Ils étaient deux camarades de parti. Ils sont devenus des adversaires politiques notamment à Rufisque. Oumar veut massifier son mouvement Vrp dans la vieille ville au profit de Macky Sall alors que le porte-parole de Rewmi, Abdourahmane Diouf compte se battre au profit de Idrissa Seck. Diouf prendra-t-il la revanche de Idy sur Guèye ? On se dispute  le leadership local.

Le choix est loin d’être dénué de sens. Il pue la défiance, la provocation à l’endroit d’un ancien camarade de parti devenu l’adversaire à combattre dans la ville de Rufisque. En choisissant d’annoncer sa rupture avec Rewmi dans la vieille cité à l’histoire politique se confondant avec la colonisation, Oumar Guéye se targue de son manteau d’ancien coordonnateur départemental de ce parti ; poste dont il a été déchu au profit d’un Rufisquois en l’occurrence le  porte-parole des Orange, Dr Abdourahmane Diouf. En créant le Vaste rassemblement pour le progrès- ou pour le Président- (Vrp) dimanche dernier, l’ancien président du Conseil rural de Sangalkam était entouré des responsables locaux de l’Alliance pour la République (Apr). Ces derniers l’ont battu dans le département lors de la Présidentielle de 2012. Car qui gagne la commune de Rufisque gagne le département. Or, Oumar Guéye a été acculé dans son village de Sangalkam où l’électorat reste anecdotique par rapport au bassin électoral (troisième du pays) que constitue la ville de Rufisque. Mieux encore, les Libéraux ont remporté le scrutin dans deux villages qui partagent la commune avec  Sangalkam. Sans oublier qu’il a perdu les trois autres collectivités locales nées du découpage administratif du fief du désormais ministre du Tourisme et des Transports aériens. C’est dire qu’en étant patron départemental de Rewmi de sa création à l’arrivée de Abdourahmane Diouf, cet ancien Socialiste (puis libéral) n’a jamais remporté un scrutin dans la ville de Rufisque, bastion de dinosaures politiques d’une envergure plus coriaces, où le fait d’être un habitant d’un village périphérique est loin d’être un atout politique. Mbaye Jacques Diop ou encore Cora Fall, avant Ndiawar Touré y ont régné en roi. L’histoire de cette ancienne commune coloniale montre que la chance électorale ne sourit guère aux hommes politiques en manque d’ancrage familial dans la vieille cité.

Abdourahmane Diouf pour la revanche de Idy ?

Cependant, Oumar Guèye a une valeur ajoutée qu’il peut mettre à la disposition des responsables locaux de l’Apr qui ne manquent pas d’ambition, histoire de faire un clin d’œil à Macky Sall. En effet, son patrimoine foncier et ses moyens financiers pourront servir au cours de la prochaine campagne présidentielle de 2017. Faute d’un ancrage national et même départemental, le Vrp se contentera de sa dimension rurale, dans Sangalkam et environs. Quant à son challenger Abdourahmane Diouf, il est un Rufisquois de naissance. Dépourvu d’un passé politique dans cette vieille ville, le porte-parole de Rewmi prendra du temps pour marquer son territoire d’autant qu’il n’a pas de titre foncier ou d’enveloppes à partager. Toutefois, l’homme attire des sympathisants. Son discours et sa virginité politique ne sont que quelques atouts visibles qui ne manqueront pas de séduire dans une localité comme Rufisque marquée par la transhumance et la perte de vitesse de ses hommes politiques. S’il parvient à s’imposer dans la ville de Mame Coumba Lamb, Idrissa Seck pourra oublier les modestes scores que son ex-ami lui offrait à Sangalkam. Lesquels ont été toujours insuffisants pour faire de lui un présidentiable.