder le virage du deuxième tour, Macky SALL, subitement, trouve dans les assises nationales le cadre de son militantisme et de son engagement politique de tous les temps, reniant ses fraîches convictions d’hier, ravalant ses propos et déclarant adhérer sans réserve aux conclusions et à toutes propositions des assises, au point de semer des doutes dans la tête de certains partisans authentiques des assises qui, légitimement, trouvent suspect une telle attitude.
Pour plusieurs raisons, le cocktail sera explosif. En définitive, quelle est la nature du régime proposé aux Sénégalais Macky SALL, pendant l’entre deux tour, a souscrit à instaurer la nature du régime proposé par les assises à savoir un régime parlementaire. Mais en même temps, la duperie l’amène, lors de ses sorties et allocutions à parler de régime présidentiel allégé. Tout récemment, un de ses fidèles lieutenants, en l’occurrence Monsieur Mbaye NDIAYE, a clairement donné la position de son candidat : « L’instauration d’un régime parlementaire n’est pas un engagement contenu dans notre programme ». Visiblement, sans conviction, on cherche à ménager la chèvre et le chou, en attendant … A défaut d’un Programme économique et social cohérent, un catalogue de promesses est servi aux Sénégalais Gouverner un pays comme le Sénégal d’aujourd’hui suppose un projet de société porté par une vision, qui ne saurait être un simple slogan. Il suppose une analyse profonde de l’état des lieux des différents secteurs de la vie de la Nation pour se faire une idée exacte et de se projeter sur l’avenir avec l’ambition d’un futur meilleur. Bien entendu, pour cela, il faut de l’expérience, du vécu.
Macky SALL rassemble des doléances et plaintes des citoyens et prétend construire, à partir de là, ce qui va porter le Sénégal sur la rampe du développement économique et social. Ce qui tient lieu de programme chez lui n’a pas de prise sur la réalité des faits et des enjeux du contexte mondial, africain, régional, national et même local. Il est illusoire de penser bâtir un pays sur la base d’un simple catalogue de doléances et d’intentions. Un programme économique et social, c’est une vision, des stratégies, des politiques et programmes, des projets rigoureusement étudiés, planifiés et discutés avec les partenaires de la communauté internationale, avec des financements bouclés et des plans d’exécution arrêtés. Tout cela est inexistant dans ce que propose le candidat Macky SALL. Tout cela est contenu dans le programme du Président Abdoulaye WADE, est en train d’être mis en œuvre et continuera d’être déroulé pour l’édification d’un Sénégal prospère où chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais pourra s’épanouir.
Le Président Abdoulaye WADE a, au cours de ces douze dernières années, bâti les fondements du véritable développement du pays, et se projette d’engager le prochain mandat sous deux auspices : d’une part consolider les bases du développement en terminant les nombreux chantiers engagés partout dans le pays, d’autre part engager la lutte résolue pour l’amélioration du pouvoir d’achat des populations, la réduction du coût de la vie et l’éradication progressive de la pauvreté, tout en ne compromettant pas les chances du pays et de l’économie d’être de plus en plus performants. Sur ces deux plans, les promesses faites par Macky SALL aux différentes couches et catégories sociales sont, soit des reprises de projets et programmes du Président Abdoulaye WADE déjà ficelés, pour certains en cours de mise en œuvre, pour d’autres en phase de démarrage et dont il a eu connaissance de par sa proximité passée sans avoir eu l’engagement et la générosité d’œuvrer à les diligenter, soit de promesses utopiques et irréalisables au regard des réalités de l’environnement économique mondial actuel.
1. Les différents projets d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, sanitaires, éducatives, qu’il a énoncés ne sont que le prolongement de la politique révolutionnaire de mise à niveau des infrastructures que le Président WADE a lancé depuis 2000 et qui a permis de faire le rattrapage d’un retard de plus de 20 ans. Ces infrastructures pourtant si décriées au départ sont aujourd’hui le socle qui porte toute la dynamique de notre pays. Parce qu’elles ont permis de désenclaver toutes les régions, de démocratiser l’accès à la santé, à l’éducation, à l’eau, aux opportunités économiques et de donner un contenu réel à l’intégration économique sous régional, etc.
