Burkina Faso: le gouvernement va rétablir la peine de mort
Le gouvernement du Burkina Faso va rétablir dans son code pénal la peine de mort qui avait été abolie en 2018, a indiqué ce jeudi 4 décembre le Conseil des ministres.
La peine de mort n'avait plus été appliquée depuis 1988, et elle avait été abolie trente ans plus tard sous la présidence de Roch Marc Christian Kaboré. Ce 4 décembre, le Conseil des ministres burknabè a décidé de la rétablir "pour un certain nombre d'infractions que sont la haute trahison, les actes de terrorisme, les actes d'espionnage, entre autres", a précisé le service d'information du gouvernement burkinabè.
L'adoption de ce projet de loi (sur la réforme du code pénal) s'inscrit dans la dynamique des réformes globales du secteur pour une justice qui répond aux aspirations profondes du peuple", a expliqué le ministre burkinabè de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, cité par le service d'information du gouvernement.
Le texte, qui doit être validé par l'Assemblée législative de transition, créée par le gouvernement militaire, "sanctionne" également "la promotion et les pratiques homosexuelles et assimilées". En septembre, pour la première fois, le pays avait adopté une loi prévoyant des peines pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison pour les "auteurs de pratiques homosexuelles." Le Burkina rejoignait alors la liste de plus de la moitié des 54 États africains qui ont adopté des lois condamnant l'homosexualité avec des peines allant de plusieurs années de prison à la peine de mort.
Ces lois, critiquées à l'étranger, rencontrent une certaine faveur populaire dans ces pays où les habitants et des hommes politiques critiquent l'homosexualité en arguant qu'il s'agit d'un comportement venant de l'étranger et non pas une orientation sexuelle. À l'époque, Edasso Rodrigue Bayala avait qualifié l'homosexualité de "comportement étrange".
D'après Amnesty International, des condamnations à mort ont été prononcées dans 14 pays d'Afrique subsaharienne en 2024, soit "une baisse de 10%". Le nombre d'exécutions recensées dans la région a aussi "diminué de 11%", indique l'ONG dans son rapport 2024, ajoutant que "la Somalie a été le seul pays de la région dont on sait qu'il a procédé à des exécutions", pour la deuxième année consécutive.
Outre le Burkina, la République démocratique du Congo a prévu "de reprendre les exécutions et de rétablir la peine de mort pour les crimes de droit commun, tandis que le Nigeria a pris des mesures pour que les infractions liées aux stupéfiants soient passibles de la peine capitale", explique Amnesty.
Le Burkina Faso est miné dans de larges pans de son territoire par les attaques de groupes armés djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique depuis une dizaine d'années. La gouvernement militaire réprime régulièrement les voix qui la critiquent, notamment à propos de la situation sécuritaire qui s'est dégradée depuis son arrivée au pouvoir.
Des ONG comme Human Rights Watch (HRW) et Reporters sans frontières (RSF) accusent le régime d'utiliser l'enlèvement comme moyen de répression des voix critiques.
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