Thierno Bocoum appelle les nouvelles autorités à éviter la « justice des vainqueurs »
Invité de l’émission Le Jury du Dimanche sur Iradio, Thierno Bocoum, président du mouvement Agir, a manifesté sa désolation sur « le sort de la liberté d’expression » et a vivement mis en garde contre une « justice des vainqueurs ». L’ancien député appelle les nouvelles autorités à faire preuve de hauteur morale et de sens républicain.
La liberté d’expression, « première ligne de défense »
Pour Thierno Bocoum, la liberté d’expression constitue la première ligne de défense de toute démocratie. Il a mis en garde contre tout réflexe autoritaire qui, sous couvert d’ordre public ou de moralisation, pourrait restreindre la parole critique. « La liberté d’expression n’est pas un privilège accordé par le pouvoir, c’est un droit inaliénable du citoyen », a-t-il rappelé.
L’homme politique estime qu'une démocratie se mesure à la capacité de ses institutions à tolérer la contradiction. Il a lancé, dans une allusion claire aux critiques récentes : « On ne peut pas combattre la censure hier pour la pratiquer aujourd’hui. » Il invite les acteurs politiques et les citoyens à défendre ce droit, y compris lorsque la parole dérange.
Abordant la question de la gouvernance et de la justice, Thierno Bocoum a insisté sur le danger d’une instrumentalisation du système judiciaire à des fins politiques. « La justice des vainqueurs est le début de la fin de l’État de droit », a-t-il averti.
Soulignant que le Sénégal sort d’une période de tension où la justice a souvent été perçue comme un instrument de règlement de comptes, il appelle à rompre avec cette logique et à garantir l’indépendance totale de la magistrature. « Si le pouvoir actuel veut marquer une vraie rupture, c’est sur ce terrain qu’il doit le faire : en laissant la justice juger selon le droit, non selon les humeurs du pouvoir », a-t-il ajouté.
Selon lui, le peuple sénégalais a voté pour un changement de gouvernance, « pas pour une revanche politique ». Thierno Bocoum a conclu en insistant sur le fait que gouverner après une alternance, « c’est résister à la tentation de faire ce qu’on a reproché à ses prédécesseurs », pour garantir la stabilité et l’unité nationale.
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