La réforme foncière, annoncée en Conseil des ministres, risque d’installer une ségrégation au Sénégal. C’est du moins la conviction du professeur Ibrahima Fall qui intervenait, hier, sur les antennes de Walf Tv au cours de l’émission Opinion. Avec la transformation des baux en titres fonciers au bénéfice des hôteliers et de ceux qui font l’agro-business, le fondateur du mouvement Taxaw Tem dit redouter une situation de dépossession aujourd’hui ou demain, avec tous les risques. «Nous sommes en train de préparer, dans ces conditions, la situation qui existait il y a un siècle lorsqu’en Afrique du Sud les Boers ont décidé de s’accaparer de toutes les bonnes terres et de renvoyer les nationaux sud-africains vers les terres les plus pauvres. C’est ce qui s’est passé également au Zimbabwe», met en garde Ibrahima Fall. Le candidat malheureux à la dernière présidentielle de mars 2012 s’empresse d’ajouter : «Si cette situation annoncée se matérialise, nous préparons une situation pareille. Ce qui est extrêmement grave aujourd’hui et encore plus grave demain. Nous allons priver les générations à venir de leur souveraineté sur la terre. Si le régime actuel continue dans cette logique, il prépare un désastre pour le pays. C’est de l’ultra libéralisme. C’est de la dépossession. C’est du bradage et c’est de l’accaparement des terres.»
Cette réforme foncière, qui doit commencer dans les zones touristiques de Saly et de Nianing, prévoit la transformation des baux et des permis d’occuper du domaine national en titres fonciers. Avec cette réforme, les terrains seront vendus par l'Etat entre cinq et 10 mille francs Cfa le M2. Et le trésor public espère engranger sur toute l'étendue du territoire national pas moins de 1 500 milliards de francs. Mais, Ibrahima Fall, lui, s’oppose à cette opération foncière. Et il prévient contre la faillite délibérément organisée par certains bénéficiaires de ces terres. «Si vous vendez des dizaines ou des centaines d’hectares à un hôtelier, demain il va organiser sa banqueroute, vendre toute la terre et partir», avertit le leader de Taxaw Tem.
Dans un autre registre, le fondateur du mouvement Taxaw Tem, qui tient à «garder sa liberté de jugement», même s’il a activement soutenu le président Macky Sall, doute de la capacité de ce dernier à créer 500 mille emplois par an, comme il l’a promis pendant la campagne électorale de la présidentielle de 2012. «500 mille emplois, c’est une moyenne de 100 mille emplois par an si Macky est là pour cinq ans. Mais faites quand même le constat : nous sommes bien loin de ça», lance Ibrahima Fall dubitatif. Qui est, par ailleurs, d’avis que si Macky Sall a senti le besoin de changer son équipe quelques mois après la formation du gouvernement, c’est parce qu’il doute de la compétence de certains de ses hommes.
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