2. Au plan de l’énergie, comment prétendre faire mieux que le Plan Takkal ? La question de l’énergie a longtemps été le ventre mou de la politique économique et social du Gouvernement Abdoulaye WADE à cause du lourd legs du régime socialiste en termes, non seulement de vétusté du parc de production, de transport et de distribution jamais renouvelé, mais également du schéma institutionnel de gestion du secteur inadapté trouvé sur place en 2000. Malgré le passage de Macky SALL à la tête du département de l’énergie et ensuite comme Premier Ministre, les délestages ont toujours prévalu, avec leurs lots de désagréments pour l’économie et pour les populations. Il a fallu l’avènement de l’ambitieux Plan Takkal qui, avec plus de 600 milliards de francs Cfa injecté dans le secteur, au lieu d’être une simple réponse conjoncturelle, a jeté les bases d’une restructuration en profondeur du secteur énergétique apportant ainsi une solution définitive à l’épineuse question de la fourniture énergétique, parce qu’il aura résolu les problèmes liés au renouvellement du parc, à la diversification des sources de production, à l’apurement des dettes cumulées et à la recapitalisation des sociétés constituant les piliers du secteur (SAR, Petrosen, Senelec).
Prétendre faire mieux que le Plan Takkal sur la base de quelques projets d’investissements non articulés ne serait que pure illusion, sauf à vouloir améliorer les acquis du Plan Takkal sur la base des projets déjà ficelés dudit Plan. 3. Au cours de la campagne du 2ème tour, l’engagement d’une baisse des prix des denrées de première nécessité est devenu le leitmotiv du candidat Macky SALL, qui contre vents et marées, a promis de baisser les prix du riz, de l’huile, du sucre, etc. La vérité doit être rétablie pour que nul n’en ignore et tous soient édifiés. Macky SALL propose de vendre le riz parfumé à 300 Fcfa le kilo, à 250 Fcfa le kilo du riz non parfumé, à moins de 1.000 Fcfa le litre d’huile, à 550 Fcfa le kilo de sucre. Prétendre baisser les prix de ces denrées aux niveaux annoncés relève de la volonté de tromper le Peuple.
En effet, plusieurs facteurs militent en faveur de cette impossibilité : d’une part l’importation et la commercialisation du riz n’est pas du ressort de l’Etat ; il s’agit d’une activité totalement libéralisée, même si elle est par ailleurs, pour des raisons sociales surveillée par l’Etat ; jusqu’ici la seule marge de manœuvre dont dispose le Gouvernement se limite à sa fonction de stabilisation pour éviter une non répercussion des baisses sur le prix en cas de baisse des cours mondiaux. Or, lorsqu’on regarde les tendances mondiales, avec les perturbations climatiques intervenues dans les grands pays producteurs (Inde, Indonésie, Thaïlande) et l’appétit de l’ogre chinois qui importe de plus en plus de riz sur le même marché, il ya fort à parier que la tendance à l’augmentation des prix n’est pas prête de s’estomper.
Ce que Macky SALL ignore certainement, c’est que seuls 4% de la production mondiale de riz fait l’objet d’échanges internationaux. Et même ce pourcentage est en train d’être réduit du fait que les pays qui le mettaient sur le marché mondial en ont de plus en plus besoin pour leur consommation intérieure. La politique d’autosuffisance en riz engagée depuis 2000 et accentuée depuis la crise de 2008, avec l’aménagement progressif de terres rizicoles dans les différentes parties du pays et la disponibilité des intrants constituent la véritable réponse endogène. Pour ce qui est de l’huile, jusqu’ici une simple volonté de baisse est annoncée avec un niveau de prix, sans que le mode opératoire ne soit présenté à l’opinion. Toute leur stratégie tournerait autour de la promotion de la trituration locale par le procédé du « ségal ».
C’est déjà ne pas connaître la réalité du secteur que de penser promouvoir le Ségal alors que depuis bientôt 2 ans la politique du Gouvernement a permis l’implantation de plusieurs industries de trituration traditionnelle, notamment dans la zone de Touba, avec une totale maîtrise des risques liées à l’aflatoxine grâce aux travaux de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA) qui a mis au point un procédé de neutralisation de l’aflatoxine, ouvrant ainsi des perspectives de production d’huile de bonne qualité à des prix accessible. Dès lors, une analyse lucide et sans complaisance de la structures des prix des différents produits permet de se rendre compte que les niveaux de baisse annoncé ne sont que purs propos électoralistes.
Professeur Iba Der THIAM Président de la Commission de Réflexion et de Suivi sur le 2ème tour
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